JOSPIN LIONEL (1937- )

Homme politique français, Premier ministre de 1997 à 2002.

Lionel Jospin

Lionel Jospin

Lionel Jospin

Chef de file de l'opposition de gauche qui remporte les élections législatives au soir du 1er juin…

Le 3 avril 1993, lorsqu'il annonce, pour la première fois, son retrait de la vie politique, Lionel Jospin n'est plus rien. Ou presque. Simple conseiller général de Cintegabelle, en Haute-Garonne. « Sainte-Gamelle », ironise-t-on alors. Il vient d'être battu, comme tant d'autres, aux élections législatives. Un an plus tôt, il a perdu le portefeuille de l'Éducation nationale. L'ancien premier secrétaire du PS, celui dont L'Express s'interrogeait à sa une du 20 novembre 1981 : « Est-ce Jospin qui gouverne ? », voit même éclater son courant au sein du Parti socialiste.

C'est un homme seul, amer, lassé des combats internes contre son éternel rival Laurent Fabius, qui jette l'éponge et tente de rejoindre le corps diplomatique dont il est issu. Ironie du sort, il tente alors une démarche auprès du ministre des Affaires étrangères de l'époque Alain Juppé, qui ne donnera pas suite à sa demande d'ambassade. L'histoire ne dit pas si l'ancien Premier ministre l'a ensuite regretté.

Lionel Jospin, lui, ne regrette rien. « J'avais besoin de prendre du recul », expliquera-t-il lorsqu'il remettra un pied dans l'arène dès l'automne de 1993. « Traversée du bac à sable », ironisent ses adversaires. Celle-ci se prolonge néanmoins. On l'écoute à peine au congrès de Liévin, en novembre 1994, lorsque les socialistes n'ont d'yeux que pour Jacques Delors. Le renoncement de celui-ci dans la compétition présidentielle sera la chance de Lionel Jospin.

Candidat le 4 janvier 1995, il est investi par le PS un mois plus tard lorsqu'il triomphe du premier secrétaire d'alors, Henri Emmanuelli, un de ses anciens fidèles, par un score sans appel : 65 p. 100 contre 35 p. 100. C'est la première surprise. Après une campagne d'abord dominée par le duel Chirac-Balladur, mais au cours de laquelle il dira lui-même qu'il a « fendu l'armure », Lionel Jospin arrive en tête du premier tour, avec 23,3 p. 100 des voix. Et obtient au second tour le score alors inespéré pour la gauche de 47,4 p. 100. Il reconnaîtra quelques jours plus tard qu'il n'avait jamais cru gagner.

Tel est en effet Lionel Jospin : un mélange de franchise, qui désarçonne parfois ses partisans, et de rigueur morale (il préfère le terme d'« éthique ») qui lui vaut le respect de ses adversaires. Et surtout une maîtrise du temps qu'il a de nouveau appliquée en arrivant au gouvernement. « Je préfère provoquer des impatiences que des regrets », expliquait-il avant les élections législatives de 1997. « J'ai toujours eu l'habitude de suivre mon rythme et, jusqu'ici, je ne m'en suis pas mal trouvé », constate-t-il après sa victoire. Bref, dans le « droit d'inventaire » qu'il s'autorise sur l'action de François Mitterrand, il ne récuse pas le célèbre « donner du temps au temps ».

Lorsqu'il accède à Matignon, le 3 juin 1997, à près de soixante ans, il a déjà une longue carrière derrière lui. Il est né le 12 juillet 1937 à Meudon, dans une famille protestante. Son père, à la forte personnalité, est éducateur spécialisé, mais aussi un militant pacifiste et SFIO qui refusera le Programme commun et l'alliance avec le PC. Sa mère est sage-femme, et inculque à ses enfants le souci d'aider les autres. Il adhère au PSU par hostilité à la guerre d'Algérie, entre à l'ÉNA en 1963, en sort diplomate en 1965, ce qui le contraint à un devoir de réserve et le laisse spectateur de Mai-68. D'où une certaine frustration qui le pousse à quitter le Quai d'Orsay pour l'enseignement. Il décroche un poste de professeur d'économie à l'IUT de Sceaux.

C'est alors que la politique le rattrape enfin.[...]

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Écrit par

  • Bruno DIVE : journaliste éditorialiste à Sud Ouest
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

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Média

Lionel Jospin

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Autres références

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    • Écrit par Universalis, Blaise MAGNIN
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    Jusqu'à sa première élection à la mairie de Paris, en 2001, Bertrand Delanoë a longtemps souffert d'un déficit chronique de notoriété. L'homme n'avait pourtant rien d'un novice en politique : déjà député puis porte-parole du Parti socialiste (P.S.) en 1981, il est en fait un représentant...

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