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FISHER IRVING (1867-1947)

L'intérêt

Après avoir explicité dans La Nature du capital et du revenu (The Nature of Capital and Income, 1908) la distinction entre revenu – flux de biens et services à travers le temps – et capital – stock de biens à un moment du temps dont la valeur est égale à la somme des flux nets de revenus qu'on peut attendre de son utilisation –, et précisé le lien entre le cycle économique, le taux d'intérêt et le capital, Fisher élabore une théorie de l'intérêt. Il pose les bases de sa théorie à l'aide de démonstrations géométriques dans son ouvrage de 1907 The Rate of Interest, puis la révisera quelques vingt années plus tard dans The Theory of Interest as Determined by Impatience to Spend Income and Opportunity to Invest, qui paraît en 1930 et dont le titre explicite bien les orientations choisies. En substance, Fisher explique que dans un monde « simple », le taux d'intérêt s'expliquerait par une préférence temporelle (la préférence pour le présent), à la manière de l'Autrichien Eugen von Böhm-Bawerk. Mais dans un monde complexe, intervient en plus la productivité du capital : le taux d'intérêt mesure le coût d'opportunité de l'utilisation du capital, c'est-à-dire ce que ce dernier rapporterait en étant placé à ce taux. Le taux d'intérêt dépend donc simultanément d'un élément subjectif, la préférence temporelle (elle-même fonction de la grandeur du revenu, de sa répartition dans le temps, des risques aussi bien liés aux événements qu'à la perception du revenu, de la psychologie personnelle de l'individu) et d'un élément objectif, l'opportunité du placement. Ce que Fisher illustre à travers trois types d'exploitations (agricole, forestière, minière) pour faire ressortir que plus le taux d'intérêt est bas et plus les investissements dans des processus de fabrication éloignés sont rentables et, inversement, que plus le taux d'intérêt est élevé et plus les producteurs privilégieront des processus à rendement proche. Fisher distingue le taux réel du taux nominal, ce dernier différant du premier en ce qu'il incorpore le taux anticipé d'inflation. Il se prononce contre l'impôt sur le revenu dont il considère qu'il constitue une double imposition parce qu'on impose le revenu dans sa source comme dans son utilisation réduisant ainsi l'accumulation du capital ; il suggère son remplacement par une taxe sur la consommation.

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Guy CAIRE. FISHER IRVING (1867-1947) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LE POUVOIR D'ACHAT DE LA MONNAIE, Irving Fisher - Fiche de lecture

    • Écrit par Nicolas CHAIGNEAU
    • 1 143 mots

    Avec cet ouvrage, l'Américain Irving Fisher (1867-1947), professeur à l'université de Yale, s'inscrit dans une tradition d'économistes (David Hume, David Ricardo, John Stuart Mill) qui prônent une approche dite réelle des phénomènes économiques. Selon cette tradition, il convient...

  • ANTICIPATIONS, économie

    • Écrit par Christian de BOISSIEU
    • 6 072 mots
    • 4 médias
    ...nominaux (ceux qui sont observés sur les marchés de capitaux) peuvent être décomposés comme la somme de taux d'intérêt « réels » et de l'inflation anticipée. Cette décomposition, suggérée par Irving Fisher (1930), part de l'idée que les créanciers sont dégagés d'illusion monétaire et qu'ils vont chercher à se...
  • CRISES FINANCIÈRES - Krachs boursiers

    • Écrit par Christophe BOUCHER
    • 4 296 mots
    • 13 médias
    ...définie par la stabilité politique et économique retrouvée et par l'essor des nouvelles technologies (radio, cinéma, automobile, aviation, etc.). Ainsi, en septembre 1929, quelques semaines avant le plus important krach qu'aient connu les États-Unis, Irving Fisher, celui-là même qui tentera quelques années...
  • FED (Federal Reserve System ou Système fédéral de réserve américain)

    • Écrit par Dominique LACOUE-LABARTHE
    • 8 588 mots
    • 1 média
    Le nouveau système n'est pas conçu, au départ, pour stabiliser les prix. La discipline de l'étalon or est censée assurer cette fonction. Du reste, malgré les efforts d'Irving Fisher, professeur à Yale, relayé par le très conservateur sénateur démocrate Robert Owen, coauteur, avec le représentant...
  • FRISCH RAGNAR (1895-1973)

    • Écrit par Vladimir Claude FISERA
    • 461 mots

    Titulaire du prix Nobel pour son rôle de pionnier en matière d'économétrie, Ragnar Frisch, né à Oslo, était le fils d'un célèbre orfèvre, Anton Frisch, et commença à s'initier à cette profession, selon une tradition familiale qui remontait à 1630. Il fit son propre apprentissage à l'entreprise...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi