Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DAYAN MOSHÉ (1915-1981)

Symbole de la puissance militaire d'Israël, vainqueur de la campagne de Suez (1956) et de la guerre de Six Jours (1967), Moshé Dayan fut l'un des représentants les plus authentiques des sabra (natifs du pays) israéliens.

Moshé Dayan, 1967 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Moshé Dayan, 1967

Destruction de l'aviation égyptienne au début de la guerre de Six Jours - crédits : Central Press/ Getty Images

Destruction de l'aviation égyptienne au début de la guerre de Six Jours

Né au bord du lac de Tibériade dans le kibboutz de Dégania, Moshé Dayan a passé sa jeunesse dans le mochav (village coopératif) de Nahalal, que ses parents avaient fondé avec d'autres pionniers. Il fréquenta l'école d'agriculture et ce n'est qu'à l'âge de trente-cinq ans qu'il put suivre irrégulièrement les cours des universités de Jérusalem et de Tel-Aviv, sans obtenir aucun diplôme.

Très tôt, il est attiré par la carrière des armes. À quatorze ans, il fait partie de la Haganah, l'armée clandestine juive en Palestine. Au cours des émeutes des Palestiniens contre les Anglais et les Juifs (1936-1939), il rencontre le capitaine britannique Charles Orde Wingate dont il adopte les conceptions militaires. Arrêté par les Britanniques, en octobre 1939, il est condamné à dix ans de réclusion et détenu dans la prison de Saint-Jean-d'Acre. En 1941, les Anglais, qui ont besoin d'appuis, le libèrent et il organise une compagnie juive qui, sous l'uniforme anglais, passe la frontière libanaise. Il perd l'œil gauche au cours d'un combat contre les forces de Vichy et porte, non sans coquetterie, le bandeau noir qui contribuera à sa légende.

Dans les années 1940, il s'occupe, au sein de la Haganah, des questions de renseignements et achemine clandestinement des armes aux membres du mouvement sioniste illégal en Irak.

Lorsque l'État d'Israël est créé en 1948, il combat les Syriens à la tête des troupes israéliennes, prend part aux opérations sur les fronts égyptien, puis jordanien, et, devenu lieutenant-colonel, commande le secteur juif de Jérusalem. Il représente l'armée israélienne lors des pourparlers de Rhodes qui précèdent l'armistice israélo-jordanien en 1949. En 1950, nommé général de division, il reçoit le commandement du Sud israélien ; deux ans plus tard, il devient responsable de la région Nord. David Ben Gourion lui marque son estime en lui confiant, en décembre 1953, le poste de commandant en chef de l'armée israélienne (Tsahal), fonctions qu'il exercera jusqu'en 1958. Stratège né, il élabore alors sa politique de « représailles massives » contre les pays arabes, mise en œuvre surtout par la redoutable « unité 101 » dont le commandant est le jeune officier Ariel Sharon.

Lors des entretiens secrets de Sèvres, qui précèdent l'expédition de Suez, il préconise l'entrée des forces israéliennes dans le Sinaï, puis l'intervention des forces franco-britanniques « pour séparer les belligérants », et c'est lui qui, en octobre et novembre 1956, commande les troupes israéliennes dans le Sinaï.

En 1958, Moshé Dayan se lance dans la politique ; l'année suivante, il est élu à la Knesset, comme membre du Mapaï, le Parti social-démocrate au pouvoir, puis il reçoit le portefeuille de l'Agriculture. En 1964, il quitte le Mapaï pour le Raffi, parti créé par Ben Gourion, mais, en 1968, il réintègre le Mapaï, devenu le Parti travailliste, avec les autres membres du Raffi. En juin 1967, cependant, il accepte d'être ministre de la Défense dans le gouvernement d'union nationale de Levi Eshkol. La victoire, remportée à l'issue de la guerre de Six Jours, en fait un héros national. Ses conceptions annexionnistes et la politique intransigeante qu'il mène vis-à-vis des pays arabes lui valent d'être appelé « roi des territoires occupés ».

Pragmatique, cependant, il n'ignore pas les conséquences de sa politique et il déclare : « Les Arabes n'acceptent pas notre entreprise. Nous sommes condamnés à un état de belligérance perpétuelle. » Après la guerre de Six Jours,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, journaliste spécialiste des questions du Proche-Orient

Classification

Pour citer cet article

Amnon KAPELIOUK. DAYAN MOSHÉ (1915-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Moshé Dayan, 1967 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Moshé Dayan, 1967

Destruction de l'aviation égyptienne au début de la guerre de Six Jours - crédits : Central Press/ Getty Images

Destruction de l'aviation égyptienne au début de la guerre de Six Jours

Golda Meir, 1970 - crédits : RDB/ ullstein bild / Getty Images

Golda Meir, 1970

Autres références

  • BEN GOURION DAVID (1886-1973)

    • Écrit par Alain DIECKHOFF
    • 1 865 mots
    • 5 médias
    ...la réalité d'Israël à ses voisins arabes. Il ne tolère aucune atteinte, même mineure, à la souveraineté d'Israël. De concert avec le chef d'état-major Moshe Dayan, il met en œuvre une politique de représailles systématiques qui débouche, en octobre 1956, sur la guerre de Suez contre l'Égypte nassérienne,...
  • SIX JOURS GUERRE DE (1967)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 228 mots
    • 1 média

    Du 5 au 10 juin 1967 eut lieu la guerre dite « de Six Jours » qui opposa l'État d'Israël, dirigé par le Premier ministre Levi Eshkol, à trois de ses voisins (Égypte, Jordanie, Syrie). S'estimant menacé, en particulier par l'Égypte de Gamal Abdel Nasser et par la nouvelle Organisation...

Voir aussi