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MALADIE DE LYME

La prévention contre les piqûres de tiques

Un vaccin a été commercialisé en 2002 mais retiré rapidement compte tenu de ses effets secondaires de type auto-immun. Il reposait sur le principe du transmission-blocking : l’hôte potentiel est vacciné contre des protéines essentielles au développement de la bactérie chez la tique et produit des anticorps, qui bloqueront la bactérie dans le vecteur, lors du repas de sang. Ainsi, les personnes à risque étaient immunisées avec une lipoprotéine de Borrelia, OspA, exprimée seulement chez la tique. L’immunisation des patients et la production d’anticorps contre cette protéine bloquaient chez la tique la migration de la bactérie de l’intestin vers les glandes salivaires empêchant ainsi la transmission. Le concept est repris en supprimant la partie de la protéine responsable de l’auto-immunité pour les recherches sur un nouveau vaccin.

La prévention primaire repose sur une protection mécanique efficace basée sur des vêtements couvrants et de couleur claire pour mieux repérer les tiques, un pantalon long rentré dans les chaussettes ou mieux le port de guêtres lors d’activités professionnelles ou de loisirs dans les biotopes colonisés par des tiques. Cette protection mécanique peut être complétée par l’utilisation de répulsifs cutanés dont l’utilisation est plus recommandée pour lutter contre les moustiques. Quatre molécules chimiques sont reconnues officiellement : le DEET, l’IR3535, le KBR3023 et le PMD (para-menthane-diol). Elles doivent être utilisées selon les recommandations officielles du ministère de la Santé. Les huiles essentielles sont trop volatiles pour être vraiment efficaces et peuvent être toxiques par les terpènes qu’elles contiennent. Les répulsifs vestimentaires à base de pyréthrines pourraient être également utilisés mais le recul sur l’utilisation prolongée de ces produits et leur passage transcutané reste insuffisant.

Aucune mesure ne protège totalement ; il convient donc après le retour d’une zone où Ixodes est présent de pratiquer un examen corporel minutieux notamment des zones humides que sont les aisselles, les organes génitaux, et le nombril sans oublier le cuir chevelu. Plus la tique est fixée de façon prolongée dans la peau, plus elle sera difficile à extraire car elle sécrète un cément autour de ses pièces piqueuses pour assurer une fixation efficace tout au long du repas sanguin. Le retrait de la tique doit être le plus précoce possible afin de limiter la transmission éventuelle de bactéries et de parasites. Le risque global de transmission en zone d’endémie après piqûre de tique est de 1 à 4 %. Il est recommandé de retirer les tiques fixées à la peau à l’aide d’une pince fine ou d’un tire-tique, en prenant soin d’attraper la tique au plus près de la peau et d’effectuer une traction. On peut mettre la tique sur un ruban adhésif et la jeter. Une antibioprophylaxie systématique après piqûre de tique n’est pas recommandée. Après extraction, il faut désinfecter le site de piqûre, se laver les mains et surveiller la zone de piqûre pendant quatre semaines au moins afin de contrôler l’apparition éventuelle d’un érythème migrant ou de signes généraux.

Le nombre de tiques a sensiblement augmenté dans notre environnement du fait de changements climatiques, socio-économiques et environnementaux. Dans les pays du Sud, ce sont surtout les tiques invasives, Amblyommavariegatum et Rhipicephalusmicroplus qui posent des problèmes socio-économiques impactant les élevages de bétail notamment. Dans l’hémisphère Nord, les populations de tiques Ixodes ont proliféré, le réchauffement climatique ayant modifié leur répartition : on trouve ces tiques plus haut en altitude et plus haut en latitude. Parallèlement à l’évolution des pratiques sylvicoles, les écosystèmes forestiers sont devenus par ailleurs très propices à cette prolifération.[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en parasitologie, université de Strasbourg, entomologiste médicale au Centre national de référence Lyme

Classification

Pour citer cet article

Nathalie BOULANGER. MALADIE DE LYME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Principales maladies transmises par les tiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Principales maladies transmises par les tiques

<em>Borrelia burgdorferi</em> - crédits : à gauche : eye of Science/ SPL France; à droite : Université de Strasbourg, centre national de référence des Borrélia

Borrelia burgdorferi

Rostre de tique (<em>Ixodes ricinus</em>) - crédits : David Gregory & Debbie Marshall/ Wellcome Library ; CC-BY

Rostre de tique (Ixodes ricinus)

Autres références

  • ACARIENS

    • Écrit par Jean-Louis CONNAT, Gabriel GACHELIN
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    Chez l'homme, les deux maladies les plus connues sont la maladie de Lyme et la gale. La première, rencontrée essentiellement dans les zones tempérées, est une infection bactérienne dont les atteintes chroniques peuvent être redoutables. Elle est propagée par les tiques qui transmettent, lors d'un repas...
  • BURGDORFER WILLY (1925-2014)

    • Écrit par Universalis
    • 434 mots

    Wilhelm (Willy) Burgdorfer est un chercheur américain né à Bâle, en Suisse, le 27 juin 1925. Il est surtout connu pour avoir découvert en 1981 la bactérie responsable de la maladie de Lyme, une infection propagée par les tiques, un spirochète plus tard baptisé Borrelia burgdorferi en...

  • MALADIES INFECTIEUSES ÉMERGENTES

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 8 030 mots
    • 7 médias
    La maladie de Lyme est un autre exemple de maladie dont le caractère de nouveauté est ambigu. Elle fait partie du groupe des maladies à tiques (tularémie, diverses borrélioses dont la maladie de Lyme, etc.) provoquées par des bactéries hébergées par les tiques et transmises lorsque ces dernières s’accrochent...
  • SURVEILLANCE DES INSECTES VECTEURS

    • Écrit par Yannick SIMONIN
    • 3 402 mots
    • 5 médias
    En Europe, une des principales maladies vectorielles humaines est liée aux tiques : il s’agit de la maladie de Lyme (dont l’agent responsable est la bactérie Borreliaburgdorferi). En France l’Anses, via son laboratoire de santé animale de Maisons-Alfort, étudie à la fois les tiques et les agents...

Voir aussi