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BRAUDEL FERNAND (1902-1985)

Civilisation matérielle, économie et capitalisme

Si le souci de la convergence, du rassemblement, du rapprochement d’une « histoire neuve, impérialiste et révolutionnaire » avec les sciences sociales traverse ses écrits sur l’histoire, dans ses recherches personnelles, Fernand Braudel n’abandonne jamais la mer Méditerranée, qu’il élargit à l’océan Atlantique puis au monde. Deux concepts jouent un rôle clé dans cette réflexion : civilisation matérielle et capitalisme.

Braudel prolonge en fait le débat ouvert notamment par Marcel Mauss et Lucien Febvre dans les années 1920. Il définit la « civilisation matérielle » comme étant une réalité qui dépasse en longévité toutes les autres réalités collectives, une réalité composée d’objets, d’outils, de gestes, de milliers de faits divers reliés ensemble dans la vie matérielle, d’adaptations, de renouvellements, de confrontations, d’échanges, de tensions, de flux, de reflux. Premier étage d’une nouvelle tripartition, la civilisation matérielle configure les structures du quotidien. Il s’agit d’une infraéconomie qui détermine le possible et l’impossible des économies de l’échange, qui ouvre à une histoire générale des échanges internationaux, de l’économie de marché se développant à l’échelle du monde. Cette économie-monde est partout présente et de la même manière – à quelques nuances près. L’économie-monde est nécessaire au développement du marché mais encore insuffisante au processus capitaliste. Si le capitalisme naît de l’accumulation lente et de la concentration exceptionnelle du profit, il se développe sur un autre rythme et constitue en fait un antimarché, qui tire sa force de sa capacité d’adaptation, de sa plasticité, de sa rapidité à investir et à s’accaparer de hauts profits. L’économie-monde n’est pas une économie mondiale, plutôt une somme hiérarchisée d’espaces individualisés, économiques et non économiques, qui varient lentement (selon le temps du monde), et au centre desquels une ville capitaliste dominante succède à une autre : Venise, Gênes, Anvers, Amsterdam, Londres, New York.

L’ensemble de ces recherches, approfondies et sans cesse reprises, aboutit à la publication d’un nouveau chef-d’œuvre de Braudel. Civilisation matérielle, économie et capitalisme, xve-xviiie siècle paraît en 1979 – alors même qu’une récession économique durable interrompt une conjoncture continue de croissance qui avait imposé, provisoirement, la domination de l’Occident sur le monde.

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Pour citer cet article

Bertrand MÜLLER. BRAUDEL FERNAND (1902-1985) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Fernand Braudel - crédits : Sergio Gaudenti/ Sygma/ Getty Images

Fernand Braudel

Autres références

  • ANNALES ÉCOLE DES

    • Écrit par Bertrand MÜLLER
    • 3 324 mots
    • 1 média
    ...succession de Febvre, en 1956, à la direction de la revue pour que le mouvement prenne de l'ampleur autour et au-delà des Annales. Malgré l'assistance de Fernand Braudel, qui lui succède au Collège de France, et la formation d'une nouvelle équipe avec le sociologue Georges Friedmann et l'historien...
  • BENNASSAR BARTOLOMÉ (1929-2018)

    • Écrit par Richard MARIN
    • 917 mots

    Historien de renommée internationale, prolifique et inventif, Bartolomé Bennassar est une des figures majeures de l’hispanisme français. Avec plus d’une trentaine d’ouvrages à son actif, certains en collaboration, il ne s’est jamais cantonné à un seul registre. Si l’Espagne, tant moderne que contemporaine,...

  • CAPITALISME - Histoire

    • Écrit par Patrick VERLEY
    • 6 264 mots
    • 1 média
    Fernand Braudel (1902-1985) est l'héritier et le continuateur de cette première génération d'auteurs, héritiers de l'historisme allemand comme Max Weber et surtout Werner Sombart, l'auteur du Capitalisme moderne, qui étaient à la fois économistes, sociologues et historiens. Il...
  • ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS)

    • Écrit par Jacques REVEL
    • 2 905 mots

    Parmi les principales institutions françaises d'enseignement supérieur et de recherche, l'École des hautes études en sciences sociales est relativement jeune. Sous cette appellation, elle n'existe que depuis 1975, date à laquelle elle s'est substituée à l'ancienne VI...

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Voir aussi