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MINIMALISME, musique

Le concept de musique minimaliste est né aux États-Unis au début des années 1960, dans la mouvance d'expositions d'art plastique qui accueillirent ses premières expérimentations, signées par le compositeur américain John Cage et par le groupe Fluxus.

Très rapidement, le vocable « minimaliste » fut aussi utilisé pour caractériser les musiques dites répétitives, ce qui n'a rien d'étonnant car ce terme recouvre un certain nombre de spécificités techniques et esthétiques communes à ces deux courants : matériau musical limité au minimum, harmonies simples se réclamant de la tonalité (et/ou de la modalité), variations quasi insensibles de la matière sonore (rythmes, intervalles, timbres), pulsation rythmique exaltée par ses répétitions obstinées, mais aussi prégnance d'un temps « oriental » statique, d'idées philosophiques inspirées du bouddhisme (idées revues et corrigées par la jeunesse américaine des sixties et son contexte politique et intellectuel), de couleurs instrumentales influencées par l'Asie (vogue du marimba, du vibraphone, des cloches, du glockenspiel, du xylophone...).

La personnalité fondatrice de la musique minimaliste est l'Américain La Monte Young (né en 1935), avec son Trio à cordes de 1958. S'illustrera par la suite le célèbre trio des compositeurs répétitifs américains – Terry Riley, Philip Glass et Steve Reich –, dont les œuvres gagneront l'Europe dans les années 1970.

Il est cependant impossible de réduire la musique minimaliste à la seule musique répétitive, son domaine s'avérant beaucoup plus vaste et diversifié puisqu'il inclut, selon le compositeur et critique musical américain Tom Johnson, « toute musique fonctionnant à partir de matériaux minimaux ». Ainsi, les 840 reprises des Vexations pour piano d'Erik Satie ressortissent à la musique minimaliste, au côté des 4' 33'' (de silence) de John Cage, des Presque Rien pour bande magnétique de Luc Ferrari, des œuvres statiques de Tomasz Sikorski, de celles, diatoniques et néotonales, d'Arvo Pärt, ou encore de certaines pièces de Tadeusz Baird, de Stefan Niculescu, de Morton Feldman, de Robin Holloway...

— Alain FÉRON

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

Classification

Pour citer cet article

Alain FÉRON. MINIMALISME, musique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MUSIQUES MINIMALISTES ET RÉPÉTITIVES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 844 mots

    1935-1937 Les quatre pionniers des musiques minimalistes et répétitives, tous américains, naissent dans un laps de temps d'un an et demi : Terry (Mitchell) Riley le 24 juin 1935, à Colfax, en Californie ; La Monte (Thornton) Young le 14 octobre 1935, à Bern, dans l'Idaho ; Steve (Stephen Michael)...

  • ADAMS JOHN (1947- )

    • Écrit par Patrick WIKLACZ
    • 1 969 mots
    • 3 médias
    ...personnalité. La pulsation jubilatoire, le raffinement de l'orchestration, le parfait équilibre instrumental sont les marques les plus profondes de son style. Inscrit dans la large mouvance minimaliste, il fait partie de la nouvelle génération, empruntant et développant les voies ouvertes par Philip Glass...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La musique

    • Écrit par Juliette GARRIGUES, André GAUTHIER
    • 3 950 mots
    • 6 médias
    Le minimaliste a marqué la musique américaine dès le début des années 1960 avec une série de règles implicites : centre d'attraction tonal, grandes structures, petits éléments mélodiques en générant de nouveaux, pulsations rythmiques régulières comme principe unificateur du langage...
  • GÓRECKI HENRYK MIKOŁAJ (1933-2010)

    • Écrit par Patrick WIKLACZ
    • 1 247 mots

    Le compositeur polonais Henryk Mikołaj Górecki naît à Czernica, en Haute-Silésie, le 6 décembre 1933 (il est l'exact contemporain d'un autre grand compositeur polonais, Krzysztof Penderecki). En 1951, il commence à exercer le métier d'instituteur, avant d'entreprendre des études musicales approfondies...

  • IN C (T. Riley)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 266 mots

    Nourrie de la contre-culture californienne, s'inscrivant contre le sérialisme totalitaire prôné par Arnold Schönberg ou Pierre Boulez, la musique minimaliste – à laquelle se rattache le courant répétitif – naît au début des années 1960 aux États-Unis. Composée et créée à San Francisco...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi