GRÈCE Espace et société

Capitale Athènes
Langue officielle Grec
Population 10 405 588 habitants (2023)
    Superficie 131 960 km²

      Pays méditerranéen et balkanique par sa situation, la Grèce est en Europe un petit État, par son territoire et sa population : 10,8 millions d'habitants en 2011, très inégalement répartis sur 132 000 kilomètres carrés (densité moyenne 86 hab./km2). Mais, par sa signification historique et sa situation géographique, la Grèce dépasse ces dimensions restreintes. Les traditions multiséculaires d'émigration ont multiplié les points d'ancrage de la grécité. La fidélité des Grecs à leur langue, leur attachement à l'orthodoxie leur ont permis de survivre aux invasions et aux occupations. La Grèce est devenue ensuite, par sa position, une terre d'accueil pour des centaines de milliers d'immigrants, clandestins ou légaux, venus d'Europe orientale ou d'Asie. C'est un enrichissement démographique pour le pays qui a brutalement gagné 700 000 habitants au cours de la période intercensitaire (1991-2001), mais en a reperdu 150 000 lors de la période suivante. Ce fut surtout la condition du maintien de la croissance économique initiée depuis près d'un demi-siècle jusqu'à la crise financière de 2010.

      Grèce : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Grèce : carte administrative

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      En effet, après la période de reconstruction qui suivit la Seconde Guerre mondiale et une guerre civile particulièrement fratricide et meurtrière (1946-1949), la Grèce s'est engagée dans la voie du développement libéral. Elle lui apporta une véritable mutation de ses structures sociales et économiques. Dans le dernier quart du xxe siècle, deux événements importants ont accentué la solidarité qui lie la Grèce à l'Europe et, au-delà, à l'ensemble du monde occidental. En 1974, la chute du régime des colonels, après sept ans de dictature militaire, a ramené le pays au sein des régimes parlementaires. Le 1er janvier 1981, la Grèce est devenue membre de la Communauté économique européenne (Marché commun) et fait partie des États fondateurs de la zone euro. Cette précocité, en Méditerranée orientale et dans les Balkans, de la démocratie et d'une prospérité réelle, assure à la Grèce, malgré les ébranlements de 2010, une avance incontestable dans cette partie du monde.

      Le poids de l'histoire, le choc de la modernité

      Au-delà des traits de l'environnement (chaînes montagneuses et petites plaines intérieures ou littorales, proximité de la mer) et des contraintes de l'émiettement insulaire, l'organisation de l'espace imprime une continuité, qui rattache la Grèce contemporaine à la Grèce ancienne. Héritière de la cité-État de l'Antiquité, la petite ville est partout présente, constituant la véritable cellule de la vie de relation et de la production économique. Mais l'accélération des mobilités avec le désenclavement routier sur le continent, aérien et maritime dans les îles, a ajouté la proximité, physique et humaine, de la grande métropole moderne (4 millions d'habitants dans la région urbaine d'Athènes, 1 million dans la région de Thessalonique).

      Le second legs du patrimoine historique appartient à la Méditerranée orientale et aux Balkans. La Grèce du Nord reflète encore ces mosaïques de cultures qui caractérisaient l'Europe de l'Est et du centre. Pendant longtemps, le pays a pu passer pour homogène. Les bouleversements, entraînés notamment par la chute de l'Union soviétique, ont contribué depuis le début des années 1990 à diversifier cette réalité. Rapatriement de Grecs « pontiques », russophones, du Caucase ou d'Asie centrale, arrivée massive de travailleurs migrants, d'abord d'Albanie, puis de Bulgarie ou de Roumanie et d'Ukraine, contrats de travail d'ouvriers agricoles pakistanais ou de bonnes philippines, ont transformé la carte ethnique de la Grèce, et même son uniformité religieuse.

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      Les traces d'un cheminement spécifique retardé, propre à l'Europe orientale, se retrouvent dans la structure du peuplement ou la répartition des activités. Au recensement de 2001, la population réputée « rurale » (communes de moins de 2 000 habitants) et « semi-urbaine » (entre 2 000 et 10 000 habitants) représentait encore 40 p. 100 du total. Deux décennies plus tôt, elle regroupait 42 p. 100 de la population. Cette persistance de campagnes peuplées constitue une originalité incontestable de la répartition des habitants et de leurs activités. En fait, il s'agit largement d'une fiction statistique, entretenue par l'extrême mobilité résidentielle et économique des populations.

      Ces paradoxes et ces contrastes s'expliquent par l'irruption de la modernité dans le pays. La Grèce contemporaine a connu en moins d'un demi-siècle ce que la Méditerranée occidentale avait vécu en un demi-millénaire : la sédentarisation des derniers grands nomades, la descente des montagnards vers les plaines, l'exode rural vers les grandes agglomérations du pays, avant tout la première d'entre elles, Athènes et, enfin, les brassages de main-d'œuvre de la période contemporaine.

      Avant cette accélération de l'histoire, la nation grecque émerge en 1830 de plus de quatre siècles de domination ottomane. Avec la renaissance d'un État indépendant, sous la protection concurrente de l'Angleterre, de la France et de la Russie et l'arrivée sur un trône mal assuré d'un jeune roi bavarois, Othon, la grécité revient en Grèce et la diaspora regarde à nouveau vers Athènes. Désormais, la Grèce est une patrie. Il faut plus d'un siècle pour que ce recentrage de la nation s'achève et rassemble autour du petit royaume de 1830 les lambeaux de l'hellénisme continental et insulaire. De cette unité nationale, constituée par étapes, il reste une coupure vivace entre la « Vieille Grèce » du traité d'Andrinople de 1829, plus méridionale et méditerranéenne (Péloponnèse et Cyclades essentiellement), et la « Nouvelle Grèce », septentrionale et balkanique (Thessalie, Macédoine surtout). Demeure surtout l'héritage d'une organisation géographique très centralisée autour de sa capitale économique et politique.

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      Enfin, dans l'espace grec, le cosmopolitisme traditionnel des élites nationales tisse, à l'heure de la mondialisation, des liens d'association avec le capital international rarement égalés. Il s'agissait hier d'exploiter seulement les ressources du pays. S'ajoute aujourd'hui la capacité de s'imposer de façon compétitive dans les Balkans, au Moyen-Orient, et même en Afrique ou en Asie. Exemple caricatural dans le passé de la dépendance économique et politique, la Grèce devient en 2010 le témoin paradoxal de la crise mondiale : quasi-faillite de l'État, renfloué au prix de coupes budgétaires sévères par le F.M.I. et l'Union européenne (U.E.), maintien d'une certaine prospérité sociale assurée en partie par l'économie parallèle.

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      Écrit par

      • : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

      Classification

      Médias

      Grèce : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

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      Naoussa, Grèce - crédits : Photodisc World Landmarks and Travel V60

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