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GUILLAUME LE TACITURNE (1533-1584)

Le surnom de Taciturne qui fut donné au prince allemand Guillaume Ier d'Orange ne semble pas antérieur au xixe siècle, mais il illustre bien le secret dont s'entourait ce prince dans un siècle de méfiance et d'intolérance. Penseur et homme d'action, animé d'un patriotisme au-dessus du nationalisme, moderne dans ses idéaux démocratiques, fraternel, esprit libre et homme politique libéral, Guillaume le Taciturne a tenté de promouvoir dans le gouvernement des hommes les grandes leçons de l'humanisme. Ses échecs sont aussi capitaux que ses succès. Les uns et les autres ont contribué, en s'appuyant sur la fière devise « Je maintiendrai », à la réussite économique et sociale et à l'indépendance des Provinces-Unies.

Sous la protection de Charles Quint

Né à Dillenburg (actuel État de Hesse), le 24 avril 1533, Guillaume est l'aîné des cinq fils de Guillaume, comte de Nassau-Dillenburg, et de sa seconde femme Juliana, comtesse de Stolberg-Wernigerode, tous deux gagnés au luthéranisme. Héritier, à onze ans, de René de Chalon, son cousin, mort en 1544 sans enfant – la célèbre devise : « Je maintiendrai » est de Chalon –, il reçoit les possessions de celui-ci aux Pays-Bas et en Bourgogne, ainsi que la principauté d'Orange (enclavée dans le comtat Venaissin).

Il est autorisé par Charles Quint à recueillir ce riche héritage, à la condition d'être élevé à la cour de Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas. Entré dans la maison de l'empereur, il devient gentilhomme néerlandais et, en 1551, épouse Anne van Buren, de la famille d'Egmont. Très apprécié de Charles Quint, il reçoit en 1552 un important commandement aux frontières de Flandre et est nommé chevalier de la Toison d'Or en 1556.

En 1558, devenu membre du Conseil d'État de Bruxelles, il est désigné par Philippe II pour participer aux négociations de paix de Cateau-Cambrésis. Il est un des otages choisis par Henri II comme garants de l'exécution du traité (1559). De retour aux Pays-Bas, son influence grandit considérablement : Philippe II, avant de regagner l'Espagne, l'a nommé stadhouder de Hollande, de Zélande et d'Utrecht.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Maurice BRAURE et Universalis. GUILLAUME LE TACITURNE (1533-1584) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Prise de La Brielle - crédits : Henry Guttmann Collection/ Hulton Archive/ Getty Images

Prise de La Brielle

Autres références

  • GUEUX LES

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 949 mots
    • 1 média

    Né de l'opposition sociale, politique et religieuse à l'autorité de Philippe II dans les Flandres et les Pays-Bas du xvie siècle, le mouvement des « gueux » exprime à la fois le mécontentement populaire, responsable de la flambée d'iconoclasme, et les revendications des nobles...

  • INSURRECTION ANTI-ESPAGNOLE EN HOLLANDE

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 224 mots
    • 1 média

    Depuis les années 1530, la politique habsbourgeoise de réduction des libertés locales et la persécution antiprotestante créent un fort mécontentement dans les dix-sept provinces des Pays-Bas. En 1564, une première opposition, menée par de grands seigneurs catholiques (comte d'Egmont, Guillaume...

  • PAYS-BAS

    • Écrit par Christophe DE VOOGD, Universalis, Frédéric MAURO, Guido PEETERS, Christian VANDERMOTTEN
    • 35 732 mots
    • 23 médias
    ...financier, religieux et juridique. Devant l'arrivée du duc d'Albe et son installation à Bruxelles, beaucoup émigrèrent, entre autres le prince d'Orange, Guillaume le Taciturne. Ce dernier rassembla une petite armée et fit irruption aux Pays-Bas, mais il fut battu par le duc d'Albe près de Heiligerlee. Entre-temps,...
  • PROVINCES-UNIES (1579-1795)

    • Écrit par Anne WEGENER SLEESWIJK
    • 1 308 mots
    • 1 média

    Fédération « lâche » de provinces du nord des Pays-Bas formée lors de l'Union d'Utrecht (1579) et dissoute par le traité de La Haye (1795).

    Par l'Union d'Utrecht, les sept provinces calvinistes des Pays-Bas septentrionaux (Hollande, Zélande, Utrecht, Frise, Groningue, Gueldre et Overijssel)...

Voir aussi