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MICHEL VIII PALÉOLOGUE (1224-1282) empereur d'Orient (1261-1282)

Empereur de Nicée (1259-1261) puis empereur d'Orient (1261-1282), né en 1224, mort le 11 décembre 1282 en Thrace.

Descendant de plusieurs anciennes familles impériales (Doukas, Ange, Comnène), Michel passe une grande partie de sa jeunesse dans les palais impériaux de Nicée et de Nicomédie. Très tôt, il se révèle un fin comploteur. Quand il a vingt et un ans, l'empereur de Nicée Jean III Vatatzès l'accuse de trahison contre l'État, charge dont il se tire avec habileté. Plus tard, à la mort de l'empereur Théodore II Lascaris (1258), Michel est nommé régent du jeune fils de Théodore, Jean IV Lascaris. Couronné empereur de Nicée au début de l'année 1259, il cherche dès lors à usurper le trône. Fort de la victoire remportée à Pélagonia (Macédoine) contre le despote d'Épire et le prince d'Achaïe ainsi que de la prise de Constantinople en juillet 1261, Michel se débarrasse de Jean en lui faisant crever les yeux puis s'empare du trône. Il restaure ainsi l'Empire byzantin et fonde sa dernière et plus longue dynastie, celle des Paléologues.

Dès son accession au pouvoir, Michel VIII Paléologue se trouve dans une position précaire. Il est confronté à la rébellion des partisans des Lascaris en Asie Mineure et son empire est encerclé par des Latins désireux de reprendre le pouvoir. Baudouin II de Courtenay, dernier empereur latin de Constantinople, est particulièrement actif. Dans ses manœuvres pour recouvrer son trône, il noue une alliance diplomatique et matrimoniale avec Charles d'Anjou, le frère de Louis IX (Saint Louis). Sur invitation du pape, Charles se rend en Italie du Sud, dont il chasse les derniers représentants de la dynastie des Hohenstaufen, Manfred et Conradin, avant de poursuivre vers Palerme et Naples. Au-delà des Balkans, c'est Constantinople qu'il vise, espérant réunir l'Orient et l'Occident au sein d'un vaste empire.

Michel VIII obtient du pape qu'il empêche Charles d'attaquer Constantinople, promettant en échange d'œuvrer à l'union de l'Église grecque à celle de Rome. La plupart des sujets de l'empereur s'opposent violemment à cet accord pour des raisons dogmatiques. Ils rejettent notamment certains points de la liturgie latine, comme le Filioque (le Saint-Esprit procéderait « du Père et du Fils ») et l'utilisation du pain azyme. La plupart d'entre eux refusent surtout la suprématie ecclésiastique pontificale, qui pourrait restaurer la domination politique des Latins, voire conduire à l'assimilation culturelle du peuple byzantin.

En dépit de tous ces obstacles, l'union est finalement prononcée lors du deuxième concile de Lyon en 1274. Les Pères grecs opposent plusieurs arguments aux décisions du concile : tous les patriarches d'Orient ou leurs représentants n'étaient pas présents, aucun débat n'a été tenu sur les problèmes séparant les deux Églises et aucun concile ultérieur n'a déclaré celui de Lyon œcuménique (ils s'empresseront d'invalider ainsi l'union dès la mort de Michel VIII, en 1282). Pour des raisons politiques, Michel se bat néanmoins pour maintenir l'union. Mais, lorsque Charles d'Anjou réussit à faire élire au Saint-Siège son propre candidat, Martin IV, en 1281, ce dernier excommunie aussitôt Michel et déclare l'expédition que Charles prévoit contre Byzance sainte croisade contre les Grecs schismatiques. Afin de conquérir l'empire d'Orient, Charles a noué de nombreuses alliances avec la Sicile, certaines régions d'Italie, les dissidents grecs partisans des Lascaris, plusieurs territoires slaves des Balkans, Baudouin II, la France, Venise (qui cherche à supplanter son ennemi de longue date, Gênes) ainsi que le Saint-Siège.

La lutte diplomatique entre Charles d'Anjou et Michel s'intensifie. Charles[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et d'études religieuses à l'université Yale
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Deno John GEANAKOPLOS. MICHEL VIII PALÉOLOGUE (1224-1282) empereur d'Orient (1261-1282) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BYZANCE - L'Empire byzantin

    • Écrit par Universalis, José GROSDIDIER DE MATONS
    • 13 315 mots
    • 17 médias
    ...nord de Dyrrachium. La reprise de Constantinople apparaissait imminente ; les difficultés de Théodore II en Épire, sa mort prématurée et l'usurpation de Michel VIII la retardèrent de quelques années. En 1258, Michel VIII devait même faire face à une coalition du roi de Sicile Manfred, du despote d'Épire,...

Voir aussi