Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DELORS JACQUES (1925-2023)

Jacques Delors - crédits : Patrick Robert/ Corbis/ Sygma/ Getty Images

Jacques Delors

Homme politique français, président de la Commission européenne de 1985 à 1995, Jacques Delors fut un ardent artisan de la construction communautaire.

Né le 20 juillet 1925 à Paris d'un père encaisseur à la Banque de France, c'est là qu'il entrera en 1945 après une licence de sciences économiques. Il complète sa formation en suivant les cours du Centre d'études supérieures de la banque. Il y est chef de service (1945-1962) et attaché au cabinet du directeur général des titres et du marché monétaire à la Banque de France (1950-1962).

Après cette carrière à la Banque de France, Jacques Delors aborde d'autres questions déjà plus politiques. Le commissaire général au Plan Pierre Massé l'appelle à ses côtés. Il devient chef du service des affaires sociales et culturelles au commissariat général au Plan (1962-1969). Il s'illustre, en 1963, comme rapporteur de la Commission des sages qui est chargée de trouver une issue à la grande grève des mineurs.

Cette carrière ne permettrait pas de comprendre pourquoi l'entrée de Jacques Delors au cabinet du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas en 1969, comme conseiller pour les affaires sociales et culturelles puis comme chargé de mission, a suscité tant de questions. En fait, parallèlement à son activité professionnelle, Jacques Delors a gardé une activité militante très importante. Catholique pratiquant, élevé notamment dans les patronages, l'homme s'est engagé très tôt sur le plan social puis politique. Adhérent du Mouvement républicain populaire (MRP) dès 1945, syndiqué la même année à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) – puis à la Confédération française démocratique du travail (CFDT) après la déconfessionnalisation de la centrale chrétienne –, Jacques Delors s'inscrit en même temps à La Vie nouvelle, un groupe de réflexion qui réunit des chrétiens de gauche. Il y crée la revue Citoyens 60, plus ouvertement politique, et travaille en liaison avec le club Jean-Moulin qui réunit d'éminents hommes de gauche appartenant à l'Administration. Il adhère même un temps au Parti socialiste unifié (PSU).

Pour la Chambre à majorité conservatrice élue en juin 1968, le conseiller social du nouveau Premier ministre apparaît comme le diable. D'autant que Jacques Delors ne reste pas inactif dans la construction de la « nouvelle société ». Il est notamment l'inventeur des contrats de progrès qui fondent la politique contractuelle. Il est aussi l'inspirateur de la loi sur la formation permanente (1971). Après le départ du Premier ministre en 1972, Jacques Delors se replie sur l'université Paris-Dauphine où il anime le centre de recherches Travail et société (1975-1979) en même temps qu'il crée un nouveau club : Échanges et projets (1974). De 1973 à 1979, il est membre du Conseil général de la Banque de France.

C'est en 1974 seulement qu'il rejoint le Parti socialiste (PS) où certains se méfient de lui. Il n'entre d'ailleurs au comité directeur qu'en 1979. Jacques Delors y sera délégué national pour les relations économiques internationales (1976-1981) et représentera son parti au Parlement européen dont il présidera la commission économique et monétaire (1979-1981). François Mitterrand lui saura gré de l'avoir soutenu au bon moment contre Michel Rocard. Le nouveau président de la République en fait le ministre de l'Économie et des Finances des trois gouvernements Mauroy (1981-1984). Jacques Chaban-Delmas l'avait choisi parce qu'il avait la confiance des syndicats, François Mitterrand parce qu'il a la confiance des milieux économiques, notamment sur le plan international.

Maître d'œuvre d'une vague de nationalisation d'entreprises industrielles et bancaires qu'il aurait préféré limiter à 51 % du capital, Jacques Delors[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef du service politique du Journal du dimanche
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Christian SAUVAGE. DELORS JACQUES (1925-2023) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Jacques Delors - crédits : Patrick Robert/ Corbis/ Sygma/ Getty Images

Jacques Delors

Jacques Delors et Margaret Thatcher, 1984 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Jacques Delors et Margaret Thatcher, 1984

Autres références

  • CHANGE - L'intégration monétaire européenne

    • Écrit par Christian BORDES
    • 14 365 mots
    • 6 médias
    ...unique et la libération des mouvements de capitaux rouvrent le débat sur la nature et l'avenir du S.M.E. et sur l'identité monétaire de la Communauté. Dans le cadre de la présidence allemande, les gouvernements et la Commission présentent leurs points de vue à ce sujet. Celui du gouvernement allemand...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Mitterrand (1981-1995)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 342 mots
    • 7 médias
    ...au même moment à une première dévaluation du franc. Ces difficultés génèrent les premières divisions de la majorité : à l'automne de 1981, Jacques Delors, ministre de l'Économie et des Finances, se prononce pour une pause dans les réformes, ce qui met le Premier ministre en situation difficile....
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...bonne. Mais son très mauvais score comme tête de liste aux européennes de 1994 le conduit à abandonner le leadership du parti et ses projets présidentiels. Jacques Delors, ministre de l'Économie et des Finances de 1981 à 1984, puis très actif président de la Commission européenne à Bruxelles, est alors sollicité,...
  • EURO

    • Écrit par Agnès BÉNASSY-QUÉRÉ
    • 6 252 mots
    • 3 médias
    ...mouvements de capitaux est achevée. C'est aussi à ce moment que les chefs d'État et de gouvernement confient à un second comité, présidé cette fois par Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, la rédaction d'un rapport proposant une stratégie pour unifier les monnaies européennes....
  • Afficher les 8 références

Voir aussi