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PAULING LINUS CARL (1901-1994)

La lutte contre les essais nucléaires

En pleine guerre froide, la lutte de Pauling contre les essais nucléaires dans l'atmosphère eut deux aspects : l'action du citoyen militant pour leur cessation, dans un esprit de pacifisme et de désarmement généralisé, et l'analyse scientifique des arguments avancés par les tenants des essais d'armes nucléaires. Ces derniers minimisaient les effets nocifs des retombées radioactives. Ils s'efforçaient de convaincre la communauté scientifique que la radioactivité induite était sans risque, qu'elle restait en deçà d'un seuil de nocivité. Pauling publia trois études sur le sujet, en 1958-1959. La première montra que le carbone 14, ignoré jusque-là des spécialistes, était de 14 à 200 fois plus dangereux encore que le strontium 90. La deuxième et la troisième montrèrent, justement à propos du strontium 90, que le risque de cancers augmentait de manière linéaire avec l'exposition, et qu'il n'y avait pas de seuil pour que des mutations commencent à intervenir. Pauling se basa sur une fine étude statistique des résultats de la littérature. Sa campagne contre les essais nucléaires fut efficace, puisqu'elle contribua à ce qu'ils deviennent souterrains. Elle valut à Pauling son second prix Nobel, pour la paix, en 1962.

La force de Pauling fut celle d'un généraliste inspiré. Superbe orateur et brillant conférencier, il incarna une image chaleureuse de la chimie du xxe siècle. Visionnaire, il sut s'entourer de personnages aptes à l'empêcher de se tromper grossièrement ou de s'égarer. Néanmoins, il commit des erreurs ; par exemple quant à la structure du diborane, ou à l'inexistence de composés des gaz rares. Il était dogmatique à l'occasion, et avait des jugements tranchés. Époux admiratif de sa femme Ava Helen (1903-1981) – qui milita aussi pour la paix, en particulier au sein de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté –, il négligea leurs enfants, qui en souffrirent. Il mourut le 19 août 1994 à Big Sur (Californie).

Fondé en 1973 par Pauling à Menlo Park (Californie), l'Institut de médecine orthomoléculaire a été renommé Institut Linus Pauling de science et médecine, puis transféré en 1996 sous le nom d'Institut Linus Pauling à l'université de l'État d'Oregon, où fut instituée une chaire Ava Helen Pauling.

— Pierre LASZLO

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'École polytechnique et à l'université de Liège (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Pierre LASZLO. PAULING LINUS CARL (1901-1994) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Linus Pauling - crédits : Tom Hollyman/ Science source/ SPL

Linus Pauling

Linus Carl Pauling, 1955 - crédits : Reproduced with permission of the Ava Helen and Linus Pauling Papers, Oregon State University Library

Linus Carl Pauling, 1955

Autres références

  • PAULING ET LES PROTÉINES

    • Écrit par Paul MAZLIAK
    • 231 mots
    • 1 média

    Après avoir appliqué la mécanique quantique aux liaisons chimiques et défini les liaisons faibles, Linus Pauling (1901-1994) se consacra à l'étude des protéines. Il élabora, en 1951, la structure secondaire des protéines fibrillaires (kératine des cheveux, fibroïne de la soie, etc.), point de départ...

  • ABZYMES

    • Écrit par Joël CHOPINEAU, Universalis, Alain FRIBOULET, Sabine PILLE, Daniel THOMAS
    • 1 038 mots

    Le concept d'anticorps catalytique, ou abzyme (contraction d’antibodyet enzyme), fut énoncé dès les années 1940 par Linus Pauling. S’appuyant sur le fait que la réaction chimique de transformation d'une molécule en une autre passe par un état de transition, qui représente...

  • ACIDES & BASES

    • Écrit par Yves GAUTIER, Pierre SOUCHAY
    • 12 364 mots
    • 7 médias
    En chimie minérale, la règle de Pauling, approximative mais utile, donne la force en fonction du nombre n d'oxygènes non unis à H :
  • ANTIMOINE

    • Écrit par Universalis, Jean PERROTEY
    • 3 875 mots
    • 3 médias
    ...), ce qui prouve que les atomes d'antimoine sont tous au même degré d'oxydation et non pas moitié de degré III et moitié de degré V. Pour expliquer ces faits, Linus Pauling a suggéré qu'il pourrait s'agir d'un cas de mésomérie, la formule réelle étant intermédiaire...
  • CHIMIE THÉORIQUE

    • Écrit par Lionel SALEM, François VOLATRON
    • 4 288 mots
    • 10 médias
    ...à ces deux structures. Chimiquement, cette construction est d'autant plus satisfaisante qu'elle s'accorde avec la notion de résonance introduite par Pauling, dans laquelle la molécule de benzène est supposée en quelque sorte alterner entre ces deux structures (ou en tout état de cause emprunter ses...
  • Afficher les 15 références

Voir aussi