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ÉDESSE COMTÉ D'

L'une des principautés de la Terre sainte, fondée en mars 1098 par Baudouin de Boulogne, frère de Godefroi de Bouillon, qui, venu à l'aide du prince arménien Thoros, sut éliminer celui-ci par la ruse. Le comté d'Édesse (ou Orfa), au-delà de l'Euphrate, était le plus oriental des États latins et la principale marche contre les Turcs, constituant même une menace directe pour Alep. Étranger au royaume latin de Jérusalem, qui avait d'ailleurs été fondé plus tard (1100), le comté reconnut rapidement l'hégémonie politique de rois, dont les deux premiers (Baudouin Ier et Baudouin II) furent les anciens comtes d'Édesse. Baudouin II exerça même la régence du comté.

L'établissement franc d'Édesse était fragile, faute d'une véritable colonisation de peuplement analogue à celle du royaume ou de la principauté d'Antioche. Le comté était donc, en réalité, réduit à des garnisons franques et à la soumission très imparfaite du seul territoire habité par les Arméniens. Hors de celui-ci, la domination des comtes était à peine reconnue.

L'importance stratégique de la position explique la place que tient Édesse dans l'histoire de l'Orient latin. Énergiquement défendu par le comte Jocelin Ier (1118-1131), le comté avait cependant perdu, dès les premières attaques menées par l'atabeg de Mossoul, Mawdūd, à partir de 1110, la plupart de ses territoires orientaux. Le règne du lâche et intrigant Jocelin II (1131-1144) précipita la fin d'Édesse, qu'une armée surtout formée d'Arméniens et de Syriens défendait sans conviction et qu'anémiait l'exode des éléments les plus actifs de la population, ruinés par la quasi-fermeture de la route commerciale qui reliait la Syrie à la Mésopotamie. Les assauts successifs menés par l'énergique et habile atabeg d'Alep, Zengi, permirent à ce dernier de prendre Édesse (23 décembre 1144) après un mois d'un siège que soutint, à la tête d'une maigre garnison, l'archevêque Hugues. Jocelin II était absent et les autres barons de Terre sainte se soucièrent peu de le secourir.

L'échec d'un retour clandestin de Jocelin II (1146) conduisit les Turcs à massacrer, comme complices, les Arméniens que Zengi avait ménagés en 1144. Mais, dès 1145, la chute d'Édesse avait en Occident un retentissement tel qu'il provoquait l'organisation de la Deuxième Croisade. Les querelles internes du royaume de Jérusalem et la duplicité de la reine Mélisende détournèrent malheureusement les croisés de la reconquête d'Édesse, qui eût été la meilleure sauvegarde du royaume.

— Jean FAVIER

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France

Classification

Pour citer cet article

Jean FAVIER. ÉDESSE COMTÉ D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BAUDOUIN Ier (1058-1118) roi de Jérusalem (1100-1118)

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 265 mots

    Fils du comte Eustache de Boulogne et frère de Godefroi IV de Boulogne dit Godefroi de Bouillon, Baudouin Ier prit part à la première Croisade mais abandonna les autres croisés avant le siège d'Antioche pour aller à Édesse (actuellement Orfa), au-delà de l'Euphrate, où il s'assura, par ruse et par...

  • BAUDOUIN II (mort en 1131) roi de Jérusalem (1118-1131)

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 220 mots

    Fils du comte de Rethel, Baudouin II participa à la première Croisade dans l'entourage de son cousin, Baudouin de Boulogne, qui lui céda le comté d'Édesse lorsque lui-même devint roi de Jérusalem en 1100. Pris par les Turcs près de Harran (1104), il ne fut libéré qu'en 1108 contre...

  • CROISADES

    • Écrit par Universalis, Jean RICHARD
    • 8 155 mots
    • 3 médias
    ...et la remirent aux Byzantins, ainsi que quelques autres places d'Asie Mineure. Ils bousculèrent l'armée turque à Dorylée et atteignirent la Syrie, où Édesse fut occupée (1097). Ils assiégèrent longuement Antioche et s'en emparèrent au moment même où une armée de secours, envoyée par le ...
  • LATINS D'ORIENT ÉTATS

    • Écrit par Jean RICHARD
    • 3 047 mots
    • 3 médias

    La naissance des États latins d'Orient est la conséquence de deux des croisades organisées par la papauté pour la libération des chrétiens d'Orient. Au cours de la première croisade, des éléments de l'armée des croisés s'établirent successivement à Édesse (fin 1097), à Antioche (1098), à...

Voir aussi