CONVERT PASCAL (1957- )
Pascal Convert, né le 29 décembre 1957 à Mont-de-Marsan, est un artiste français internationalement reconnu, qui vit et travaille à Biarritz. À la fois plasticien, sculpteur, vidéaste, auteur de films et écrivain, il fut pensionnaire à la Villa Médicis à Rome en 1989-1990 et a été, depuis cette période, le lauréat de nombreuses commandes publiques en France. S’il utilise des procédés formels d’une grande diversité et joue souvent des interférences et transpositions entre les différents médias, ce ne sont pas tant les questions stylistiques et formelles – ou les modalités de réalisation de ses œuvres – qui le caractérisent que l’ambition humaine, morale et politique de son travail qui revient sur la question dela mémoire, de l’oubli, et sur celle de la responsabilité de l’homme dans l’histoire.
Le temps des images
La notoriété lui est venue avec un Bas-reliefréalisé en cire, résine et cuivre (1999-2000), appelé aussi Pietà du Kosovo. Cettesculpture expressive par son dépouillement s’inspire d’une photographie de presse due à Georges Mérillon, Veillée funèbre au Kosovo, réalisée en janvier 1990 à la suite de la mort de quatre jeunes Kosovars tués par des policiers serbes. Cette réflexion sur le pouvoir des images (comment les regarder ? quelle est leur dimension politique, culturelle ?) s’est poursuivie avec la Madone de Bentalha (2001-2002, cire polychrome) et la Mort de Mohamed Al Dura (2002-2003, cire), respectivement inspirées par une photo de Hocine Zaourar et des photogrammes d’une vidéo de Talal Abou Rahmeh. Ces trois œuvres sont conservées au musée d’art moderne Grand-Duc Jean (Luxembourg).
En 2002, dans le cadre d’une commande de l’État français à l’initiative de Robert Badinter, Pascal Convert est invité à réaliser un Monument à la mémoire des résistants et otages fusillés au Mont-Valérien entre 1941 et 1944. Il choisit un symbole simple, la forme d’une cloche de grand format en bronze posée à même le sol, sur laquelle sont inscrits les mille et quinze noms des victimes. L’artiste complète cette invention sculpturale par la réalisation d’un film plus personnel, à vocation documentaire, Mont-Valérien, aux noms des fusillés, qui poursuit le travail de mémoire du monument par des voies différentes : « Une œuvre d’art n’a pas pour fonction d’expliquer l’histoire, affirme-t-il, elle dégage une puissance d’évocation qui se suffit à elle-même. Un film remplit un autre rôle. […] Je voulais donner un visage à ces héros oubliés, raconter d’où ils venaient et qui ils étaient. »
C’est avec un procédé radicalement différent que Pascal Convert entreprend en 2008 la réalisation d'un ensemble de vitraux pour l'abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois (Loire-Atlantique). Cette commande de l’État destinée à un lieu de culte catholique lui fournit l’occasion de redonner des visages à des figures de l’ombre. Loin de toute iconographie religieuse, il décide de représenter dans ses vitraux-sculptures en relief et sans couleur des portraits d’inconnus, tirés de photographies médicales datant de la fin du xixe siècle d’enfants aliénés « soignés » dans l’établissement jouxtant l’église.
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Écrit par
- Paul-Louis RINUY : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII
Classification
Média
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