Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HYPOPHYSE ou GLANDE PITUITAIRE

Syndromes antéhypophysaires

Ces syndromes sont complexes et variés, en raison de la multiplicité des fonctions de l'hypophyse et du retentissement des perturbations hypophysaires sur les glandes soumises à l'action de ses stimulines. Par ailleurs, le siège intracrânien de la glande, au contact du chiasma optique et au voisinage de la base du cerveau, explique l'intrication fréquente des troubles endocriniens avec des syndromes neurologiques primitifs ou secondaires.

Acromégalie et gigantisme

L'acromégalie et le gigantisme sont tous deux l'expression d'un hyperéosinophilisme hypophysaire, c'est-à-dire d'une sécrétion excessive d'hormone de croissance par les cellules éosinophiles classiques de l'antéhypophyse. La différence entre ces deux syndromes tient à l'âge auquel commence à se manifester l'hyperactivité hormonale : avant ou après la puberté. Ils peuvent d'ailleurs se combiner.

L'acromégalie

L' acromégalie, décrite en 1886 par Pierre Marie, est pratiquement toujours liée à une tumeur, le plus souvent bénigne (adénome), exceptionnellement maligne (carcinome), développée aux dépens des cellules éosinophiles. Aux signes proprement endocriniens, se joignent tôt ou tard des signes neurologiques dus à la compression des organes nerveux voisins. La maladie frappe des sujets jeunes, de vingt à quarante ans, de façon insidieuse et très lentement progressive.

Les signes endocriniens sont surtout d'ordre morphologique. C'est à eux que la maladie doit son nom (akros : saillie, extrémité ; mégas : grand). L'excès d' hormone somatotrope entraîne une reprise de la croissance de tous les tissus, et principalement du squelette. Mais, la soudure des cartilages de conjugaison étant achevée, le sujet ne peut plus grandir. Il s'accroît en épaisseur et se déforme, l'hypertrophie étant surtout apparente aux extrémités.

Les mains épaisses et larges, prennent un aspect « en bêche », « en battoir ». Les paumes sont comme « capitonnées ». Le malade doit augmenter la pointure de ses gants, de ses souliers, de son chapeau. Le faciès subit des modifications caractéristiques : allongement antéro-postérieur du crâne ; développement excessif des arcades sourcilières ; épaississement du nez, des pommettes ; allongement du menton avec projection en avant de la mâchoire inférieure. L'épaississement des narines, des lèvres, des oreilles et surtout de la langue (macroglossie) est manifeste. Tout le squelette participe au processus : les clavicules et les côtes sont épaissies et proéminentes ; la saillie antérieure du sternum et le dos arrondi évoquent l'aspect du polichinelle. L'hypertrophie du larynx modifie le timbre de la voix. Ces déformations se font généralement sans douleurs ; il existe pourtant des formes « rhumatoïdes ». Tous les viscères sont hypertrophiés (splanchnomégalie) : le foie, les reins, le cœur. Les radiographies du squelette montrent l'épaississement des os, et souvent, au voisinage des articulations, des productions bourgeonnantes « ostéophytiques ».

À ces symptômes morphologiques, se joignent des troubles métaboliques résultant directement ou indirectement de l'excès d'hormone somatotrope : élévation du phosphore minéral du sang ; diminution de l'excrétion urinaire des phosphates ; augmentation du sucre sanguin, allant dans presque la moitié des cas non traités jusqu'à un véritable diabète ; élévation du métabolisme basal par augmentation directe des oxydations cellulaires. La suppression des règles, fréquente chez la femme, est accompagnée d'un certain degré de virilisation. À une phase avancée, une impuissance sexuelle apparaît chez l'homme. Dans les deux sexes, on peut noter un écoulement anormal de lait.

Le tableau clinique est assez caractéristique pour[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur honoraire de clinique endocrinologique à la faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie nationale de médecine
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Jacques DECOURT et Universalis. HYPOPHYSE ou GLANDE PITUITAIRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système endocrinien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système endocrinien

Axe hypothalamo-hypophysaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Axe hypothalamo-hypophysaire

Pars intermedia - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pars intermedia

Autres références

  • AMÉNORRHÉE

    • Écrit par Jules SCEMLA
    • 442 mots

    Absence de flux menstruel qui peut se présenter dans des circonstances cliniques fort différentes. Physiologique pendant la grossesse et à la ménopause, l'aménorrhée peut être primaire ou secondaire. Dans les deux cas, elle nécessite une enquête méthodique très poussée pour en connaître...

  • ASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION (AMP) ou PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE (PMA)

    • Écrit par René FRYDMAN
    • 7 692 mots
    • 5 médias
    ...précédée par une phase de maturation des ovocytes pendant la phase folliculaire et suivie par une phase de préparation de l’endomètre appelée phase lutéale. Ce cycle est très précisément contrôlé par des hormones d’origine hypophysaire, une glande de la base du cerveau : la GnRH (gonadotrophine releasing...
  • CERVEAU HUMAIN

    • Écrit par André BOURGUIGNON, Cyrille KOUPERNIK, Pierre-Marie LLEDO, Bernard MAZOYER, Jean-Didier VINCENT
    • 12 782 mots
    • 9 médias
    ...la possibilité d'agir sur le reste de l'organisme, par l'intermédiaire des systèmes endocrine et nerveux végétatif dont il contrôle le fonctionnement. Tandis qu'une extension du plancher de l'hypothalamus (l'hypophyse postérieure ou neurohypophyse) libère deux hormones majeures, l'ocytocine...
  • CONTRACEPTION HORMONALE

    • Écrit par Chantal GUÉNIOT
    • 6 168 mots
    • 4 médias
    ...de la femme. Normalement, de la puberté à la ménopause, les ovaires sont en interaction constante avec deux structures situées dans le cerveau –  l'hypophyse et l'hypothalamus –, par l'intermédiaire des hormones qu'ils sécrètent : œstrogènes et progestérone pour les ovaires,...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi