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KYDLAND FINN E. (1943- )

Après Ragnar Frisch, premier lauréat du prix Nobel d'économie en 1969, et Trygve Haavelmo, qui l'obtint vingt ans plus tard, Finn E. Kydland est, en 2004, le troisième Norvégien à remporter cette récompense. Il partage le prix avec l'Américain Edward C. Prescott, professeur à W.P. Carey School of Business (université de l'État d'Arizona) pour « leurs contributions à la macroéconomie dynamique : l'analyse de la cohérence temporelle des décisions de politique économique et celle des forces responsables des cycles économiques ».

Selon le jury, deux de leurs contributions conjointes, publiées en 1977 et 1982, ont transformé la recherche économique et profondément influencé les pratiques en matière de politique économique, de politique monétaire notamment. Ces travaux se situent dans le cadre de la pensée libérale de la nouvelle économie classique (N.E.C.) qui, avec des auteurs tels que Robert Lucas, Thomas Sargent et Neil Wallace, a mis l'accent sur la rationalité des comportements et des anticipations. La N.E.C. avait pour ambition de démontrer que les politiques économiques étaient sans effet et que les fluctuations cycliques étaient des réponses optimales à des chocs exogènes, autant d'arguments de nature à ôter toute légitimité à l'intervention publique dans l'activité économique.

Né en Finlande en 1943, Finn Kydland est de nationalité norvégienne. Après avoir obtenu en 1968 son diplôme à la Norwegian School of Economics and Business Administration (N.H.H.) de Bergen, il part pour l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh (Pennsylvanie), où il obtiendra en 1973 un doctorat d'économie. Il revient enseigner pendant quatre ans à Bergen puis regagne Pittsburgh. Spécialisé dans l'enseignement des politiques fiscales et monétaires, il devient à partir de 1977 professeur d'économie à la David A. Tepper School of Business Administration de Carnegie Mellon.

Les années 1970 sont celles d'un désaveu de l'héritage keynésien qui dominait la pensée économique depuis la crise de 1929. Finn Kydland épouse le courant des « nouveaux classiques » de l'École de Chicago dont le chef de file est Milton Friedman ; il s'applique à répudier les hypothèses et les constructions de la théorie keynésienne en dénonçant l'inefficacité des politiques monétaires et budgétaires du début des années 1970. Destinées à régulariser la demande et à la maintenir à un niveau favorisant un quasi-plein-emploi, ces politiques échouent, selon les nouveaux classiques, à atteindre leurs objectifs. Aussi leur apparaissent-elles inutiles, voire néfastes, en particulier quand Finn Kydland met en évidence que les manipulations de prix par les gouvernements ne font que gonfler le taux d'inflation.

Après avoir récusé les recommandations des keynésiens en matière de politiques conjoncturelles de stabilisation, Kydland montre que les fluctuations économiques constituent la réponse optimale de l'économie à des chocs extérieurs. En matière d'emploi, par exemple, les fluctuations du taux de chômage et l'arbitrage que font les ménages entre travail et loisirs seraient la meilleure réponse des salariés à un changement technologique. Dans cette hypothèse, les fluctuations constitueraient un ajustement nécessaire qu'il ne faut pas empêcher. Tel est l'objet de l'article qu'il publie avec Edward Prescott en 1982.

Adhérant aux thèses de l'école des anticipations rationnelles, Finn Kydland insiste sur le rôle de la rationalité des comportements individuels dans les ajustements naturels du marché. Il élabore une construction théorique aux antipodes de la macroéconomie keynésienne qui attribuait la décision des agents au mimétisme et à leurs « esprits animaux », évoquant par là même les limites de leur rationalité.[...]

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Pour citer cet article

Françoise PICHON-MAMÈRE. KYDLAND FINN E. (1943- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RULES RATHER THAN DISCRETION : THE INCONSISTENCY OF OPTIMAL PLANS, F. E. Kydland et E. C. Prescott - Fiche de lecture

    • Écrit par Fabien TRIPIER
    • 1 234 mots

    Finn E. Kydland, économiste norvégien né en 1943, et Edward C. Prescott, économiste américain né en 1940, ont entamé dans les années 1970 une fructueuse collaboration à la Carnegie-Mellon University de Pittsburgh (Pennsylvanie). Elle s'est notamment traduite par la publication de deux articles (dont...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...(t + 2)... pour la même période de référence (t + i). Dans le cas inverse, on parle d'incohérence temporelle de la politique monétaire. Cette distinction, lancée par les deux Nobel Finn Kydland et Edward Prescott (1977), continue d'alimenter les réflexions actuelles sur l'efficacité de la politique monétaire...
  • INFLATION

    • Écrit par Jacques LE CACHEUX
    • 10 079 mots
    • 7 médias
    ...qui se traduisent par des relances inflationnistes suivies, au lendemain de l'élection, de cures d'austérité anti-inflationnistes. La démonstration, par Finn Kydland et Edward Prescott, qui ont depuis obtenu pour cela le prix Nobel d'économie en 2004, de l'existence d'un problème « d'incohérence temporelle...
  • NOUVELLE ÉCOLE CLASSIQUE (NEC), économie

    • Écrit par François LANGOT
    • 2 433 mots
    • 1 média
    ...institutions publiques des règles stables de comportement plutôt que de leur laisser la liberté d'effectuer des choix discrétionnaires. C'est l'idée centrale de Finn Kydland et Edward Prescott. L'État a, par exemple, intérêt à annoncer une taxation du capital faible pour susciter une épargne importante...
  • PRESCOTT EDWARD C. (1940-2022)

    • Écrit par Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 147 mots

    Le 11 octobre 2004, Edward Prescott est devenu le trente-sixième Américain lauréat du prix Nobel d'économie. En attribuant la récompense à ce professeur de l'université de Tempe (Arizona), l'Académie royale des sciences de Suède confirmait la domination des États-Unis sur le prix qu'elle a créé...

Voir aussi