Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LORENTZ HENDRIK ANTOON (1853-1928)

Pendant toute la période qui précéda l'avènement de la théorie de la relativité et de la mécanique quantique, la figure du théoricien néerlandais Lorentz domina le monde de la physique théorique. Pour les physiciens contemporains, son nom est lié à l'invariance de Lorentz, propriété d'une loi qui garantit qu'elle entre dans le cadre de la relativité.

Lorentz est aussi le créateur de la théorie des électrons, première théorie systématique de la matière, conçue comme un ensemble de particules chargées, sources du champ électromagnétique.

Sa façon de travailler seul pourrait faire croire que Lorentz était fort éloigné de l'activité sociale. Rien n'est moins vrai. Il se consacrait très largement à la res publica. Pendant de longues années, non seulement il s'efforça de promouvoir la coopération intellectuelle internationale et le développement de l'instruction publique de son pays, mais il participa aussi aux grandes entreprises de l'État, comme la clôture du golfe du Zuiderzee.

Électromagnétisme

Les équations du champ électromagnétique

Peu d'années avant que Hendrik Antoon Lorentz commençât ses travaux scientifiques, James Clerk Maxwell avait synthétisé la connaissance des phénomènes électriques et magnétiques connus au moyen d'un système d'équations valable pour tout milieu matériel.

Maxwell définissait quatre champs, deux de nature électrique et deux de nature magnétique, fonctions de l'espace et du temps, et caractéristiques de l'état de tension de la matière dite pondérable. Comme les phénomènes électromagnétiques se présentent aussi dans le vide, on s'imaginait que le vide était rempli par une sorte de matière impondérable et mystérieuse, qu'on appelait l'éther lumineux. L'expérience montrait que, dans la matière pondérable, il existait entre les deux champs électriques une relation qui dépendait du milieu considéré ; dans le vide, ces deux champs étaient proportionnels. Les deux champs magnétiques étaient liés entre eux d'une manière analogue.

Lorentz réussit à simplifier et à clarifier cette théorie, en postulant que la matière n'est pas continue, mais formée d'une collection de particules électriquement chargées qui se trouvent dans le vide. Lorentz appelle ces particules microscopiques des électrons, d'où le nom, qu'on utilise toujours, de théorie des électrons ; mais il désigne indifféremment ainsi toutes les particules porteuses de charges positives ou négatives (dans la terminologie moderne : noyaux et électrons). Celles-ci produisent dans le vide qui les sépare un champ électromagnétique « microscopique », constitué d'un seul champ électrique et d'un seul champ magnétique. Lorentz décrit ces champs au moyen d'équations « microscopiques » élémentaires, puis il en déduit, par un procédé mathématique qui permet d'effectuer des moyennes statistiques sur un très grand nombre de particules, les équations de Maxwell, qui sont valables pour la matière considérée globalement et, donc, appelées souvent « macroscopiques ». Les équations ne contiennent plus que deux champs indépendants ; les deux autres champs introduits par Maxwell découlent de propriétés de la matière.

Propriétés optiques

Dans sa thèse de doctorat de 1875, intitulée Sur la théorie de la réflexion et de la réfraction de la lumière, Lorentz reprit une idée de Maxwell (1865), selon laquelle la lumière est une oscillation électromagnétique. Jusqu'à ce moment l'explication des lois de la réflexion et de la réfraction de la lumière était fondée sur la théorie ondulatoire de Huygens, élaborée par Fresnel en 1821, où l'on considérait la lumière comme le mouvement vibratoire d'un milieu élastique. Lorentz montra que ces lois pouvaient être déduites des équations[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'Institut de physique théorique de l'université d'Amsterdam
  • : professeur à l'Institut de physique théorique de l'université d'Amsterdam
  • : professeur à l'Institut de physique théorique de l'université d'Amsterdam.

Classification

Pour citer cet article

Sybren R. de GROOT, Leendert G. SUTTORP et Christiaan G. VAN WEERT. LORENTZ HENDRIK ANTOON (1853-1928) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ATOME

    • Écrit par José LEITE LOPES
    • 9 140 mots
    • 13 médias
    .... Dotés d'une charge négative, la plus petite déterminée expérimentalement jusqu'à nos jours, et d'une masse environ 2 000 fois plus petite que celle de l'atome d'hydrogène, les électrons ont été considérés parLorentz et Thomson comme des unités composantes de tous les atomes.
  • DIPOLAIRES MOMENTS

    • Écrit par Jean BARRIOL
    • 4 731 mots
    • 8 médias
    ...relation (1). Cet important problème du champ effectif, qui apparaît dans de nombreuses théories de la matière condensée, a été abordé en premier lieu par Hendrik Antoon Lorentz. Sa théorie permet de traiter le cas de substances de faible permittivité. C'est celui d'une solution diluée d'un constituant polaire...
  • ÉLECTRICITÉ - Histoire

    • Écrit par Jacques NICOLLE
    • 6 197 mots
    • 11 médias
    Par ses publications de 1892 et 1895, Henrik Antoon Lorentz (1853-1928) édifia une théorie des électrons en associant à chacune des charges un champ électrique et un champ magnétique, et ce à une échelle microscopique où peuvent s'appliquer les conceptions de Maxwell. Quand Stoney avait proposé le...
  • ÉLECTRONS

    • Écrit par Jean-Eudes AUGUSTIN, Bernard PIRE
    • 6 657 mots
    • 5 médias
    ...du « corpuscule cathodique » ou de l'« ion oscillant », effectuée respectivement par J. J. Thomson et par P. Zeeman, est fondée sur l'une des lois de H. A. Lorentz mise au point lors de l'élaboration d'une interprétation de l'électromagnétisme de Maxwell au moyen de courants de...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi