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INONDATIONS

L'impact de l'homme sur les inondations

Contre les inondations dues aux crues des très grands fleuves, avec des bassins versants de plusieurs milliers ou dizaines de milliers de kilomètres carrés, il n'y a pas de parade parfaitement efficace. Les efforts publics et privés déployés de longue date pour protéger les champs d'inondation par des digues, trop souvent compris par les habitants comme devant les libérer définitivement du risque d'inondation, sont impuissants contre une crue d'ordre centennal, ce qui met en évidence les limites de ce type de stratégie et de protection.

Mais, pour les bassins versants de plus faible extension – de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres carrés –, qui sont majoritaires, les inondations ne sont pas toujours inévitables et, trop souvent, l'impact des aménagements est plus fautif que le climat. En principe, l'eau de pluie s'infiltre et rejoint d'abord l'humidité du sol, puis éventuellement une nappe d'eau souterraine. Le ruissellement, c'est-à-dire l'écoulement à la surface du sol, n'a lieu que s'il est impossible à l'eau de s'infiltrer.

Dans un cycle naturel, on estime que l'eau qui tombe du ciel s'évapore de nouveau, pour 60 à 70 p. 100, par l'intermédiaire des plantes. Ce qui demeure au sol est pour moitié, ou aux deux tiers, absorbé par le sol. Ainsi, mais avec des fluctuations importantes selon le climat et la géologie du sol, de 15 à 20 p. 100 de la pluie qui ruisselle va grossir rapidement les cours d'eau.

Ce cycle naturel est désormais perturbé par l'homme, qui modifie parfois dans des proportions considérables l'aspect physique d'un bassin versant. Il en est ainsi de certaines pratiques agricoles, celles par exemple qui, laissant les sols nus en hiver, favorisent le ruissellement, l'érosion et l'entraînement de fertilisants, en particulier du phosphore. Le déboisement et le remembrement des terres augmentent également le ruissellement. Depuis 1940, en France, on estime que plus de 150 000 kilomètres de haies et de palisses ont été détruites, autant de barrières naturelles qui freinaient le ruissellement des eaux vers les cours d'eau. Mais c'est probablement l'urbanisation de nombreux bassins versants dont les conséquences sont les plus notables et de nature à créer ou à accroître le risque de crue. Du point de vue hydrologique, la principale caractéristique de l'urbanisation réside dans l'imperméabilisation des surfaces – construction de bâtiments, de routes, de parcs de stationnement –, qui va favoriser le ruissellement aux dépens de l'infiltration. Au-delà du risque d'inondation, il y a aussi un risque de pollution. Les eaux de ruissellement urbaines entraînent en effet de nombreux déchets, poussières, hydrocarbures abandonnés ou répandus. Les eaux de ruissellement, en particulier celles qui s'écoulent les premières, peuvent être chargées et se révéler nocives pour les milieux récepteurs. Une averse même modeste survenue après une longue période sèche peut littéralement asphyxier un fleuve, provoquant une très importante mortalité de poissons.

Les zones particulièrement inondables, c'est-à-dire les lits majeurs des rivières, représentent des surfaces considérables, par exemple, pour la France, environ 7 p. 100 du territoire national. Or, ces zones, situées par définition au fond des vallées, constituent le lieu privilégié des voies de communication routières et ferroviaires, mais sont également susceptibles d'accueillir des activités agricoles, industrielles ou commerciales ainsi que des habitations. Le risque encouru, celui de l'inondation, a bien souvent conduit les communautés riveraines à mettre en place des mesures de protection locales. Celles-ci consistent le plus souvent à faciliter l'écoulement des[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Pour citer cet article

Yves GAUTIER. INONDATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Les crues et le lit majeur des rivières - crédits : VMGROUP

Les crues et le lit majeur des rivières

Crue de fleuve à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) - crédits : Fabian Sommer/ picture alliance/ Getty Images

Crue de fleuve à Francfort-sur-le-Main (Allemagne)

Les divers types de crues et les inondations dans le Gard en septembre 2002 - crédits : VMGROUP

Les divers types de crues et les inondations dans le Gard en septembre 2002

Autres références

  • INONDATIONS EN FRANCE

    • Écrit par Jean-Pierre CHALON
    • 1 371 mots
    • 2 médias

    Fin mai et début juin 2016, de nombreuses crues et inondations ont affecté une grande partie de l’Europe, provoquant dix-neuf morts et d'importants dégâts matériels en particulier en Allemagne, en France, en Belgique, en Suisse, en Autriche, en Moldavie et en Roumanie. En France, où l’on a enregistré...

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations continentales

    • Écrit par Roger COQUE
    • 5 056 mots
    • 12 médias
    Toute cause susceptible de provoquer un ralentissement du flot entraîne un état de surcharge. Un cas banal est celui du débordement des crues dans le lit d'inondation. Le freinage provoqué par la diminution de la profondeur et le rôle de piège joué par la végétation arborée et buissonnante...
  • BANGLADESH

    • Écrit par Alice BAILLAT, Universalis
    • 8 418 mots
    • 9 médias
    ...la vitalité de ce réseau hydrographique sont source de vie autant que de mort. Si la fertilité des terres du Bangladesh dépend de la crue des fleuves, ses inondations endommagent les infrastructures (routes, bâtiments, réseaux de communication, digues) et fragilisent une population déjà vulnérable....
  • BHOLA (cyclone de)

    • Écrit par Jean-Pierre CHALON
    • 1 250 mots
    • 2 médias
    Au nord du golfe du Bengale, le Bangladesh et le Bengale-Occidental (un État de l’Inde) sont en grande partie occupés par le delta du Gange-Brahmapoutre et se trouvent régulièrement confrontés à d’importantes inondations, conséquences des débordements de ces fleuves, en particulier au moment...
  • CAMBODGE

    • Écrit par Philippe DEVILLERS, Universalis, Manuelle FRANCK, Christian LECHERVY, Solange THIERRY
    • 25 909 mots
    • 24 médias
    ...de plaines rizicoles, d'étendues d'herbes et de forêts en une paillasse brune, piquetée de palmiers à sucre. Lors de la saison des pluies, en revanche, l'inondation recouvre pour partie les meilleures terres. Le cours du Tonlé Sap, qui récupère habituellement le trop-plein des eaux des lacs et se jette...
  • Afficher les 33 références

Voir aussi