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PÉREZ DE CUÉLLAR JAVIER (1920-2020)

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Diplomate de carrière et homme d'État péruvien, Javier Pérez de Cuéllar a été le cinquième secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, de janvier 1982 à décembre 1991. Né le 19 janvier 1920 à Lima (Pérou), jeune diplômé en droit, Javier Pérez de Cuéllar devient dès 1944 membre du service diplomatique péruvien, au sein duquel il exerce les fonctions de secrétaire d’ambassade en France, au Royaume-Uni, en Bolivie, ainsi que celles de conseiller et ministre conseiller à l’ambassade du Pérou au Brésil avant d’être élevé au rang d’ambassadeur en 1962, fonction qu’il exerce en Suisse, en Union soviétique, en Pologne, au Venezuela et finalement en France, de 2002 à 2004.

Un long compagnonnage avec l’ONU

Pérez de Cuéllar figure déjà dans la délégation péruvienne qui participe à la première Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies en 1946, avant d’être nommé en 1971 représentant permanent du Pérou auprès du Conseil de sécurité de l’ONU et de diriger les délégations péruviennes à toutes les sessions de l’Assemblée générale jusqu’en 1975, année où il est nommé représentant spécial à Chypre, poste qu’il occupe jusqu’en 1977. Mais sa renommée tient évidemment à sa fonction de cinquième secrétaire général des Nations unies, et au fait qu’il a su guider l’Organisation au service de la paix et de la sécurité internationales au cours de la période qui a vu la fin du monde bipolaire de l’après-guerre. En 1982, Javier Pérez de Cuéllar est le premier Latino-Américain à accéder à ce poste, auquel il est réélu en 1986. On doit à son action personnelle le redressement de l’image des Nations unies, qu’il a contribué à réhabiliter. Pérez de Cuéllar incarne en effet la renaissance de cette organisation. En 1988, l’ONU est redevenue une tribune prestigieuse pour les chefs d’État : c’est devant son Assemblée générale que les présidents Ronald Reagan et François Mitterrand lancent une croisade en faveur du désarmement chimique, de même que l’on y écoute, en décembre de la même année, Mikhaïl Gorbatchev annoncer la mise en œuvre de la perestroïka, qui scellera la fin de l’URSS.

Homme cultivé à la personnalité discrète et peu charismatique, armé de sérénité et de patience – qu’il estime être deux qualités essentielles pour mener à bien sa fonction –, Pérez de Cuéllar s’est fait l’apôtre du dialogue et de la « diplomatie sereine ». Il est célébré pour avoir œuvré au processus de pacification de plusieurs pays. L’attribution en 1988 du prix Nobel de la paix aux forces de maintien de la paix de l’ONU représente une consécration qui récompense non seulement les « casques bleus », mais aussi le secrétaire général de l’organisation. Il s’est d’ailleurs vu décerner en 1988 le prix Olof Palme de la compréhension internationale et de la sécurité collective et, l’année précédente, le prix Jawaharlal Nehru de la compréhension internationale. De fait, il reste associé à nombre de succès diplomatiques, tels que l’indépendance de la Namibie – à l’occasion de laquelle il prononce le discours d’accession à la pleine souveraineté du pays, l’affaire dont il se disait le plus fier –, ou la libération des otages du Liban. Cet « infatigable missionnaire de la paix » a aussi contribué au règlement de plusieurs conflits armés : retrait des troupes russes d’Afghanistan ; résolution du conflit sur la souveraineté des îles Malouines-Falkland entre l’Argentine et le Royaume-Uni ; cessez-le-feu de la guerre Iran-Irak ; remodelage politique au Cambodge ; accord de paix historique mettant fin à la guerre civile au Salvador. Mais sa mise à l’écart par le Conseil de sécurité durant la crise du Golfe de 1990-1991 (intervention internationale contre l’Irak) lui est reprochée par certains pays membres,[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités en anthropologie à l'université de Paris, laboratoire URMIS

Classification

Pour citer cet article

Valérie ROBIN AZEVEDO. PÉREZ DE CUÉLLAR JAVIER (1920-2020) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 11/01/2021

Autres références

  • ACTION HUMANITAIRE INTERNATIONALE

    • Écrit par et
    • 7 298 mots
    • 1 média
    ...toute la mesure de la révolution juridique que représente la dérogation au principe de non-ingérence, fondement de la société internationale. Écoutons Javier Pérez de Cuéllar, alors secrétaire général des Nations unies, évoquer, dans un discours prononcé à Bordeaux en avril 1991, l'esprit qui a présidé...
  • PÉROU

    • Écrit par , , , , et
    • 22 303 mots
    • 8 médias
    ...À l'élection présidentielle d'avril 1995, Fujimori est réélu, dès le premier tour, avec 64,4 % des suffrages face à l'ex-secrétaire général de l'ONU, Javier Pérez de Cuéllar, qui n'obtient que 21,8 % des voix. Le parti fujimoriste conserve la majorité absolue au Congrès et, le 14 juin, est votée la...