Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NOUVELLE ÉCOLE CLASSIQUE (NEC), économie

  • Article mis en ligne le
  • Écrit par

Née dans les années 1970 d'une réflexion sur les insuffisances des modèles keynésiens, la nouvelle école classique (N.E.C.) a pour objectif de fournir un cadre d'analyse à l'évolution de l'activité économique d'un pays. Elle est fondée sur une vision optimiste du capitalisme de marché, celle que défendait Adam Smith dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), lorsqu'il montrait que la poursuite des intérêts individuels n'est nullement contradictoire avec l'intérêt collectif. Elle s'oppose notamment aux analyses des fluctuations de l'activité économique reposant sur des « crises » et des déséquilibres, qui seraient liés à des conflits d'intérêts entre rentiers et travailleurs.

La N.E.C. a été considérée comme une « révolution ». Elle ne fait pourtant que redonner à la macroéconomie les mêmes outils théoriques que ceux utilisés pour traiter des autres problèmes de politique économique. En effet, au niveau méthodologique, la N.E.C. suppose que les échanges sur l'ensemble des marchés sont le résultat d'une confrontation entre une offre et une demande. Offres et demandes sont supposées résulter des choix individuels qui procurent le plus de satisfaction ou de profits parmi l'ensemble de ce qui est accessible financièrement. Les théoriciens de la N.E.C. disent alors que les agents sont  »rationnels », car ils utilisent la théorie économique pour agir. De plus, si les agents économiques opèrent sur des marchés transparents où la concurrence est la règle, alors toutes les aspirations individuelles seront satisfaites.

Si les exigences méthodologiques de la N.E.C. sont fortes, les promoteurs de ce courant de pensée ne peuvent être considérés comme de simples théoriciens. En effet, ces derniers ont envahi le champ politique en définissant et en quantifiant les meilleures options pour une société démocratique. Ils ont ainsi permis de mieux comprendre les interactions entre les décisions privées, les marchés, et les pouvoirs publics, gouvernement et Banque centrale. Ils ont également élaboré de nouveaux outils d'évaluation quantitative permettant d'analyser les implications des choix politiques sur l'évolution des agrégats économiques.

De la révolution keynésienne à la contre-révolution des nouveaux classiques

La révolution keynésienne est née de l'impuissance de la théorie classique à expliquer la dépression des années 1930. À l'époque de la grande dépression, John Maynard Keynes juge la théorie classique incapable d'expliquer l'ampleur des niveaux de chômage et inapte à formuler des recommandations simples de politique économique. Avec la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), il offre un cadre alternatif qui donnera l'illusion aux décideurs publics qu'ils ont là le moyen de protéger leurs économies contre les crises. Le modèle keynésien est simple. Dans une économie où les ventes sont déterminées uniquement par la demande adressée aux entreprises, une politique monétaire diminuant le taux d'intérêt encourage les projets d'investissement et permet donc, en relançant l'activité, de réduire le chômage. Ce surcroît d’activité crée des tensions inflationnistes que les travailleurs « naïfs » n’intègrent pas complètement dans leurs revendications salariales : l’emploi devient moins coûteux pour les entreprises et le chômage baisse quand l’inflation augmente, relation connue sous le nom de courbe de Phillips. Ainsi, comme un physicien cherchant à contrôler la dynamique d'un système, l'économiste keynésien donne le surcroît d'inflation qui permet d'éviter le chômage de masse.

Le contexte des années 1970 va saper l'édifice keynésien. Cette époque se caractérise[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université du Maine

Classification

Pour citer cet article

François LANGOT. NOUVELLE ÉCOLE CLASSIQUE (NEC), économie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le

Média

Robert Lucas - crédits : Ralf-Finn Hestoft/ Corbis/ Getty Images

Robert Lucas

Autres références

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...son origine dans un article de John Muth (1961), resté pendant dix ans dans la pénombre et exploité à partir de 1972 par les auteurs se réclamant de la « Nouvelle Macroéconomie classique » (Robert Lucas, Thomas Sargent, Neil Wallace...). Elle doit au départ être interprétée comme une réaction de rejet...
  • CRISES ÉCONOMIQUES

    • Écrit par , , et
    • 21 855 mots
    • 14 médias
    Plutôt que de crise du modèle fordiste,les économistes libéraux préfèrent parler de crise du modèle keynésien. Ils rappellent que l'État prétendait prévoir l'évolution de l'économie et agir sur elle afin de soutenir la croissance : c'est la politique conjoncturelle. Or la théorie des anticipations...
  • CYCLES ÉCONOMIQUES

    • Écrit par
    • 4 011 mots
    • 1 média
    Pas du tout, rétorquent, dans le camp opposé, ceux qu'on appelle les « nouveaux classiques » (notamment Robert Lucas, Prix Nobel d'économie en 1995) ou les tenants de la théorie des « cycles réels » (Fynn Kydland et Edward Prescott, Prix Nobel d'économie en 2004). Les uns et les autres dénient toute...
  • KYDLAND FINN E. (1943- )

    • Écrit par
    • 1 144 mots

    Après Ragnar Frisch, premier lauréat du prix Nobel d'économie en 1969, et Trygve Haavelmo, qui l'obtint vingt ans plus tard, Finn E. Kydland est, en 2004, le troisième Norvégien à remporter cette récompense. Il partage le prix avec l'Américain Edward C. Prescott, professeur à W.P. Carey School...

  • Afficher les 9 références