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MACMILLAN HAROLD (1894-1986)

Harold MacMillan, 1959 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Harold MacMillan, 1959

Premier ministre conservateur de la Grande-Bretagne, de 1957 à 1963. D'origine bourgeoise, apparenté à la haute aristocratie par son mariage, Harold MacMillan a représenté, dans les années trente, un courant réformateur au sein de son parti : il s'est alors fait l'avocat d'interventions étatiques plus poussées dans la vie économique et s'est signalé par son opposition aux accords de Munich. Sa véritable carrière gouvernementale commence avec le retour au pouvoir des conservateurs en 1951. Il établit alors sa réputation d'intelligence et d'efficacité par le succès de sa politique du logement. Dans le gouvernement Eden, il occupa successivement les Affaires étrangères et l'Échiquier. Il appartient au cercle étroit qui, dans l'establishment conservateur, participe aux grandes décisions ; ouvert à un conservatisme moderne qu'il a défendu dès 1946, il n'est pourtant pas suspect de nourrir des idées trop avancées. La démission d'Anthony Eden en 1957 fait de lui le candidat de la direction du parti au poste de Premier ministre. À ce poste, il sait exploiter avec habileté la conjoncture économique et, au prix de risques monétaires sérieux, accélère la croissance ; il peut proclamer en 1959 que l'Angleterre « n'a jamais été aussi bien » ; il répare le tort occasionné par l'expédition de Suez aux relations anglo-américaines, et ses liens personnels avec Eisenhower, puis avec Kennedy facilitent le rétablissement de rapports plus confiants. Avec beaucoup d'à-propos, il accepte la nécessité d'une décolonisation plus rapide, en particulier en Afrique, et accepte, en contrepartie du maintien du Commonwealth, une sortie « volontaire » de l'Union sud-africaine de l'organisation. Des difficultés économiques majeures, le rythme très saccadé de l'expansion, lié à des mesures périodiques de resserrement du crédit, le ramènent à ses anciennes conceptions dirigistes et il recherche, à partir de 1961, une planification souple en partie inspirée de l'exemple français. Un organisme de planification associant patrons, syndicats et gouvernement est fondé. Sensible aux succès du Marché commun européen, qui contraste avec les résultats quelque peu décevants de l'Association européenne de libre-échange, il pose la première candidature britannique au Marché commun en 1961. Alors que ses négociations personnelles avec le général de Gaulle avaient laissé entrevoir la possibilité d'une fructueuse coopération franco-britannique dans le domaine de la défense autonome de l'Europe, il déçoit profondément le président français en concluant avec les États-Unis les accords de Nassau et en faisant dépendre la force de frappe anglaise de l'assistance technique américaine ; d'où le veto opposé en 1963 par de Gaulle à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun. Cette même année voit le cabinet MacMillan secoué par le scandale Profumo aux relents d'espionnage et de sexe. Pour sauver son parti, le Premier ministre doit se retirer non sans favoriser le choix, jugé alors surprenant, de sir Alec Douglas-Home pour son successeur (oct. 1963). Il refusera par la suite tout titre de noblesse et se consacrera à la rédaction de ses Mémoires.

— Roland MARX

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. MACMILLAN HAROLD (1894-1986) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Harold MacMillan, 1959 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Harold MacMillan, 1959

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par Marc MICHEL
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    ...était à l'évidence dépassée. Un changement radical de politique en faveur des majorités noires était à prévoir. Ce fut l'objet essentiel de la tournée de Harold Macmillan dans les capitales africaines Accra, Lagos, Salisbury (l'actuelle Harare), Lusaka, Blantyre, Johannesburg, Pretoria et Le Cap, au...
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    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
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    ...succèdent : Winston Churchill jusqu'en 1955, où il cède la place à Anthony Eden qui, victime de l'échec de Suez et malade, doit démissionner et trouve en Harold Macmillan, en janvier 1957, le maître d'œuvre d'un nouveau départ. Le parti au pouvoir tire le plus grand profit de sa sagesse : il sait adopter...
  • ROYAUME-UNI - L'empire britannique

    • Écrit par Roland MARX
    • 21 770 mots
    • 43 médias
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