Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JEAN CHRYSOSTOME (354 env.-407)

Scruter l'Écriture

Cependant, son œuvre fut avant tout d'enseignement. Jean avait souligné l'importance de cette mission doctrinale du prêtre dans son traité sur le sacerdoce ; il s'y est fidèlement tenu toute sa vie. Ni philosophe ni théologien, il ne cherche pas à faire une œuvre savante, mais une œuvre pastorale. Il s'adresse exclusivement à sa communauté et veut être compris de tous. Sa pensée s'exprime de façon simple et aisée. Le développement de son raisonnement est lent, reposant sur la variété, la répétition, la description, le souci de retenir l'attention sans lasser, selon des règles pédagogiques dont on ne peut contester la valeur. Cette œuvre pastorale, apparemment uniforme, est cependant très variée, comprenant en particulier des prédications de masse, des homélies de caractère liturgique, des exposés thématiques et les commentaires suivis de l'Écriture.

Il s'agit là d'un travail élaboré selon un plan précis. Familier des écrits de ses prédécesseurs et surtout d'Origène qu'il avait en grande estime, Chrysostome n'a pas innové quant à l'interprétation des textes. L'originalité de sa pensée vient de l'organisation de ces éléments autour de quelques thèmes typiques qui forment les pierres angulaires de son édifice doctrinal. Rejetant comme inaccessibles à la raison humaine les spéculations sur la Trinité et la vie divine, il réfléchit sur le mystère de l'Incarnation à la lumière de la foi, sur la condition de l'homme et sa destinée surnaturelle. Particulièrement sensible à la progression de la Révélation, condition indispensable de notre liberté, il souligne le caractère ambivalent de l'Écriture : parole de Dieu, elle contient des vérités qui dépassent l'entendement et sont du domaine de la foi, mais, parole adressée aux hommes, elle exprime ces vérités selon des modalités humaines, contingentes et limitées. L'exposé de la doctrine consiste donc à appliquer son intelligence à scruter les Écritures et à être attentif au message divin sous-jacent à l'écorce imparfaite de l'expression.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marie LEROUX. JEAN CHRYSOSTOME (354 env.-407) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANTIOCHE

    • Écrit par Pierre Thomas CAMELOT
    • 2 577 mots
    ...Tarse († av. 394), commente l'Ancien Testament, les Évangiles, les Actes des Apôtres, l'Épître aux Romains et la Ire Épître de saint Jean. Jean Chrysostome, diacre puis prêtre d'Antioche avant d'être évêque de Constantinople en 397 († 407), n'est pas un spécialiste de l'exégèse savante, mais...
  • CHÊNE CONCILE DU (403)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 369 mots

    Petit concile organisé par Théophile d'Alexandrie dans la riche villa du préfet Rufin (Ad Quercum), dans la banlieue de Chalcédoine. Des moines origénistes du désert de Nitrie (Égypte), pourchassés par Théophile, avaient, au nombre d'une cinquantaine, été accueillis, en 401, par l'évêque...

  • DELPHES

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN, Giulia SISSA
    • 9 618 mots
    • 9 médias
    Jean Chrysostome brosse un tableau plus naturaliste : la Pythie est assise sur le trépied d'Apollon, les cuisses écartées. Un esprit malin (pneuma ponèron) monte du bas, entre dans son vagin et la remplit de folie. Les cheveux épars, une écume lui coule de la bouche : elle fait la bacchante....
  • THÉOPHILE D'ALEXANDRIE (mort en 412)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 281 mots

    Patriarche d'Alexandrie de 384 à 412, Théophile a tenu un rôle de premier plan dans la politique civile et ecclésiastique de son temps. Avec le consentement tacite de l'empereur, il parvint, au prix de luttes sanglantes, à extirper d'Égypte le paganisme en détruisant les temples païens (Sérapéion,...

Voir aussi