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FOCILLON HENRI (1881-1943)

Plus d'un siècle après sa naissance, l'importance de la pensée d'Henri Focillon, théoricien et historien d'art, apparaît mieux. Sur le plan des méthodes, son « formalisme » a connu, en France, une certaine désaffection, à laquelle mirent fin les travaux de Jean Bony et de Robert Branner sur l'architecture gothique ; en Amérique, où prévalurent les méthodes issues de Ernst Cassirer sur la fonction symbolique du langage de l'art, George Kubler, Charles Seymour Jr., George H. Hamilton prolongèrent dans une large mesure la pensée de Focillon. Mais, plus que sa méthode – ou les idées de la Vie des formes –, ce sont sa pénétrante vision de l'œuvre d'art en tant qu'elle est le centre de l'étude – et non son prétexte – et la générosité de ses vues historiques qui se sont imposées à un grand nombre d'historiens de l'art.

Un écrivain, un professeur

Né à Dijon, Henri Focillon, fils d'un graveur de renom, fut marqué, dès son enfance, par la culture artistique d'un milieu où il rencontrait Eugène Carrière, Claude Monet, Auguste Rodin et l'écrivain et critique Gustave Geffroy. Il fit des études de lettres classiques à la Sorbonne et à l'École normale supérieure, mais s'orienta dès ce moment vers l'histoire de l'art, en entreprenant une thèse de doctorat sur Piranèse. Il séjourna à Rome, enseigna à Bourges et à Chartres, avant d'être appelé en 1913 à l'université de Lyon comme professeur d'histoire de l'art. Pendant ces années de jeunesse, il fit du journalisme politique, de la critique d'art, écrivit quelques essais littéraires et publia un ouvrage sur Benvenuto Cellini. À Lyon, de 1913 à 1925, il enseigna l'histoire de l'art moderne, s'intéressa à l'Orient et à l'Extrême-Orient, dirigea le musée des Beaux-Arts de la ville, rédigea une étude sur Raphaël, une autre sur l'art bouddhique, commença les deux volumes – parmi les plus importants de son œuvre historique – sur la peinture au xixe et au xxe siècle. En 1925, il fut appelé à la Sorbonne pour succéder à Émile Mâle à la chaire d'histoire de l'art médiéval, qu'il occupa jusqu'en 1937. C'est au Moyen Âge qu'il consacra désormais son principal effort de professeur et d'écrivain, sans abandonner pour cela l'étude de la gravure et de l'art moderne. Professeur, en outre, à l'université Yale à New Haven et, entre 1937 et 1939, au Collège de France (où il succédait à son ami Paul Valéry), il forma de nombreux disciples, tant en France qu'à l'étranger. En 1940, Focillon rejoignit, aux États-Unis, la France libre et s'employa, jusqu'à sa mort à New Haven, à lutter par la parole et par la plume pour la victoire des Alliés.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Louis GRODECKI. FOCILLON HENRI (1881-1943) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • VIE DES FORMES, Henri Focillon - Fiche de lecture

    • Écrit par Annamaria DUCCI
    • 1 345 mots

    Vie des formes est sans doute l'ouvrage le plus connu d'Henri Focillon (1881-1943). Publié à Paris en 1934, il avait été précédé par deux conférences prononcées en 1933 sur le même sujet. Il s'inscrit dans le droit fil des recherches consacrées aux lois qui gouvernent la composition des sculptures...

  • ART (Le discours sur l'art) - L'histoire de l'art

    • Écrit par André CHASTEL
    • 4 725 mots
    • 1 média
    Sensible à l'importance de toutes ces orientations et soucieux de les faire converger en une enquête cohérente, Focillon, dans la Vie des formes(Paris, 1934), rappelait éloquemment que « l'œuvre d'art n'existe qu'en tant que forme », mais que, d'autre part, la forme tend toujours à signifier autre...
  • BONY JEAN (1909-1995)

    • Écrit par Daniel RUSSO
    • 942 mots

    Historien français de l'art et de l'architecture du Moyen Âge. Pour le public cultivé, Jean Bony restera l'auteur de la synthèse magistrale sur l'Architecture gothique en France aux XIIe et XIIIe siècles, qu'il écrivit en anglais et que publia l'université de Berkeley...

  • ESPACE, architecture et esthétique

    • Écrit par Françoise CHOAY, Universalis, Jean GUIRAUD
    • 12 347 mots
    • 4 médias
    Faisant écho aux travaux de langue allemande, Henri Focillon donnait, dès la Vie des formes (1943), une formulation simplifiée mais éloquente de l'espace : « L'espace est le lieu de l'œuvre d'art ; [celle-ci] le définit et [...] le crée tel qu'il lui est nécessaire », et le privilège de l'architecture...
  • FORMALISME (arts)

    • Écrit par François-René MARTIN
    • 1 871 mots
    Pour autant, c'est Henri Focillon (1881-1943) qui devait donner à la pensée formaliste un de ses aboutissements les plus originaux. Là encore, le modèle architectural est essentiel : le développement de la sculpture romane est analysé par Focillon comme une dialectique subtile entre le mouvement de la...
  • Afficher les 10 références

Voir aussi