Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

METTERNICH KLEMENS VON (1773-1859)

Metternich et Napoléon

Dès l'âge de trente ans, il est considéré comme l'un des meilleurs diplomates au service de l'Autriche, mais aussi comme l'un des adversaires acharnés de Napoléon, non par haine de la nation française, car Metternich n'est pas un sentimental et encore moins un nationaliste allemand, mais par conviction profonde ; selon lui, Napoléon incarne malgré tout l'idéal révolutionnaire et menace l'équilibre européen. Ministre d'Autriche à Berlin, c'est lui qui poussa la Prusse à rejoindre la troisième coalition ; c'est pourtant Napoléon lui-même qui, après la paix de Presbourg, le demanda comme ambassadeur d'Autriche à Paris.

À trente-trois ans, il recevait donc l'un des postes diplomatiques les plus importants pour l'Autriche ; du succès de sa mission dépendait la paix de l'Europe ; pour lui, comme pour son chef direct le chancelier Stadion, il s'agissait d'une trêve destinée à préparer la revanche de l'Autriche, ce qui ne l'empêchait pas de donner à sa mission un éclat qui préfigure les fastes dont brillera l'ambassade d'Autriche sous le second Empire. Tous ses rapports tendaient à déconseiller à son chef une rupture prématurée avec la France, car il considérait que l'armée française, même engagée en Espagne, était encore capable d'écraser l'armée autrichienne en six semaines.

Il ne voulait pas vraiment l'alliance française, il souhaitait seulement gagner du temps pour que son propre pays renforçât ses positions militaires, économiques et diplomatiques. Wagram devait lui donner raison et c'est lui que l'empereur François désigna, en octobre 1809, comme chancelier à la place de Stadion, dont l'œuvre avait été anéantie par l'entrée en guerre précipitée de l'Autriche.

Fidèle à la tactique définie à Paris, Metternich attendit l'été 1813 pour engager son pays contre la France et, pendant quatre ans, il poursuivit une politique de rapprochement avec Paris, négociant le mariage de l'archiduchesse Marie-Louise, envoyant même une armée en Russie sous les ordres du prince Schwarzenberg, dont le principal souci fut, il est vrai, de ne pas combattre les Russes.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean BÉRENGER. METTERNICH KLEMENS VON (1773-1859) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Klemens von Metternich - crédits : Courtesy of the MET museum ; OA

Klemens von Metternich

Klemens von Metternich, dessin - crédits : Courtesy of the Staatliche Kunstsammlungen, Dresde

Klemens von Metternich, dessin

Autres références

  • NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)

    • Écrit par Universalis, Jacques GODECHOT
    • 8 337 mots
    • 18 médias
    ...déclarer qu'ils ne combattaient pas le peuple de France mais seulement Napoléon. En novembre 1813, ce dernier avait rejeté les conditions proposées par le ministre des Affaires étrangères autrichien, le prince Klemens de Metternich, conditions qui auraient préservé les frontières naturelles de la France....
  • NAPOLÉON II (1811-1832) duc de Reichstadt, roi de Rome

    • Écrit par Jean TULARD
    • 556 mots

    La vie et la personnalité de Napoléon II, duc de Reichstadt, l'« Aiglon », fils de Napoléon, roi de Rome, prince de Parme, ont été tout à la fois obscurcies et embellies par la légende. Barthélemy et Méry créent en effet, sous la Restauration, un mythe bonapartiste : François...

  • SAINTE-ALLIANCE

    • Écrit par Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY
    • 646 mots
    • 1 média

    Dans l'usage commun, l'expression désigne aujourd'hui le système de réaction et de répression établi par les grandes monarchies absolutistes d'Europe après 1815 : « la ligue des rois contre les peuples ». Cette image résulte de la superposition de trois entités historiquement sensiblement différentes....

Voir aussi