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AUBRY MARTINE (1950- )

Martine Aubry, 2007 - crédits : Philippe Huguen/ AFP

Martine Aubry, 2007

Femme politique et haute fonctionnaire française, Marine Aubry a été ministre et dirigeante du Parti socialiste. Fille de Jacques Delors, ancien ministre et ancien président de la Commission européenne, elle est née le 8 août 1950 à Paris. Elle gardera de son père et de son éducation familiale, imprégnée du « catholicisme de gauche », une certaine rigueur morale.

Martine Aubry est diplômée en 1972 de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'École nationale d’administration (ENA). Elle sort assez bien classée pour prétendre intégrer les grands corps, mais de manière inhabituelle demande une affectation au ministère du Travail et des Affaires sociales. Militante à la CFDT, elle entre au Parti socialiste (PS) en 1974 et y progresse en faisant valoir son expertise sur les questions économiques et sociales. Elle occupe, à partir de 1981, divers postes au ministère du Travail et des Affaires sociales, dans les cabinets de Jean Auroux, de Pierre Bérégovoy et au Conseil d'État. Entre 1989 et 1991, elle fait un passage par le privé et entre chez Pechiney dont elle devient la directrice adjointe. Elle tisse des liens privilégiés avec les milieux patronaux qu'elle gardera longtemps. En 1991, alors qu'elle n'a jamais affronté le suffrage universel, Martine Aubry est nommée ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle dans le gouvernement d'Édith Cresson, puis dans celui de Pierre Bérégovoy. Après la victoire de la droite, elle crée la Fondation agir contre l'exclusion (FACE) et cherche l'implantation locale dont elle est jusque-là dépourvue et qui lui permettrait de rester dans le jeu politique. Elle hésite entre plusieurs villes, accepte finalement la proposition de Pierre Mauroy qui veut préparer sa succession et devient à l'issue des élections municipales de 1995 la première adjointe de la mairie de Lille. Avec la victoire de la gauche plurielle en 1997, élue député du Nord, elle est nommée par Lionel Jospin ministre de l'Emploi et de la Solidarité. La numéro deux du gouvernement porte certaines des mesures les plus emblématiques du gouvernement de la gauche plurielle, comme la loi sur les 35 heures qui a porté son nom, les emplois-jeunes, la couverture maladie universelle (CMU), l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). On lui fait crédit d'avoir comblé le « trou » de la Sécurité sociale en 2000. Le caractère « autoritaire » de la réduction du temps de travail décidée par voie législative sans grande concertation et l'impact de cette loi en termes d'emploi, de limitation des salaires et de flexibilisation du marché du travail sont fortement débattus, mais elle n'a jamais cessé de défendre les 35 heures. Elle fonde en 2000 le club Réformer, groupe de réflexion politique avec Marylise Lebranchu, Jean Le Garrec, François Lamy, Adeline Hazan qui sont considérés comme ses proches mais ne constituera jamais un véritable courant au sein du PS. Le 18 octobre 2000, Martine Aubry démissionne du gouvernement pour préparer les élections municipales qu'elle remporte. La maire de Lille est néanmoins emportée par la double défaite des socialistes en 2002. Battue aux élections législatives par un novice en politique dans une circonscription jugée imprenable par la droite dans le Nord, elle prend du recul, se désinvestit au niveau national et se replie sur Lille. Elle peine à endosser le rôle de maire et des responsabilités locales auxquelles son parcours ne l'avait pas vraiment préparée. Elle doit s'accommoder d'une culture socialiste locale restée plutôt « guesdiste », dont elle ne maîtrise pas les codes, et du poids de Pierre Mauroy, qui est resté à la tête de la communauté urbaine de Lille et ne renonce pas à exercer son influence politique. Très exigeante avec son entourage, elle est jugée « psychorigide » par ses détracteurs. Mais on lui fait crédit de poursuivre le renouveau de la ville engagé par[...]

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Écrit par

  • : professeur de science politique à l'université de Lille

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Pour citer cet article

Rémi LEFEBVRE. AUBRY MARTINE (1950- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Martine Aubry, 2007 - crédits : Philippe Huguen/ AFP

Martine Aubry, 2007

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...un gouvernement dit de « gauche plurielle », avec l'ensemble des tendances qui l'ont au moins partiellement soutenu (P.C.F., Verts, Radicaux, M.D.C.). Martine Aubry obtient un grand ministère social et Dominique Strauss-Kahn un grand ministère économique. Laurent Fabius est élu président de l'Assemblée...
  • FRANCE (Le territoire et les hommes) - Un siècle de politique économique

    • Écrit par Pascal GAUCHON, Philippe LÉGÉ
    • 21 153 mots
    • 3 médias
    En 1993, la ministre du Travail, Martine Aubry, innove en introduisant de fortes incitations au travail à temps partiel, sous forme d'un abattement de 30 p. 100 des cotisations de Sécurité sociale pour une embauche à temps partiel ou pour une transformation d'emploi. Cette mesure sera reconduite par...
  • FRANCE - L'année politique 2009

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 4 725 mots
    Malgré une réconciliation d'apparence entre Martine Aubry et Ségolène Royal après la contestation par les partisans de la seconde de l'élection de la première à la tête du P.S. en 2008, certains « royalistes » ayant intégré la direction, les conflits entre les deux femmes, mais aussi entre d'autres...
  • FRANCE - L'année politique 2008

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 3 553 mots
    ...d'élargissement de la base traditionnelle du P.S., revendiquée par Ségolène Royal dans le cadre de la motion présentée par le maire de Lyon Gérard Collomb ; enfin, une voie d'apparence plus classique et ancrée dans la tradition socialiste, que représentait Martine Aubry. Le résultat, très en deçà des attentes,...

Voir aussi