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LATINS D'ORIENT ÉTATS

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Principautés, fiefs et seigneuries

Chacun de ces États avait été la création d'un baron qui avait installé dans la principauté qu'il avait fondée les chevaliers qui s'étaient attachés à sa fortune. Et chacun d'eux fit souche d'une dynastie, même Godefroi de Bouillon dont cependant l'héritage fut revendiqué par le patriarche Daimbert de Jérusalem : les chevaliers de son entourage assurèrent sa succession à son frère Baudouin de Boulogne. Et, à la mort de celui-ci, c'est son cousin Baudouin de Bourcq qui fut appelé à lui succéder. À défaut de descendants directs, on n'hésita pas à reconnaître le droit à la succession en ligne collatérale, et le droit des femmes à la succession au trône ne fut pas contesté, à défaut d'héritiers mâles. Elles transmettaient le titre royal, ou princier, à leur mari, qui le perdait si elles mouraient avant lui, en conservant seulement la régence pour l'héritier mineur.

C'est ainsi que la couronne passa de Baudouin II à sa fille Mélisende et à son gendre Foulques d'Anjou, puis à leurs fils Baudouin III et Amaury ; et que le fils de ce dernier, Baudouin IV le Lépreux, eut pour successeurs ses deux sœurs, Sibylle, mariée à Guy de Lusignan (1186-1192), et Isabelle (1192-1205). Celle-ci apporta successivement le trône à Conrad de Montferrat, Henri de Champagne et Aimery de Lusignan, laissant des enfants de chacun de ces mariages. L'aînée, Marie apporta la couronne à Jean de Brienne, et leur fille Yolande à l'empereur Frédéric II (1225). Mais les barons prirent prétexte de ce que le fils de ce dernier, Conrad, n'avait pas pris possession du royaume à sa majorité (1243) pour lui substituer la seconde fille d'Isabelle, Alix de Champagne, et ses descendants, qui prirent le titre de « seigneurs du royaume ». Et, quand la mort de Conradin (1268) eut permis à l'un d'eux, le roi Hugues III de Chypre, de relever le titre royal, une petite-fille d'Isabelle et d'Aimery vendit ses droits à Charles d'Anjou ; ce dernier en profita pour occuper Acre de 1277 à 1286.

À Édesse, Baudouin Ier et Baudouin II se succédèrent avant d'hériter du trône de Jérusalem, et la famille de Courtenay les remplaça. À Tripoli, les descendants de Raymond de Saint-Gilles conservèrent le comté jusqu'en 1187 et eurent pour successeurs Bohémond IV d'Antioche et ses descendants. Quant à la principauté d'Antioche, Bohémond de Tarente la laissa à son fils Bohémond II, au nom duquel Tancrède (1104-1112) et Roger (1112-1119) exercèrent le pouvoir. Sa fille Constance épousa d'abord Raymond de Poitiers (1136-1149) qui fut le père de Bohémond III (1163-1201), puis Renaud de Châtillon (1153-1160).

À la mort de Bohémond III, la principauté fut disputée entre son second fils Bohémond IV et le fils de son fils aîné, mort avant 1201, Raymond-Roupèn. Cette guerre de succession éprouva gravement la principauté et le royaume arménien de Cilicie qui soutenait Raymond-Roupèn. Bohémond IV finit par l'emporter et eut pour successeurs son fils Bohémond V (1233-1251) et son petit-fils Bohémond VI, comte de Tripoli jusqu'en 1275, mais dépouillé d'Antioche en 1268. Quant au royaume de Chypre, Guy de Lusignan le laissa à son frère Aimery ; les descendants de celui-ci le conservèrent jusqu'en 1267, date à laquelle il passa à une branche cadette de la maison d'Antioche qui releva le nom de Lusignan. En dépit d'une tentative d'usurpation (de 1306 à 1310, par Amaury, sire de Tyr), d'un assassinat (celui de Pierre Ier, en 1369) et du renversement de Charlotte de Lusignan par son frère bâtard Jacques II (1460), la dynastie se maintint jusqu'à ce que la reine Catherine Cornaro se vît contrainte de céder l'île à la République de Venise.

Souverains héréditaires, les chefs des États[...]

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon

Classification

Pour citer cet article

Jean RICHARD. LATINS D'ORIENT ÉTATS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm - crédits : Encyclopædia Universalis France

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm

États latins d'Orient, XI<sup>e</sup>-XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

États latins d'Orient, XIe-XIIIe siècle

Église du Saint-Sépulcre - crédits : Eddie Gerald/ Moment/ Getty Images

Église du Saint-Sépulcre

Autres références

  • ANTIOCHE PRINCIPAUTÉ D'

    • Écrit par
    • 421 mots

    L'une des principautés de l'Orient latin né de la Première Croisade, organisée par Bohémond Ier de Tarente autour de la place d'Antioche, l'une des plus importantes villes musulmanes, prise par les Francs le 2 juin 1098, après un siège de près de huit mois. La principauté,...

  • BAÏBARS ou BAYBARS (1223-1277)

    • Écrit par
    • 1 683 mots
    Aux croisés, il fit donc une guerre sans merci. En 1262, le sultan se rend à Alep, tâte les Francs dans la région d'Antioche et finit la campagne à Damas. En 1264, des préparatifs sont activement poussés et une armée formidable est mise sur pied. En 1265, il prélude par les prises de Césarée,...
  • BAUDOUIN Ier (1058-1118) roi de Jérusalem (1100-1118)

    • Écrit par
    • 265 mots

    Fils du comte Eustache de Boulogne et frère de Godefroi IV de Boulogne dit Godefroi de Bouillon, Baudouin Ier prit part à la première Croisade mais abandonna les autres croisés avant le siège d'Antioche pour aller à Édesse (actuellement Orfa), au-delà de l'Euphrate, où il s'assura, par ruse et par...

  • BAUDOUIN II (mort en 1131) roi de Jérusalem (1118-1131)

    • Écrit par
    • 220 mots

    Fils du comte de Rethel, Baudouin II participa à la première Croisade dans l'entourage de son cousin, Baudouin de Boulogne, qui lui céda le comté d'Édesse lorsque lui-même devint roi de Jérusalem en 1100. Pris par les Turcs près de Harran (1104), il ne fut libéré qu'en 1108 contre...

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