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MONTÉNÉGRO

Nom officiel

République du Monténégro (ME)

    Chef de l'État

    Jakov Milatović (depuis le 20 mai 2023)

      Chef du gouvernement

      Milojko Spajić (depuis le 31 octobre 2023)

        Capitale

        Podgorica (la capitale historique et culturelle est Cetinje)

          Langue officielle

          Monténégrin 1

            Unité monétaire

            Euro (EUR) 2

              Population (estim.) 615 200 (2024)
                Superficie 13 883 km²

                  Le Monténégro indépendant

                  L’indépendance ayant été acquise grâce au soutien massif des minorités albanaise, bosniaque et croate (la communauté dominante slavo-orthodoxe a majoritairement voté contre lors du référendum), sa mise en œuvre rend nécessaire l’élaboration d’un nouveau consensus interne. Les autorités s’attellent sans tarder à cet objectif délicat, lequel anime aussi bien l’adoption de la nouvelle Constitution monténégrine en octobre 2007 que celle de la loi sur la nationalité en février 2008. La réhabilitation de la famille royale du Monténégro, en juillet 2011, relève du même esprit. Pour autant, certains aspects de cette affirmation de la souveraineté nationale suscitent encore de fortes résistances, essentiellement au sein de la communauté serbe qui, selon le recensement de 2011, représente toujours plus d’un quart de la population. Tel est notamment le cas du programme de standardisation de la langue monténégrine (conçu pour la différencier du serbe, dont elle est une proche variante) ou de l’adoption de nouveaux hymne et symboles nationaux. Les efforts déployés pour redéfinir le consensus interne imprègnent également le champ religieux. Malgré la volonté de conciliation des autorités, la communauté chrétienne orthodoxe demeure divisée dans ses allégeances à l’Église orthodoxe serbe et à son pendant monténégrin. Cependant, ces débats trouvent un écho moindre chez les autres minorités, qui n’entretiennent aucun lien avec l’orthodoxie et la serbité. Ainsi, le Monténégro a revu ses modalités de coopération avec les religions catholique, juive et musulmane, concluant notamment un nouveau concordat avec le Vatican en juin 2011.

                  Mais les frustrations des minorités tiennent surtout à leur degré d’intégration dans l’espace public et aux pratiques de gouvernance des autorités en place. De fait, leurs revendications se concentrent sur des dispositions électorales avantageuses leur garantissant une meilleure représentation (l’abaissement du seuil électoral, par exemple) ou une réorganisation territoriale du pays susceptible de favoriser l’expression d’autonomies locales. Ces demandes sont entendues, à défaut d’être suivies d’effet, par des autorités, qui les conçoivent d’abord comme un instrument pour fidéliser des partenaires électoraux potentiels. Depuis les premières élections législatives et municipales organisées en septembre 2006, dans le cadre de l’indépendance, le même scénario se répète à l’envi. De fait, sur le plan intérieur, peu de choses ont réellement changé depuis l’indépendance du pays. Le principal parti politique, le Parti démocratique des socialistes (D.P.S.), continue de dominer la vie politique comme il le fait sans discontinuer depuis le début des années 1990, avec l’appui fidèle du Parti social-démocrate et, selon les circonstances du moment, d’autres formations mineures. Mais cette grande continuité montre des signes d’essoufflement, comme en témoignent le fait que le D.P.S. ait, pour la première fois, perdu la majorité absolue lors des élections législatives anticipées de l’automne de 2012 ou la réélection, très contestée, de son candidat, Filip Vujanović, à la présidentielle d’avril 2013. De fait, même si Milo Djukanović demeure l’homme fort du pays, son retour à la tête du gouvernement – pour la troisième fois – en décembre 2012, après deux années consacrées à ses activités privées, ne suffit plus à rassurer des Monténégrins de moins en moins dociles à l’égard de leurs autorités.

                  Cette situation reflète certains frémissements d’une population qui s’ouvre peu à peu aux problématiques de la société civile, notamment celles qui sont liées au renforcement de l’État de droit ou à la préservation de son pouvoir d’achat. Or, dans ces deux domaines, le bilan des autorités n’est guère positif. La corruption se maintient[...]

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                  Écrit par

                  • : docteur en géographie, coordonnateur scientifique de l'Atelier de recherches internationales, université de Belgrade
                  • : membre associé de l'École des hautes études en sciences sociales, responsable Balkans à la Direction générale des relations internationales et de la stratégie
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Amaël CATTARUZZA, Renaud DORLHIAC et Universalis. MONTÉNÉGRO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Monténégro : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Monténégro : carte physique

                  Monténégro : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Monténégro : drapeau

                  Bouches de Kotor, Monténégro - crédits : A. Tzigounaki/ Unesco

                  Bouches de Kotor, Monténégro

                  Autres références

                  • MONTÉNÉGRO, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • ALBANIE

                    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
                    • 22 072 mots
                    • 9 médias
                    Quand le traité de Berlin, qui régla la crise balkanique de 1877-1878, accorda au Monténégro des terres albanaises, une ligue nationale constituée à Prizren, avec l'accord de la Turquie, s'y opposa par les armes mais dut abandonner, en définitive, la région d'Ulqin (1880). Elle demanda...
                  • BALKANS ou PÉNINSULE BALKANIQUE

                    • Écrit par Jean AUBOUIN, Michel ROUX
                    • 7 514 mots
                    • 1 média
                    ...Monténégro fut absorbé dans la première Yougoslavie. L'Union européenne persuade en 2003 Serbie et Monténégro de renégocier leur union mais, en mai 2006, le Monténégro vote par référendum son indépendance, rapidement reconnue dans le monde entier, y compris par la Serbie qui, en conséquence, se proclame elle-même...
                  • CROATIE

                    • Écrit par Emmanuelle CHAVENEAU, Christophe CHICLET, Universalis, Ivo FRANGES, Mladen KOZUL
                    • 9 158 mots
                    • 6 médias
                    ...extension de ses eaux territoriales afin d'accéder directement aux eaux internationales. La Croatie refuse toute diminution de son espace maritime. Avec le Monténégro, la querelle sur la pointe de Prevlaka, qui commande les entrées et les sorties de navires dans la baie de Kotor, a été réglée si bien que...
                  • DINARIDES

                    • Écrit par Jean AUBOUIN
                    • 5 726 mots
                    • 1 média
                    ..., les plus grandes d'Europe, et les dépressions karstiques, comme les polje de Livno, en Bosnie, du Popovo, en Herzégovine, ou de Cetinje, dans le Monténégro. À ce relief karstique qui doit son nom au Karst, ou Carso, en Slovénie, sont liés des souvenirs fort anciens : ainsi le mythe du tonneau...
                  • Afficher les 13 références

                  Voir aussi