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CONVERT PASCAL (1957- )

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Une esthétique de la trace

À la même époque, en 2007, Pascal Convert choisit un autre média, le livre, et précisément la biographie historique, pour rendre hommage à Joseph Epstein (Colonel Gilles), responsable des FTP (Francs-tireurs et partisans) d'Île-de-France, fusillé au Mont-Valérien en 1944. Dans le cadre de cette recherche, l’artiste réalise aussi un documentaire, Joseph Epstein, bon pour la légende, et deux sculptures, l’une en cire – Lettre au fils – et la seconde, Le Temps scellé. Cette dernière est en cristal, matériau auquel l’artiste a maintes fois recours pour envelopper des formes et objets existants en leur donnant un statut paradoxal, fragile et solide à la fois, puisque le cristal peut se briser mais protège aussi l’objet premier qui y est inclus, comme dans la série des Cristallisations depuis 2010. Si Pascal Convert poursuit dans cette veine historique en consacrant en 2011 un film documentaire et un livre à la vie de Raymond Aubrac, héros de la Résistance (1914-2012) et inlassable témoin de cette période héroïque de l’histoire récente, son travail accompli à partir de 2016 sur les Buddhas de Bāmiyān (environ ve et vie siècles), chefs-d’œuvre patrimoniaux anéantis en 2001 par les talibans en Afghanistan, s’oriente dans une direction fort différente et prend une ampleur tout autre.

C’est à la reconstitution en vidéo et en 3D, « l’empreinte photographique » comme il le dit, de cet ensemble monumental afghan, que s’attelle Pascal Convert, autant pour témoigner de sa beauté ancienne que de la barbarie de sa destruction récente, symbole des violences qui secouent le monde depuis le début du xxie siècle. Ce projet – proposé mais non retenu pour le pavillon français de la Biennale de Venise de 2016 – a finalement vu le jour au Fresnoy-Studio national des arts contemporains et a fait l’objet d’une exposition au Musée national des arts asiatiques-Guimet (17 octobre 2018-28 janvier 2019). Il marque le point d’orgue d’une ambition plastique multiforme qui donne depuis près de trois décennies une valeur cardinale à l’homme, à sa capacité à résister à tout ce qui le nie et blesse sa dignité, dans sa réalité, dans sa fragilité.

Georges Didi-Huberman a consacré à l’œuvre de Pascal Convert plusieurs essais, parmi lesquels La Demeure, la souche (1999) et Sur le fil (2013).

— Paul-Louis RINUY

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

Classification

Pour citer cet article

Paul-Louis RINUY. CONVERT PASCAL (1957- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 07/12/2018

Média

Pascal Convert - crédits : Jean-Francois Paga/ Opale/ Leemage

Pascal Convert

Autres références

  • L'EMPREINTE (exposition)

    • Écrit par
    • 1 442 mots

    L'exposition L'Empreinte a proposé, après L'Informe, une autre approche de la modernité : ces deux manifestations se sont déroulées à une année d'intervalle au Musée national d'art moderne. Chacune était accompagnée d'un livre qui fait partie intégrante de l'...

  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

    • Écrit par
    • 8 011 mots
    • 4 médias
    ...images emblématiques du conflit qui opposa les Serbes et l’Armée de libération du Kosovo de l’ancienne Yougoslavie nommé guerre du Kosovo (1989-1999), Pascal Convert invente en recourant à la résine blanche et au cuivre une image en creux, une empreinte de la scène qui déréalise le référent tout en...