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LYCÉE, Antiquité

Contemporains et successeurs

Dicéarque et Aristoxène abolissent la distinction entre l'âme et le corps. L'âme n'est qu'un certain état du corps, reflet de l'organisation physique.

Straton, surnommé le Physicien, accentue encore les tendances de Théophraste. En logique, il incline au nominalisme, cessant d'attribuer une réalité aux essences universelles et n'admettant plus que le signe et l'objet. En psychologie, il considère la pensée comme un mouvement, l'âme se mouvant et perdant, dans la pensée unie à la sensation, l'immobilité aristotélicienne. En métaphysique, il réduit la vie divine à la nature. En physique enfin, il corrige les définitions aristotéliciennes du lieu, de l'espace, du vide et du temps, admettant le vide dans l'univers et de l'immobile dans le temps. C'était là la conséquence du refus d'admettre, comme Aristote, l'existence d'un premier principe en dehors du monde, du temps et du mouvement.

Avec Lycon, le Lycée devient une école rhétorique. Le souverain bien est identifié comme « la joie authentique de l'âme », selon un mot de Clément d'Alexandrie qui le cite sans l'expliquer.

La question la plus importante qui demeure ouverte est de savoir si Aristote a été ou non trahi par Théophraste, et celui-ci par ses successeurs. L'image d'un déclin est peut-être trop aisément admise. Au xixe siècle, P. Janet disait de Straton ce que Leibniz disait de Spinoza à propos de Descartes : « Il a cultivé quelques mauvaises semences contenues dans la philosophie d'Aristote. » Mais il se pourrait que Théophraste reflétât la dernière pensée de son maître, et la question ne peut être tranchée que par les études entreprises depuis W. Jaeger sur les développements de la pensée aristotélicienne. Dans ce cas, ce n'est pas Théophraste qui aurait trahi, mais les restaurateurs plus tardifs de la pensée d'Aristote : Andronicos de Rhodes, éditeur du Corpus (vers 60 av. J.-C.), Nicolas de Damas et surtout Alexandre d'Aphrodise (fin du iie siècle).

— Jean-Paul DUMONT

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Pour citer cet article

Jean-Paul DUMONT. LYCÉE, Antiquité [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...choses. Aristote était en avance sur son temps : il ne sera compris ni de ses contemporains ni même de ses disciples. L'école qu'il avait fondée en 335, le Lycée, sombrera rapidement dans le morcellement des disciplines, qu'Aristote avait voulu surmonter. Si Théophraste (env. 360-280) prolonge timidement...
  • ARISTOTE (env. 385-322 av. J.-C.)

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 23 786 mots
    • 2 médias
    À la mort de Philippe (335-334), Alexandre monte sur le trône. Aristote retourne à Athènes, où il fonde le Lycée, ou Peripatos (sorte de péristyle où l'on se promenait en discutant), école rivale de l'Académie. Il y enseigne pendant douze ans.
  • ÉPICURE (341-270 av. J.-C.)

    • Écrit par Graziano ARRIGHETTI
    • 6 221 mots
    • 2 médias
    ...le monde, même les femmes, et parmi elles les hétaïres et les esclaves. Cet élément constituait une différence très importante avec l' Académie et le Lycée. L'Académie s'adressait à une élite au sein de laquelle on se proposait de recruter et de former les parfaits gouvernants d'un État idéal ; elle...
  • STRATON DE LAMPSAQUE (env. 330-env. 270 av. J.-C.)

    • Écrit par Michel GAREL
    • 946 mots

    Philosophe péripatéticien. Également surnommé le Physicien. Disciple de Théophraste, Straton succéda à ce dernier comme chef de file du Lycée, position qu'il occupa pendant dix-huit ans. Il fut sans doute, pendant un temps, le précepteur de Ptolémée II Philadelphe et jouit de la protection...

Voir aussi