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LATINS D'ORIENT ÉTATS

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L'implantation des Latins

L'origine des Latins établis en Orient était variée : on devine seulement une prédominance des Normands de Sicile à Antioche et des Provençaux à Tripoli. Mais c'est le royaume de Jérusalem qui recueillit sans doute les colons les plus nombreux, en raison de l'attrait des Lieux saints. Les Latins restaient cependant une minorité. Dans les campagnes, où ils mirent sur pied un réseau défensif très dense par la construction de nombreux châteaux, la masse de la population continua à vivre selon le régime antérieur, sauf à appeler les colons indigènes dans les régions dépeuplées. Pratiquement, les villageois payaient au seigneur franc les mêmes redevances qu'à leurs maîtres musulmans ou byzantins. À Chypre, toutefois, les parèques, assimilés à des serfs, voyaient l'impôt public transformé en redevance seigneuriale ; mais leur condition ne tarda pas à s'améliorer en raison de l'abondance des affranchissements, au xive siècle surtout. L'organisation de la communauté villageoise ne fut pas modifiée. Cependant, dans le royaume de Jérusalem, un certain nombre de « villes neuves » à population latine s'implantèrent au xiie siècle.

Dans les villes, la population latine était plus nombreuse (à Jérusalem, on avait même chassé musulmans et juifs pour réserver la ville aux chrétiens, occidentaux ou orientaux). Les ports, notamment, attirèrent les marchands italiens ou provençaux qui s'y firent reconnaître des privilèges allant jusqu'à la constitution de comptoirs autonomes, véritables colonies ne relevant que des républiques marchandes, entraînant, parfois, toute la population latine et indigène dans des guerres intestines (telle la guerre de Saint-Sabas, à Acre, en 1257-1258). Les autres Latins, à l'instar des indigènes groupés en communautés bien distinctes, se réunirent en confréries dont certaines tinrent en échec l'autorité royale.

Celle-ci était d'ordinaire représentée par un vicomte (à Antioche, où l'élément grec était important, par un duc), qui présidait la cour des bourgeois, et par des officiers spécialisés.

Église du Saint-Sépulcre - crédits : Eddie Gerald/ Moment/ Getty Images

Église du Saint-Sépulcre

Les Latins introduisirent aussi leur hiérarchie ecclésiastique, à la place de celle des Grecs (qui maintinrent à Chypre quatre évêques en qualité de vicaires des évêques latins). Deux patriarches (Antioche, Jérusalem), un archevêque indépendant (Nicosie de Chypre) présidaient à un réseau de métropoles et de diocèses latins. Mais aucun effort ne fut fait pour imposer le rite latin, ni même les dogmes de l'Église romaine, aux chrétiens indigènes qui purent maintenir leur hiérarchie propre et restèrent exempts des dîmes. Des monastères et des chapitres s'installèrent un peu partout, notamment pour desservir les sanctuaires visités par les pèlerins (Saint-Sépulcre, Bethléem, etc.).

Le service des pèlerins fut à l'origine de fondations originales. La communauté qui desservait l'hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, destiné aux pèlerins latins, prit un essor considérable. Sa dotation comprit bientôt des seigneuries entières, en particulier celle du Crac des Chevaliers, et les Hospitaliers se trouvèrent entraînés à adopter un genre de vie leur permettant de mener des activités militaires. Par contre, les Templiers se formèrent spécialement en communauté pour assurer une protection armée aux pèlerins : la vie militaire fut dès l'origine associée à la vie religieuse. Et le réseau de leurs commanderies, étendu sur l'Orient et l'Occident, les amena à jouer un rôle bancaire, en facilitant le transport des espèces monétaires. Les deux ordres eurent bientôt leurs querelles ; le Temple fut supprimé en 1311, cependant l'Hôpital devait poursuivre son rôle militaire à partir de l'île de Rhodes, occupée par lui entre 1309 et 1522.

Les États latins connurent[...]

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon

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Pour citer cet article

Jean RICHARD. LATINS D'ORIENT ÉTATS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm - crédits : Encyclopædia Universalis France

1100 à 1200. Croisades et Khwarazm

États latins d'Orient, XI<sup>e</sup>-XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

États latins d'Orient, XIe-XIIIe siècle

Église du Saint-Sépulcre - crédits : Eddie Gerald/ Moment/ Getty Images

Église du Saint-Sépulcre

Autres références

  • ANTIOCHE PRINCIPAUTÉ D'

    • Écrit par
    • 421 mots

    L'une des principautés de l'Orient latin né de la Première Croisade, organisée par Bohémond Ier de Tarente autour de la place d'Antioche, l'une des plus importantes villes musulmanes, prise par les Francs le 2 juin 1098, après un siège de près de huit mois. La principauté,...

  • BAÏBARS ou BAYBARS (1223-1277)

    • Écrit par
    • 1 683 mots
    Aux croisés, il fit donc une guerre sans merci. En 1262, le sultan se rend à Alep, tâte les Francs dans la région d'Antioche et finit la campagne à Damas. En 1264, des préparatifs sont activement poussés et une armée formidable est mise sur pied. En 1265, il prélude par les prises de Césarée,...
  • BAUDOUIN Ier (1058-1118) roi de Jérusalem (1100-1118)

    • Écrit par
    • 265 mots

    Fils du comte Eustache de Boulogne et frère de Godefroi IV de Boulogne dit Godefroi de Bouillon, Baudouin Ier prit part à la première Croisade mais abandonna les autres croisés avant le siège d'Antioche pour aller à Édesse (actuellement Orfa), au-delà de l'Euphrate, où il s'assura, par ruse et par...

  • BAUDOUIN II (mort en 1131) roi de Jérusalem (1118-1131)

    • Écrit par
    • 220 mots

    Fils du comte de Rethel, Baudouin II participa à la première Croisade dans l'entourage de son cousin, Baudouin de Boulogne, qui lui céda le comté d'Édesse lorsque lui-même devint roi de Jérusalem en 1100. Pris par les Turcs près de Harran (1104), il ne fut libéré qu'en 1108 contre...

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