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DESARTHE GÉRARD (1945- )

Gérard Desarthe est né en 1945 à Paris. À dix-sept ans, il trouve un exutoire à ses passions d'adolescent dans le théâtre. « J'étais en cavale, je fuyais la maison de correction, la cellule familiale, je traînais à Paris, je ne savais pas où bouffer, où dormir. » Des gens l'ont hébergé et aidé. Après différents petits boulots, puis quelques tentatives (La Remise, de Roger Planchon, puis Andorra de Max Frisch dans une mise en scène de Gabriel Garran en 1964), il commence son apprentissage au T.E.P. avec Guy Rétoré qui lui propose d'entrer dans sa troupe. Il joue dans Le Grand Cérémonial, de Fernando Arrabal en 1967 puis dans Lorenzaccio de Musset en 1969.

Gérard Desarthe se qualifie « d'acteur autodidacte, atypique et marginal ». « J'ai eu une culture théâtrale très éclatée. Je n'ai pas de père théâtral, pas de maître, confie-t-il au journal Le Figaro en juillet 1995. Mais il me reste des images dans la tête, des moments de théâtre fabuleux avec Patrice Chéreau ou André Engel. » La rencontre avec Chéreau eut lieu en 1970 lorsqu'il interpréta Richard II de Shakespeare, qu'allaient suivre Lear d'Edward Bond, en 1975 et La Dispute de Marivaux en 1976. En 1981, toujours sous la direction de Chéreau, l'acteur remporte le prix Georges Lherminier avec Peer Gynt d'Ibsen où il revêt, sur deux soirées et en sept heures de spectacle, les habits du personnage à tous les âges de sa vie.

En 1984, Gérard Desarthe reprend le rôle fétiche de Gérard Philipe, – le Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist cette fois mis en scène par le tandem allemand Manfred Karge-Mathias Langhoff – à Avignon puis au théâtre de l'Odéon. Cette même année, il remporte pour la seconde fois le prix de la critique et du meilleur acteur dans L'Illusion comique de Corneille montée par Giorgio Strehler (la première fois était en 1978 avec Jean-Jacques Rousseau, une pièce mise en scène par Jean Jourdheuil). Dans un décor féerique, il y joue Alcandre au crâne nu de prophète et Matamore aux allures de coq.

De 1986 à 1989, Gérard Desarthe enseigne au Conservatoire d'art dramatique. Ce travail lui donne l'idée de mettre en scène Le Cid, en 1988, à Bobigny avec ses élèves. Pour ce faire, il utilise la toute première version de la pièce que Corneille vieillissant avait lui-même censurée. Son désengagement du Conservatoire correspond à l'époque où Patrice Chéreau lui propose d'interpréter Hamlet au festival d'Avignon 1988, à partir d'une nouvelle traduction d'Yves Bonnefoy. « Gérard Desarthe, écrira Michel Cournot, est un acteur qui dispose d'une charge nerveuse, spirituelle et poétique si intense qu'il sait faire résonner la jeunesse de Hamlet, sa fatigue, son courage, sa présence d'esprit, sa mélancolie effrayante, ses visions... Et tout cela sans effet de voix ni de manières, par la dimension de l'esprit et la classe de l'imagination » (Le Monde). Par la suite, il se produit dans Le Roi Lear, mise en scène d’André Engel (2006) et La Tempête, mise en scène de Dominique Pitoiset (2006).

Gérard Desarthe poursuit son travail de mise en scène, avec le Partage de midi de Paul Claudel, en 1999, où il voit une « œuvre concrète et ronde ; on y trouve une histoire d'amour, un roman d'aventures et un drame religieux » ; puis avec Les Fausses Confidences de Marivaux, en 2000, qu'il met en scène avec Gildas Bourdet tout en apportant au personnage de Dubois une vivacité qui renforce le côté « flambeur » du rôle ; avec Turcaret de Lesage, en 2002, où il se plaît à renverser les fausses valeurs de la société dans l'exclamation finale de Frontin le valet : « Voici le règne de M. Turcaret fini, le mien va commencer ! »

Gérard Desarthe a également mis en scène Blackbird, de David Harrower[...]

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Pour citer cet article

Yves KIRCHNER. DESARTHE GÉRARD (1945- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TURCARET (A.-R. Lesage)

    • Écrit par Christian BIET
    • 835 mots

    La seconde partie du xviie siècle et le début du xviiie siècle marquent un moment de crise des valeurs. Tout s'achète, tout se vend, et tout doit aller très vite dans un monde – le Paris de 1708 – où, avant tout, on échange des biens, où l'on joue et où l'on consomme frénétiquement. En montant le...

Voir aussi