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JANISSAIRES

Nom francisé du principal corps de troupe de l'Empire ottoman (Yeni Čeri, « nouvelle troupe »), dont la création se situe dans la seconde moitié du xive siècle, sous le règne du sultan Mūrad Ier (1362-1389). Le recrutement des janissaires, d'abord effectué en prélevant un prisonnier de guerre sur cinq, se fait ensuite par le système de la devchirmé, ou ramassage de jeunes enfants dans les familles chrétiennes des Balkans ; élevés en milieu turc et musulman en Anatolie, ces enfants étaient ensuite affectés à l'odjāq des adjemi (littéralement, le « corps des étrangers ») de Gallipoli, d'où ils passent dans l'armée. Ce système de recrutement a duré jusqu'à la fin du xvie siècle, époque à partir de laquelle des musulmans d'origine ont pu s'enrôler dans l'armée ; c'est aussi à ce moment que l'obligation du célibat pour les janissaires n'a plus été respectée. Le corps (odjāq) des janissaires, commandé par un agha , est divisé en orta (165, puis 196), eux-mêmes divisés en oda (chambrées). Le nombre des janissaires a varié d'environ 8 000 à la fin du xive et au début du xve siècle, à 12 000 sous le règne de Soliman le Magnifique, 26 000 à la fin du xvie siècle, 55 000 en 1653 pour redescendre à 30 000 dans les années suivantes et remonter à 70 000 en 1700 ; il a varié de 35 000 à 65 000 jusqu'au début du xixe siècle. Les janissaires ont été très liés avec la confrérie des derviches bektachis. Leur action militaire, valeureuse et redoutée des Européens jusqu'à la fin du xvie siècle, s'est doublée ensuite d'une action politique (assassinat du sultan Osman II en 1622, nombreuses révoltes aux xviie et xviiie s.) qui avait pour cause le refus de toute modernisation de leur corps. C'est seulement en 1826 que le sultan Mahmud II, en utilisant la force, est parvenu à réduire et à supprimer le corps des janissaires et à créer une armée de type moderne.

Les janissaires ont laissé en Europe centrale et orientale un souvenir de violence, de cruauté et de terreur souvent justifié. Pendant la période de grandeur de l'Empire ottoman, ils ont été les instruments des conquêtes et le soutien fidèle des sultans. Leurs vertus se sont dégradées en même temps que déclinait l'Empire ottoman.

— Robert MANTRAN

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

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