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LIBYE

Nom officiel

Libye (LY)

    Chef de l'État

    Mohamed Younes el-Menfi (depuis 10 mars 2021)

      Chef du gouvernement

      Abdel Hamid Dbeibah (depuis le 15 mars 2021)

        Capitale

        Tripoli

          Langue officielle

          Arabe

            Unité monétaire

            Dinar libyen (LYD)

              Population (estim.) 7 820 000 (2024)
                Superficie 1 676 198 km²

                  La Libye moderne

                  Mouammar Kadhafi, 1973 - crédits : Michel Artault/ Gamma-Rapho/ Getty Images

                  Mouammar Kadhafi, 1973

                  Le coup d'État militaire du 1er septembre 1969 et la construction progressive d'un régime révolutionnaire original ouvrent pour la Libye une période nouvelle. Au cœur du nouveau système se trouve le colonel Mouammar Kadhafi, âgé alors de vingt-sept ans. Ce jeune officier, issu d'une tribu bédouine du désert de Syrte, avait développé, dès l'adolescence, une sensibilité nassérienne, qui se mêlait à sa formation coranique traditionnelle. Dès avant son entrée à l'Académie militaire, il avait mis en place tout un réseau de jeunes nationalistes, généralement issus comme lui de tribus n'appartenant pas aux cercles du pouvoir, qui s'était activé, durant la seconde moitié des années 1960 à envisager l'éventualité d'un renversement d'un régime monarchique qu'ils estimaient incapable de sortir le pays de la logique de soumission à un ordre extérieur qui avait été, à leurs yeux, confirmée malgré la fin de l'occupation italienne.

                  La mise en place d'un régime révolutionnaire

                  Une fois arrivé au pouvoir, le colonel Kadhafi pose les bases d'un régime dont l'architecture est totalement renouvelée. Il s'agit d'une république, dont les fondements idéologiques sont peu à peu définis selon une voie qui mêle nationalisme, références à la société traditionnelle ou à l'islam, et marxisme. Les bases militaires anglaises et américaines sont fermées. Pour son armement, la Libye se tourne d'abord vers la France (mais celle-ci est rapidement réticente quant à la livraison d'avions de combat de type Mirage), puis surtout vers l'Union soviétique. En 1970, les biens italiens sont confisqués, les banques nationalisées. Mais le régime procède avec beaucoup plus de circonspection avec le secteur pétrolier, qui fournit la presque totalité de ses revenus au pays. Plutôt que de s'attaquer aux compagnies étrangères, la stratégie gouvernementale est de diviser pour régner, tout en tâchant de renforcer les prérogatives de la compagnie nationale. Cette tactique s'accompagne de la création d'un comité des prix du pétrole, qui est placé sous la responsabilité d'Abdesselam Jalloud, personnage clé du nouveau régime dans cette période de fondation, qui devient ministre de l'Économie (puis Premier ministre de 1972 à 1977). Le but de la stratégie pétrolière libyenne pendant les premières années de la révolution est de faire monter les prix et d'augmenter la part reversée par les compagnies concessionnaires, généralement étrangères, à l'État libyen, sans toutefois remettre en question le principe de la présence de sociétés et d'experts étrangers.

                  Sur le plan institutionnel, le tournant des années 1970 est également un moment fondateur. Un Conseil de commandement de la révolution (C.C.R.) est institué, sur lequel, de 1969 à 1972, le colonel Kadhafi parvient à asseoir sa domination en évinçant certains de ses compagnons d'armes. Il précise également sa pensée politique, qui irrigue les nouvelles institutions. Une Constitution est proclamée pour la nouvelle république arabe libyenne dès le mois de décembre 1969. C'est le C.C.R. qui désigne les ministres ; ceux-ci proviennent tous de ses rangs, sauf, dans un premier temps, pour le ministère du Pétrole, où l'on prend soin de ne pas s'aliéner les compétences issues du régime précédent. En novembre 1971 est proclamée une importante réorganisation administrative, qui prévoit notamment la création de gouvernorats (muhafadhat), de nouvelles municipalités et de districts (mudiriyyat). Cette réforme constitue assurément une tentative de contournement du lien jusque-là puissant entre structures administratives et instances tribales. Il s'agit également d'une tentative de modifier la composition sociale des structures de pouvoir, en[...]

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                  Écrit par

                  • : docteur en histoire, habilitée à diriger des recherches, chercheur D.F.G. au Zentrum Moderner Orient, Berlin
                  • : géographe, directeur de recherche au CNRS, université Paul-Valéry, Montpellier
                  • : professeur de lettres
                  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Pour citer cet article

                  Universalis, Nora LAFI, Olivier PLIEZ et Pierre ROSSI. LIBYE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

                  Médias

                  Libye : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Libye : carte physique

                  Libye : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Libye : drapeau

                  Libye : population et aménagement du territoire - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Libye : population et aménagement du territoire

                  Autres références

                  • LIBYE, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

                    • Écrit par Marc MICHEL
                    • 12 424 mots
                    • 24 médias
                    ...les aspirations de fractions ethniques locales. En Somalie italienne, les jeunes nationalistes « modernistes » se réclamaient d'une « Grande Somalie ». En Libye, la rivalité de l'Ouest et de l'Est compliqua le problème, au départ. Les dirigeants britanniques estimaient que la sécurité de la ...
                  • ARABIE SAOUDITE

                    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Ghassan SALAMÉ
                    • 25 169 mots
                    • 10 médias
                    En complément des Émiratis qui sont plus à l’avant (avec des déploiements sur le terrain), l’Arabie Saoudite intervient par ailleurs dans le conflit libyen en soutenant le projet militariste du général Haftar qui veut reprendre le contrôle du pays à partir de 2014 et à nouveau en 2019 – l’opération...
                  • BENGHAZI

                    • Écrit par Nora LAFI
                    • 409 mots

                    Benghazi est la capitale de la province libyenne de Cyrénaïque et la deuxième ville de Libye après Tripoli. L'agglomération compte environ 1 million d'habitants en 2010.

                    Située dans le golfe de Syrte, Benghazi est fondée en 525 av. J.-C., sous le nom d'Euhespéride. Elle connaît dans...

                  • CHINE - Politique étrangère contemporaine

                    • Écrit par Jean-Pierre CABESTAN
                    • 11 199 mots
                    • 6 médias
                    ...communauté internationale (Téhéran, Rangoon, Harare) et avec lesquelles il n’hésite pas à maintenir des rapports denses et multiples, notamment militaires. La crise libyenne survenue en février 2011 a confirmé cette ambiguïté. Il est vrai que, faisant état de « circonstances particulières », notamment la position...
                  • Afficher les 47 références

                  Voir aussi