GALICE

Espagne : carte administrative
Encyclopædia Universalis France
Espagne : carte administrative
Carte administrative de l'Espagne.
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Comme la Bretagne en France, la Galice, en Espagne (2 767 524 hab. en 2006), est une avancée de roches anciennes sur l'océan Atlantique sous un climat océanique. À l'intérieur, un vaste plateau ondulé, entouré de massifs anciens, constitue une barrière qui a longtemps maintenu le pays dans un quasi-isolement. De profondes rias, alternant avec des caps massifs qui projettent de hautes falaises dans l'océan, ont créé un milieu propice à la vie maritime (ports de Vigo et de La Corogne, nombreuses conserveries). Une forte pression démographique sur la terre a conduit à un morcellement extrême des exploitations agricoles et a alimenté un fort courant d'émigration vers l'intérieur du pays et vers l'Amérique latine et l'Amérique centrale (depuis la conquête au xvi e siècle) puis, dans une moindre mesure, vers l'Europe industrielle au xx e siècle. Toutefois, depuis le milieu des années 1990, la Galice participe pleinement au renouveau de l'économie espagnole (restructuration industrielle afin de pallier la crise de la métallurgie et des chantiers navals).
La Galice a connu le destin contrasté des régions périphériques de la péninsule Ibérique. Tantôt un pouvoir central fort, établi dans la meseta, triomphe de ces conditions contraires et réussit à imposer son magistère, y compris dans le domaine artistique, tantôt les forces centrifuges l'emportent et la Galice – qui obtient le statut de communauté autonome en 1979 et prend pour capitale la ville sainte de Saint-Jacques de Compostelle – recouvre une liberté d'action dont elle use, soit pour se replier sur elle-même, soit pour répondre à des influences venues de l'extérieur, parfois même de très loin.
Entre l'Orient et l'Occident
Ce jeu d'alternance s'observe à partir de l'Antiquité. Sous l'autorité de Rome, les régions périphériques de l'Espagne, la Tarraconaise et la Bétique surtout mais aussi la Galice, participèrent à de larges courants d'échanges. Ainsi cette dernière région entretint avec l'Afrique, et parfois même avec l'Orient, des relations qui s'intensifièrent encore à l'époque paléochrétienne. La volonté de renouvellement, appuyée par la connaissance de modèles lointains, n'avait pas toujours raison, cependant, des pesanteurs de la tradition locale.
À l'époque wisigothique, l'unité religieuse, consacrée par le choix de Tolède comme capitale spirituelle de l'Espagne, conduisit à une première unité artistique autour de la meseta. L'église rustique de Santa Comba de Bande (province d'Orense), élevée dans la seconde moitié du vii e siècle, se rattache à une série d'édifices péninsulaires construits sur le plan en croix grecque avec un certain nombre d'aménagements, correspondant, semble-t-il, à un usage monastique. Partout triomphe l'arc outrepassé, qui apparaît comme le sceau de l'hispanisme.
Après l'invasion arabe, Cordoue supplante Tolède et, même s'ils réussissent à préserver leur indépendance politique, les chrétiens de Galice sont contraints de se soumettre à l'impérialisme artistique de l'Andalousie musulmane. L' art mozarabe est surtout représenté par la chapelle monastique de San Miguel de Celanova, dont la destination première était peut-être funéraire (milieu du x e siècle). Bien que quasi fermés sur euxmêmes, les trois espaces proches du carré qui composent le minuscule édifice n'en forment pas moins un tout parfaitement organisé. L'abside prend l'allure d'un mihrab et le toit largement débordant du volume central est supporté par d'amples modillons à copeaux.
Entre l'art de la fin de l'époque wisigothique et l'art mozarabe, il existe de nombreuses affinités qui résultent de communes références à l'Orient.[...]
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Écrit par
- Roland COURTOT : agrégé de l'Université, maître assistant à l'Institut de géographie d'Aix-Marseille
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
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Pour citer cet article
Roland COURTOT, Marcel DURLIAT, « GALICE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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