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MYCOBACTÉRIES

Constituants des mycobactéries

La cellule mycobactérienne contient un cytoplasme renfermant le génome (une molécule d'ADN bicaténaire circulaire) et les ribosomes. Le cytoplasme est enveloppé d'une membrane mince et déformable entourée à son tour par une paroi épaisse et rigide conférant à la cellule sa forme et sa résistance. L'architecture cellulaire des mycobactéries ressemble à celle des Corynébactéries et des Nocardia, d'où la création du supergroupe CMN renfermant ces trois genres. La distinction entre organismes CMN est surtout fondée sur l'analyse de l'ADN et de la paroi.

Le génome

Le génome de chaque micro-organisme a une composition en bases qui lui est propre : le pourcentage, en guanine-plus- cytosine (p. 100 GC), permet donc de préciser sa position taxonomique. Ainsi, le p. 100 GC de l'ADN corynébactérien varie entre 50 et 60, le mycobactérien entre 62 et 70, le nocardique entre 67 et 70. Le degré d'homologie entre deux ADN différents donne une mesure de la parenté existant entre les deux organismes qui renferment ces ADN. On l'évalue en chauffant les deux ADN jusqu'à séparer les brins constituants : la formation d'hélices hybrides entre brins hétérologues reflète l'homologie entre les deux ADN testés. Un micro-organisme nouvellement isolé pourra donc être attribué à un genre donné par la valeur du p. 100 GC et à une certaine espèce sur la base du test d'hybridation avec des souches de référence : s'il est inférieur à 70 p. 100, on considère que l'on a affaire à une nouvelle espèce. Mais c'est l'ARN ribosomal qui représente l'outil essentiel en taxonomie mycobactérienne. Des familles insuffisamment homogènes ont été ainsi démembrées, ce qui explique que l'on dénombre (2007) cent vingt-cinq espèces là où une cinquantaine étaient identifiées en 1997.

Comme on le verra plus loin, le séquençage des génomes mycobactériens a apporté des données très instructives sur l'évolution de ces germes.

La paroi

Paroi - crédits : Encyclopædia Universalis France

Paroi

De nombreuses propriétés des mycobactéries (entre autres leur résistance vis-à-vis des désinfectants, des solvants, des inhibiteurs et des enzymes) sont dues à l'épaisseur et à la structure de leur paroi. Cette dernière est formée de deux hauts polymères interconnectés : le peptidoglycane et le lipopolysaccharide pariétal (fig. 2). Certains composants de la paroi ont une valeur « diagnostique », puisqu'ils permettent de préciser la position taxonomique d'un micro-organisme.

Le peptidoglycane ou muréine est constitué de chaînes polysaccharidiques linéaires où l'acétylglucosamine s'alterne à son ester lactyl, l'acide muramique. Le carboxyle de ce dernier est lié par un lien peptidique au tétrapeptide L-alanine-D-glutamine-méso-diaminopimélate (mDAP)-D-alanine. La formation d'un lien peptidique entre le -NH2 en ε du mDAP et le -COOH terminal de la D-alanine crée un réseau tridimensionnel conférant à la muréine la résistance qui lui est propre (fig. 3a). Le mDAP est un composant diagnostique pour les organismes CMN (peptidoglycane de type IV) : dans les streptomycètes, par exemple, on retrouve L-DAP (type I).

Le lipopolysaccharide périphérique des mycobactéries est constitué d'arabinogalactane-mycolate. Il s'agit de chaînes d'arabinofuranose et de galactopyranose porteuses de ramifications latérales d'arabinofuranose, dont les extrémités sont estérifiées par les acides mycoliques (fig. 3b). Les deux monosaccharides susmentionnés sont donc des composants diagnostiques de la paroi mycobactérienne (de type A).

Les acides mycoliques sont des acides gras de haut poids moléculaire porteurs d'une chaîne latérale en α et d'un -OH en β. Le groupement carboxyl étant greffé sur le polysaccharide sous-jacent, c'est l'extrémité lipophile des mycolates[...]

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Écrit par

  • : professeur de microbiologie et de génétique moléculaire à la faculté de médecine, université de Louvain
  • : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Carlo COCITO, Encyclopædia Universalis et Gabriel GACHELIN. MYCOBACTÉRIES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Espèces majeures - crédits : Encyclopædia Universalis France

Espèces majeures

Polymères pariétaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Polymères pariétaux

Groupes de Runyon - crédits : Encyclopædia Universalis France

Groupes de Runyon

Autres références

  • ACTINOMYCÈTES

    • Écrit par
    • 3 450 mots
    • 4 médias
    Les deux maladies humaines les plus sérieuses causées par des Actinomycétales sontla tuberculose (Mycobacterium tuberculosis et autres mycobactéries) et la lèpre (Mycobacterium leprae). Secondes en importance sont les actinomycoses humaines et animales causées par plusieurs espèces d'...
  • BACTÉRIES

    • Écrit par , et
    • 11 052 mots
    • 3 médias
    ...les conditions de leur écosystème naturel. Cependant, certaines espèces bactériennes ne sont pas cultivables sur milieux artificiels ; c'est le cas de Mycobacterium leprae, agent de la lèpre, ou de Treponema pallidum, agent de la syphilis non cultivable in vitro. D'autres bactéries authentiques, autrefois...
  • BACTÉRIOLOGIE

    • Écrit par , , , et
    • 18 329 mots
    • 11 médias
    ...Rickettsies) sont isolées par ensemencement sur cultures de cellules eucaryotes, mais d'autres telles que Treponema pallidum (agent de la syphilis) ou Mycobacterium leprae (agent de la lèpre) et sans doute d'autres agents encore insoupçonnés ne bénéficient, à ce jour, pas encore de milieux définis permettant...
  • DÉFICIENCE IMMUNITAIRE AUTO-IMMUNE

    • Écrit par
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    L' immunodéficience est caractérisée par un affaiblissement des défenses immunitaires, qui peut être primitif, présent dès la naissance, comme dans le cas des immunodéficiences d'origine génétique, ou acquis, quand il se déclare à la suite d'un événement pathogène. Ces immunodéficiences acquises peuvent...

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