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JARDINS BOTANIQUES

De nouvelles perspectives

L'intérêt grandissant, au cours du xxe siècle, pour l'analyse des milieux a entraîné, au sein de divers jardins botaniques, des essais de reconstitution de certains groupements végétaux : ainsi peut-on parfois étudier près de l'école de botanique, une dune, une tourbière, une lande ou un étang. On a même tenté d'établir à Paris (1938-1939) un exemple de bois typique d'Île-de-France, avec ses essences, ses strates de végétation et son cycle phénologique. De telles réalisations, pour une pédagogie orientée vers l'écologie, demandent des suivis très spécialisés, d'où la préférence actuelle pour l'étude in situ.

Les préoccupations relatives à l'appauvrissement des flores, tropicales comme tempérées, ne sont pas nouvelles. Déjà en 1865, on envisageait des actions de protection dans la nature et par l'intermédiaire de jardins. Cependant, l'accélération et la généralisation des dégradations observées depuis les années 1920 engagent de nouvelles responsabilités. En 1935, le rôle des jardins botaniques pour le sauvetage des espèces rares est mis en relief. Dans les années 1960, des jardins botaniques pour la conservation et des sanctuaires jardinés voient le jour. Toutefois des structures plus spécialisées deviennent nécessaires. Celles-ci, ayant pour vocation majeure d'assurer la sauvegarde d'espèces végétales menacées, voire éteintes dans la nature – mais survivant en jardin et qu'il faut tenter de multiplier par des techniques adéquates – sont appelées conservatoires, bien que ce terme désigne aussi un établissement abritant des herbiers (par exemple, Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève). La France, pionnière en ce domaine, crée, entre 1975 et 1980, trois sites originaux, sous des climats différents : les conservatoires (devenus officiellement nationaux plus tard) de Brest (végétaux menacés des zones atlantiques et des îles océaniques), de Porquerolles (plantes méditerranéennes et de zones sèches, associé à Charance, près de Gap, pour la montagne, mais où l'on tente aussi de sauver les races anciennes de fruitiers menacées par le feu bactérien) et de Nancy-Le Montet (plantes continentales, avec une annexe dans les Vosges). Cette politique de création se poursuit aujourd'hui.

Deux autres orientations ouvertes vers le futur sont à mentionner. Le développement des parcs floraux, urbains ou péri-urbains, plus ou moins thématiques, illustre une demande émanant du public et mobilise des moyens financiers et humains dont souvent les structures purement scientifiques ne disposent pas. Sur un plan totalement différent, par le biais d'initiatives fréquemment individuelles, plusieurs pays ont constitué des collections végétales spécialisées : celles-ci visent à réunir, selon des règles strictes et dans une optique pérenne, le maximum d'espèces sauvages ou de races cultivées d'un groupe botanique bien circonscrit. On peut envisager des volets novateurs dans l'exploitation scientifique et pratique de telles collections.

Les champs d'activités des jardins botaniques, au travers de leurs diverses facettes, sont donc très variés ; la recherche dirigée vers une connaissance plus approfondie de la biodiversité végétale et vers la conservation des patrimoines génétiques – y compris les souches sauvages d'espèces cultivées – vient compléter, au niveau de la gestion des collections vivantes, les objectifs pédagogiques des écoles de botanique. Celles-ci demeurent néanmoins des instruments irremplaçables pour les enseignements de morphologie et de systématique, base indispensable pour appréhender les problèmes d'écologie comme ceux de la biologie, sous leurs aspects théoriques ou appliqués, par exemple en sciences de l'environnement.

— Gérard AYMONIN[...]

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Écrit par

  • : ancien professeur au Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Gérard AYMONIN. JARDINS BOTANIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jardin botanique de Kew - crédits : Heather Angel

Jardin botanique de Kew

Autres références

  • CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL DE BREST

    • Écrit par Luc GUIHARD
    • 1 626 mots
    • 2 médias
    ...vivante, par quelques militants qui dressaient le constat de la disparition des plantes sauvages sans que rien ne soit entrepris pour les préserver. La création d'un jardin botanique à vocation scientifique et éducative entièrement consacré aux plantes sauvages en danger d'extinction est lancée et se...
  • FONDATION DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 321 mots
    • 1 média

    L'ancêtre du Muséum est le Jardin des Plantes médicinales du roi, créé en 1635 par le médecin de Louis XIII, Gui de la Brosse. Quelques années plus tard, le Jardin possède déjà plus de deux mille espèces et l'on voit déjà poindre les spécificités actuelles du Muséum : collections (enrichies...

  • GHINI LUCA (1490-1556)

    • Écrit par Denis LAMY
    • 625 mots

    Médecin et botaniste italien, Luca Ghini créa les premiers jardins botaniques en Italie et fut promoteur de l’herbier au sens moderne du terme.

    Né à Croara, près d’Imola (Italie), Luca Ghini suit des études de médecine à l’université de Bologne et reçoit le 17 janvier 1527 le titre de docteur en...

  • HERBIER DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE

    • Écrit par Denis LAMY
    • 2 172 mots
    • 4 médias
    ... siècle, il faudra attendre la fin de ce siècle, voire le début du xviiie, pour que les premières collections de plantes séchées apparaissent au Jardin royal des plantes médicinales ( aujourd’hui Jardin des Plantes). En effet, ce lieu, créé en 1635 sous Louis XIII pour l’enseignement des plantes...
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Voir aussi