MONTÉNÉGRO

Nom officiel

République du Monténégro (ME)

Chef de l'État

Milo Djukanović (depuis le 20 mai 2018)

Chef du gouvernement

Dritan Abazović (depuis le 28 avril 2022)

Capitale

Podgorica (la capitale historique et culturelle est Cetinje)

Langue officielle

Monténégrin 1

1 Selon l'article 13 de la Constitution, l'albanais, le bosniaque, le croate et le serbe peuvent également être utilisés comme langues officielles.

Unité monétaire

Euro (EUR) 2

2 L'unité monétaire utilisée est l'euro même si le Monténégro n'est pas membre de l'Union européenne

Population (estim.) 619 100 (2022)
Superficie 13 883 km²

Histoire

Avant la construction étatique : une pluralité d'héritages

Pendant longtemps, l'histoire des Serbes et des Monténégrins s'est confondue, à tel point qu'il n'existait pas d'appellation spécifique pour distinguer les habitants des montagnes monténégrines de ceux des plaines serbes. Le nom de Monténégro, « Crna Gora », semble avoir été utilisé pour la première fois sous le règne de Milutin (1282-1321), et il désignait un territoire plus petit que celui de la république actuelle. Des tribus slaves s'étaient déjà installées dans la région depuis le viie siècle. Lors des premières tentatives de création d'un État indépendant serbe au xe siècle, sous le règne du prince serbe Časlav, le territoire monténégrin était rattaché au territoire serbe sous la forme d'une principauté autonome, parmi d'autres, vassale de la Serbie, la principauté de Duklja (qui devient par la suite la principauté de Zeta). À cette époque, l'État serbe ressemble plutôt à un regroupement d'États, chacun d'entre eux fondé sur une union tribale. L'ensemble demeure sous tutelle de l'Empire byzantin. Plus tard, lors de la création du grand Empire serbe des Nemanjić, au xiie siècle, la principauté de Zeta était soumise et intégrée à celui-ci.

Jusqu'aux conquêtes ottomanes des xive et xve siècles, le Monténégro connaît donc de brèves périodes d'indépendance, mais reste encore très attaché aux différents États serbes qui se succèdent. Avec l'avancée de l'Empire ottoman dans les Balkans, la quasi-totalité du territoire monténégrin est conquise en 1499. Seul un petit réduit montagneux autour de la ville de Cetinje sera difficilement intégré par l’occupant ottoman. Il demeurera un lieu de rébellion permanente contre l'envahisseur turc. La liberté relative de cet îlot monténégrin au cœur de l'Empire ottoman est due également au faible intérêt stratégique qu'il représentait pour les conquérants. La différenciation politique, culturelle et identitaire des peuples serbe et monténégrin remonte à cette période. Tandis que la majeure partie de la région était administrée par les autorités ottomanes, le Monténégro, limité à ce petit territoire non conquis, jouissait d'une certaine autonomie qui lui permit de conserver un fonctionnement tribal et clanique très ancré, et de faire élire par une assemblée populaire son chef spirituel, à la fois religieux et temporel, le vladika (prince-évêque). Jusqu'à la fin du xviiie siècle, le Monténégro fonctionna sous la forme d'une confédération clanique, les tribus étant tantôt unies contre l'ennemi ottoman, tantôt en conflit les unes contre les autres au nom de la loi de la dette de sang (krvenaosveta).

La période de la résistance contre l'Empire ottoman représente dans l'imaginaire national la clef de voûte de la spécificité monténégrine par rapport à l'identité serbe. L'ambiguïté de l'identité nationale monténégrine vient du fait que Monténégrins et Serbes sont culturellement très proches : ils parlent la même langue (le serbo-croate), ont la même confession majoritaire (religion orthodoxe), et des coutumes et traditions similaires. Pour certains, l'identité monténégrine est au mieux une identité régionale de la nation serbe. D'où l'insistance des historiens nationaux sur cette période d'autonomie et de combat contre l'Empire ottoman. La lutte séculaire des Monténégrins contre les Turcs est, de fait, rapportée dans de nombreux poèmes et chants folkloriques, même si la résistance et l'indépendance n'ont en réalité concerné qu'une infime partie du territoire monténégrin actuel. Cette région, appelée traditionnellement la Stara Crna Gora (le « Vieux Monténégro[...]

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Écrit par

  • Amaël CATTARUZZA : docteur en géographie, coordonnateur scientifique de l'Atelier de recherches internationales, université de Belgrade
  • Renaud DORLHIAC : membre associé de l'École des hautes études en sciences sociales, responsable Balkans à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie
  • Universalis

Classification

Pour citer cet article

Amaël CATTARUZZA, Renaud DORLHIAC, Universalis, « MONTÉNÉGRO », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Monténégro : carte physique

Monténégro : carte physique

Monténégro : carte physique

Carte physique du Monténégro.

Monténégro : drapeau

Monténégro : drapeau

Monténégro : drapeau

Monténégro (2004). La plus petite composante de l'ancienne Yougoslavie a recouvré son indépendance…

Bouches de Kotor, Monténégro

Bouches de Kotor, Monténégro

Bouches de Kotor, Monténégro

Les bouches de Kotor, profond fjord entouré de montagnes et pénétrant à l'intérieur des terres sur…

Autres références

  • MONTÉNÉGRO, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 19 424 mots
    • 10 médias
    Quand le traité de Berlin, qui régla la crise balkanique de 1877-1878, accorda au Monténégro des terres albanaises, une ligue nationale constituée à Prizren, avec l'accord de la Turquie, s'y opposa par les armes mais dut abandonner, en définitive, la région d'Ulqin (1880). Elle demanda...
  • BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Michel ROUX
    • 6 612 mots
    • 1 média
    ...Monténégro fut absorbé dans la première Yougoslavie. L'Union européenne persuade en 2003 Serbie et Monténégro de renégocier leur union mais, en mai 2006, le Monténégro vote par référendum son indépendance, rapidement reconnue dans le monde entier, y compris par la Serbie qui, en conséquence, se proclame elle-même...
  • CROATIE

    • Écrit par Emmanuelle CHAVENEAU, Christophe CHICLET, Universalis, Ivo FRANGES, Mladen KOZUL
    • 8 060 mots
    • 6 médias
    ...extension de ses eaux territoriales afin d'accéder directement aux eaux internationales. La Croatie refuse toute diminution de son espace maritime. Avec le Monténégro, la querelle sur la pointe de Prevlaka, qui commande les entrées et les sorties de navires dans la baie de Kotor, a été réglée si bien que...
  • DINARIDES

    • Écrit par Jean AUBOUIN
    • 5 039 mots
    • 1 média
    ..., les plus grandes d'Europe, et les dépressions karstiques, comme les polje de Livno, en Bosnie, du Popovo, en Herzégovine, ou de Cetinje, dans le Monténégro. À ce relief karstique qui doit son nom au Karst, ou Carso, en Slovénie, sont liés des souvenirs fort anciens : ainsi le mythe du tonneau...
  • ÉCLATEMENT DE LA YOUGOSLAVIE

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 276 mots
    • 1 média

    Mosaïque de peuples née du règlement de la Première Guerre mondiale, intégrée au bloc communiste à partir de 1945 malgré les tentations sécessionnistes de Tito, la république socialiste fédérale de Yougoslavie ne résiste pas à l'effondrement du bloc de l'Est....

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Voir aussi