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JUDAÏSME Les institutions

Les organisations et leurs modèles

Dans un tel contexte, les institutions et organisations juives se regroupent en fonction de cinq sphères principales d'activité publique : la sphère religieuse et cultuelle (congregational) ; la sphère éducative et culturelle ; la sphère des relations extérieures et de la défense ; la sphère communautaire et sociale ; la sphère des relations avec Israël ou avec les juifs dans le monde. Nous nous bornerons ici à examiner la première. De ce point de vue religieux et cultuel, les synagogues contemporaines pourvoient aux fonctions à la fois rituelles et sociales, immédiatement personnelles ou interpersonnelles, que requiert la communauté ; et, dans la plupart des pays, elles le font principalement à travers des groupements particuliers fortement indépendants, qui ont localement le monopole de telles fonctions ; les confédérations de synagogues, les associations rabbiniques, les séminaires et les yeshivot exercent un monopole parallèle quant aux préoccupations religieuses et relatives à la halakha des communautés d'une nation. Les seules institutions de style nouveau qui aient émergé dans cette sphère au cours de l'après-guerre sont les centres de recherches et d'études religieuses, notamment des organismes comme le CLAL aux États-Unis et les instituts Pardes et Shalom Hartmann en Israël, qui offrent une instruction et une animation religieuses aux juifs désireux de reprendre contact avec leur tradition.

Localement, les groupements peuvent s'adjoindre des instances intéressant l'orthodoxie (éventuellement en relation avec le mouvement conservateur), par exemple un tribunal rabbinique ou un conseil de Cacherouth (pour les règles alimentaires). Dans des communautés plus importantes, on trouve aussi des « avant-postes orthodoxes », des yeshivot ou des branches du mouvement Loubavitch qui constituent (et essaient de développer) des circonscriptions spéciales. En outre, les communautés locales les plus vastes possèdent des organisations régionales « intercongrégationnelles » et des conseils de rabbins.

À l'échelle nationale, les synagogues peuvent être regroupées selon quatre modèles différents : en unions, en fédérations, en confédérations, en ligues ou selon une combinaison de tel et tel de ces modèles. La France et la Grande-Bretagne connaissent deux formes diverses d'union de Le Consistoire français, fondé à l'époque napoléonienne, obéit à un modèle centralisé classique. Il fut un véritable instrument de l'État pendant la plus grande partie du xixe siècle et jusqu'à la séparation des Églises et de l'État en 1905. Il est resté l'instance dominante de la communauté jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L'arrivée des juifs d'Afrique du Nord a élargi sa base sans changer fondamentalement ses structures. Deux autres institutions exercent une grande influence au sein de la communauté : le Fonds social juif unifié (FSJU) et le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), dont l'action, politique, s'exerce en particulier dans la solidarité avec l'État d'Israël. Cependant, le consistoire central conserve un rôle déterminant en métropole et dans les DOM-TOM, l'Alsace-Lorraine ayant un statut spécial en raison de particularités historiques qui ont fait d'elle un territoire longtemps disputé entre la France et l'Allemagne. Le grand rabbin de France, chef spirituel du judaïsme français, est membre de droit du Consistoire. Les synagogues sont généralement la propriété de l'association cultuelle locale et les rabbins sont en principe appointés par les institutions consistoriales correspondantes. L'organisme dominant en Grande-Bretagne, la Synagogue unie, est un peu moins centralisé que celui de France, comme il sied au tempérament britannique. Mais, là aussi, les[...]

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Écrit par

  • : N.M. Paterson Professorship of Intergovernmental Relations, président du Jerusalem Center for Public Affairs, director du Center for Study of Federalism, Temple University, États-Unis

Classification

Pour citer cet article

Daniel J. ELAZAR. JUDAÏSME - Les institutions [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADAM

    • Écrit par André-Marie DUBARLE
    • 1 758 mots

    En hébreu, le nom commun adam, toujours employé au singulier, signifie « homme » en tant qu'espèce et non en tant qu'individu de sexe masculin. L'étymologie en est discutée. Le récit de la Genèse(ii, 7) l'a rapproché du mot adamah, « terre », mais c'est peut-être là...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...influences moyen-orientales et méditerranéennes, l'Afrique du Nord et du Nord-Est a précocement adhéré à l'un ou l'autre des monothéismes nés au Moyen-Orient. Le judaïsme a longtemps été présent dans les villes du Maghreb, notamment au Maroc avec ses quartiers juifs, les mellâh. La plupart des juifs d'Afrique...
  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par Jean PÉPIN
    • 2 186 mots
    Ces diverses tendances philosophiques, dont la cohérence originelle était, on le voit, passablement ébranlée, se trouvaient d'autant plus aptes à intéresser une partie importante de la population d'Alexandrie : la communauté juive. L'implantation juive en Égypte est attestée dès le ...
  • ALLIANCE, histoire biblique

    • Écrit par Jacques PONS
    • 950 mots

    Nom donné, dans la Bible, à des contrats, à des promesses ou accords passés en forme rituelle et solennelle entre Dieu et des individus, entre Dieu et Israël, entre plusieurs individus ; ces alliances sont sanctionnées par un serment. Elles étaient, à l'origine, des instruments politiques...

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