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ANTIOCHE PRINCIPAUTÉ D'

L'une des principautés de l'Orient latin né de la Première Croisade, organisée par Bohémond Ier de Tarente autour de la place d'Antioche, l'une des plus importantes villes musulmanes, prise par les Francs le 2 juin 1098, après un siège de près de huit mois. La principauté, et en particulier le port de Lattaquié, fut l'objet d'une âpre compétition entre Bohémond et les Byzantins. En l'absence de Bohémond, prisonnier des musulmans, puis volontairement exilé en Europe pour y chercher d'illusoires renforts, la principauté fut énergiquement gouvernée par son neveu Tancrède, qui lui succéda lorsqu'il mourut en 1111 ; puis, en 1112, par Roger de Salerne, qui étendit son protectorat jusque sur la principauté musulmane d'Alep.

Antioche, après la mort de Roger, en 1119, ne cessa de connaître les difficultés nées des rivalités politiques intérieures autant que de la menace turque. L'arbitrage imposé par les rois de Jérusalem, voire la régence que s'arrogèrent le roi Baudouin II et le roi Foulques, sauvegardèrent cependant la principauté jusqu'à l'avènement de Raymond de Poitiers, qui épousa en 1136 l'héritière de Bohémond II, la jeune Constance. Soumise à la menace des Byzantins, qui assiégèrent la ville en 1137 et firent reconnaître leur suzeraineté par Raymond, à celle des Turcs de l'atabeg Zengi, maître d'Alep, qui occupa rapidement toutes les terres à l'est de l'Oronte, la principauté d'Antioche fut momentanément soulagée par la Deuxième Croisade, qu'avait provoquée la chute du comté d'Édesse en 1144 ; mais les dissentiments entre les chrétiens, avivés par les relations suspectes qu'entretenait Raymond avec sa nièce, la reine de France Aliénor d'Aquitaine, conduisirent les croisés à abandonner l'idée d'une attaque contre Alep et à se diriger vers Jérusalem, laissant Antioche dans une situation extrêmement précaire (1148). Celle-ci dura cependant plus d'un siècle, pendant lequel la place joua un rôle essentiel dans les échanges économiques entre l'Orient asiatique et l'Europe. L'importance des colonies marchandes italiennes fut, en particulier, l'un des facteurs originaux de la vie politique à Antioche.

La principauté ne put résister, au milieu du xiiie siècle, à la pression exercée par les mamelouks d'Égypte, déjà vainqueurs de Saint Louis en Égypte même. Antioche tomba en 1268.

— Jean FAVIER

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France

Classification

Pour citer cet article

Jean FAVIER. ANTIOCHE PRINCIPAUTÉ D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOHÉMOND Ier (1057 env.-1111) prince d'Antioche (1098-1111)

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 259 mots

    Fils du fondateur de l'État normand de Sicile, Robert Guiscard, Bohémond Ier participe avec son père à la lutte contre l'empereur Alexis Comnène et à l'éphémère conquête de la Macédoine (1081-1085). Intelligent et peu scrupuleux, il n'hésite pas à prendre part à la première Croisade, décidé...

  • LATINS D'ORIENT ÉTATS

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    La naissance des États latins d'Orient est la conséquence de deux des croisades organisées par la papauté pour la libération des chrétiens d'Orient. Au cours de la première croisade, des éléments de l'armée des croisés s'établirent successivement à Édesse (fin 1097), à Antioche (1098), à...

  • TANCRÈDE DE HAUTEVILLE ou D'ANTIOCHE (mort en 1112)

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 248 mots

    Petit-fils du baron normand Robert Guiscard, fondateur de la grande principauté sicilienne. Tancrède prit, avec son oncle Bohémond Ier, une part active à la première Croisade (1096) où, dans la plus pure tradition des Normands de Sicile, il se montra l'adversaire résolu de l'empereur byzantin,...

Voir aussi