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GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) Du Moyen Âge à la période contemporaine

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Après Chomsky

Depuis les années 1970-1980, le champ linguistique universitaire est devenu une énorme machine traversée par de multiples conflits s'incarnant dans des réseaux théoriques et dessinant des lignes de forces connexes et adverses. Le mouvement générativiste a gardé sa force de polarisation. Mais, avec le programme minimaliste des années 1990, il a atteint une limite d'abstraction qui est comme un point d'aboutissement. Avec ses Nouveaux horizons dans l'étude du langage et de l'esprit (2005), Noam Chomsky a formulé quelques hypothèses hardies sur l'interprétation cognitiviste du fonctionnement du langage et sur les rapports entre les réseaux nerveux et les schémas linguistiques. Depuis les Foundations of Cognitive Grammar de Ronald Langacker (1987), l'approche sémantique de la syntaxe a été largement approfondie et répandue.

Quelques grandes lignes se dégagent pourtant, tendant en particulier à une quadripartition de domaines : la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique, chacun ayant ses spécialistes et ses modes d'appréhension théorique, ses chevauchements aussi.

La phonologie

Depuis The Sound Pattern de Noam Chomsky et Morris Halle, ensemble de règles de réécriture, plusieurs théories se sont dégagées (comme on le voit avec Pierre Encrevé et, plus récemment, Gabriel Bergounioux), d'une technologie extrêmement complexe. L'interprétation multilinéaire insistant sur l'indépendance des tons et des syllabes selon des règles de bonne formation (J. Goldsmith) sera suivie de la phonologie autosegmentale : les tons sont représentés sur une ligne indépendante des voyelles avec des lignes d'association entre tons et voyelles (nombreuses analyses portant sur des langues exotiques). Elle conduit à des règles d'association et de dissociation : par exemple, le trait nasal se dissocie de la position correspondant à la voyelle dans « bon ami ». En complément, une théorie métrique endosse le traitement des accents et de certains phénomènes rythmiques.

La dernière théorie est celle de l'« optimalité » qui inventorie des contraintes universelles, des contraintes valables pour un groupe de langues, ou encore spécifiques à une langue. Il s'agit de dégager les règles de bonne formation propres aux langues. Sur ces divers points, l'équipe française – a obtenu de remarquables résultats (Bernard Laks, Jean Lowenstamm, Jean-Roger Vergnaud).

La morphologie

La démarcation entre analyse lexicale et règles syntaxiques a lieu dans les années 1970, même s'il s'agit surtout d'articuler deux méthodes de travail. Au niveau du morphème, la correspondance entre son et sens s'effectue de multiples manières : la morphologie est réduite à ses aspects concaténatifs dans une démarche autonome, la syntaxe à ses règles de réécriture. Danielle Corbin est une des premières à avoir défini des règles de morphologie lexicale à la suite d'Aronoff. Comme support des règles, des unités lexicales Nom, Verbe, Adjectif ou Adverbe, Stephen Matthews distingue les lexèmes, bases des opérations morphologiques de construction (hors emploi) et les mots, unités lexicales telles qu'elles apparaissent dans les constructions syntaxiques.

Les travaux les plus récents s'inscrivent dans le courant générativiste en situant la structure des mots dans une théorie d'ensemble.

La syntaxe

La théorie générativiste a atteint une limite dans le programme minimaliste de Chomsky comme le montre J. Y. Pollock dans Langage et cognition (1997) qui a donné lieu à de nombreuses expansions (voir Recherches ling., PUV). L'équipe internationale de la Grammaire transformationnelle de Maurice Gross, dans la ligne des travaux de Z. S. Harris, a établi sur ordinateur l'inventaire de tables des structures verbales fondées sur des transformations, théorie dite de[...]

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Pour citer cet article

Jean-Claude CHEVALIER, Encyclopædia Universalis et Jean STÉFANINI. GRAMMAIRES (HISTOIRE DES) - Du Moyen Âge à la période contemporaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Autres références

  • ARABE (MONDE) - Langue

    • Écrit par
    • 9 385 mots
    • 3 médias
    ...c'est-à-dire qu'il en fût tiré un corps de règles, une claire description d'un usage devenu coercitif. La tradition impute l'initiative de la constitution d'une grammaire au calife ‘Alī, qui l'aurait ordonnée pour défendre précisément la pureté linguistique du texte sacré contre les risques de corruption que lui...
  • ARISTOPHANE DE BYZANCE (257 av. J.-C.?-? 180 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 192 mots

    Directeur de la bibliothèque d'Alexandrie vers ~ 195, Aristophane de Byzance publia une version d'Homère, la Théogonie d'Hésiode, Alcée, Pindare, Euripide, Aristophane et peut-être Anacréon. Un grand nombre des « arguments » qui figurent au début des manuscrits de comédies et...

  • BEAUZÉE NICOLAS (1717-1789)

    • Écrit par
    • 278 mots

    Né à Verdun, Beauzée s'attache d'abord aux sciences et aux mathématiques avant de s'intéresser à la grammaire. Lorsque Dumarsais meurt en 1756, Beauzée lui succède à la rédaction des articles de grammaire de l'Encyclopédie. Il publie en 1767 sa Grammaire générale ou...

  • CORAN (AL-QURĀN)

    • Écrit par et
    • 13 315 mots
    • 1 média
    ...qui faisait de la langue arabe en général, et du texte coranique en particulier, l'insurpassable expression de la transcendance elle-même. Commentaires grammaticaux et recherches philologiques n'ont donc pas été, dans l'Islam des origines et jusque dans le monde islamique contemporain, des disciplines...
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