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SAINTE-ALLIANCE

Dans l'usage commun, l'expression désigne aujourd'hui le système de réaction et de répression établi par les grandes monarchies absolutistes d'Europe après 1815 : « la ligue des rois contre les peuples ». Cette image résulte de la superposition de trois entités historiquement sensiblement différentes.

Alexandre I<sup>er</sup>, tsar de Russie - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Alexandre Ier, tsar de Russie

1. Le pacte primitif de la Sainte-Alliance, signé à Paris, le 26 septembre 1815, par les souverains d'Autriche, de Prusse et de Russie. Dû à l'initiative du tsar Alexandre Ier, c'était une déclaration de principes, rédigée dans le langage mystique et nébuleux du piétisme romantique de l'époque : les monarques s'engageaient à s'inspirer désormais, dans leurs relations, des préceptes du christianisme, et à se prêter assistance mutuelle dans un esprit de fraternité. L'influence que l'on a souvent attribuée à la baronne de Krüdener dans la conception de cet acte se borne à quelques formules de rédaction, car il est certain que l'idée première venait du tsar. Le pacte fut offert ensuite à l'adhésion des autres chefs d'États. Seuls osèrent se dérober le prince régent d'Angleterre, le pape et le président des États-Unis. Cet engagement, tout personnel, ne fut jamais considéré comme un instrument diplomatique ; néanmoins, il devait avoir une influence importante sur le comportement ultérieur du tsar.

2. La Quadruple-Alliance, signée à Paris, le 20 novembre 18 15, sur l'initiative de Castlereagh. C'était essentiellement un traité défensif destiné à garantir les vainqueurs de 1815 contre toute velléité de la France de répudier le traité de Paris ou de renverser la monarchie restaurée. Mais on y trouvait aussi l'ébauche d'une organisation internationale : l'article 6 prévoyait des réunions périodiques « consacrées aux grands intérêts communs » et au maintien de la paix. De là sortirent les grands congrès qui jalonnèrent la vie internationale au cours des années suivantes.

3. L'Alliance. Le premier de ces congrès, tenu à Aix-la-Chapelle en octobre-novembre 1818, devait réintégrer dans la communauté européenne la France qui avait scrupuleusement exécuté le traité de Paris. De ce fait, la Quadruple-Alliance, sans être dissoute, disparaissait à l'arrière-plan pour faire place à l'« Alliance » (on dit aussi la « Pentarchie ») : un directoire des grandes puissances, chargé d'une façon générale de maintenir l'ordre établi au congrès de Vienne, et dans l'esprit du pacte de septembre 1815. Cette tâche se trouva plus précisément définie au congrès de Troppau (octobre-décembre 1820), réuni pour aviser aux mouvements révolutionnaires qui avaient éclaté en Italie. Metternich, d'accord avec le tsar Alexandre, y fit proclamer un droit d'intervention en faveur de tous les gouvernements légitimes. L'Angleterre refusant cette extension des engagements de Paris et d'Aix-la-Chapelle et la France se réfugiant dans une position équivoque, cette alliance de Troppau ne liait que les trois monarques absolus, précisément les signataires premiers de la Sainte-Alliance, d'où la confusion signalée plus haut.

La France se rapprocha de cette triade lorsqu'au congrès de Vérone (1822) elle eut besoin de son appui pour intervenir en Espagne en faveur de l'absolutisme. Mais ce fut aussi l'occasion pour l'Angleterre de se détacher ouvertement et définitivement de ses anciens alliés. L'Alliance, telle que l'avait conçue Metternich, acheva de se dissoudre en 1826-1827 lorsque le tsar Nicolas Ier s'entendit directement avec l'Angleterre et la France pour régler le sort de la Grèce, en dépit des efforts de Metternich en faveur de la Turquie.

— Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY

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Alexandre I<sup>er</sup>, tsar de Russie - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Alexandre Ier, tsar de Russie

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