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ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH

L’État islamique en dehors de l’Irak et de la Syrie

À la fin de 2014, dans plusieurs zones de conflit, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie centrale, des groupes armés commencent à se revendiquer de l’État islamique. Des groupes préexistants, comme Boko Haram au Nigeria, et certains talibans d’Afghanistan, déclarent faire allégeance à l’organisation – sans que leur coopération effective avec la direction de Syrie soit forcément avérée. En dehors de l’Irak et de la Syrie, c’est en Afrique du Nord que semblent se trouver les groupes affiliés les mieux implantés. En Libye (déchirée par les luttes de factions depuis la chute de Mu’ammār al-Kādhāfi en 2011), l’organisation revendique la responsabilité d’une série d’attaques. Au début de 2014, elle met en ligne des vidéos où des combattants censés appartenir à ses rangs exécutent en masse des otages chrétiens, égyptiens et éthiopiens. En mars 2015, des terroristes se revendiquant de l’organisation tuent plus de vingt personnes (majoritairement des touristes européens) au Musée national du Bardo à Tunis.

À l’automne 2015, l’État islamique s’en prend directement à ses adversaires internationaux, au cours de sanglantes attaques à l’extérieur de l’Irak et de la Syrie. Le 12 novembre, en représailles contre l’intervention du Hezbollah en Syrie, deux kamikazes se font exploser dans un quartier chiite de Beyrouth, causant la mort de plus de quarante personnes. Le lendemain, des terroristes affiliés à l’organisation lancent une série d’attaques coordonnées à l’arme à feu et à l’explosif à Paris : au Bataclan, à plusieurs terrasses de café, aux abords du Stade de France. Cent vingt-neuf personnes sont tuées dans la soirée. L’organisation État islamique revendique aussitôt ces actions, présentées comme un acte de représailles contre la France et sa participation à la campagne aérienne en Irak et en Syrie. La France avait déjà été frappée en janvier 2015 par des attentats (contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes), mais ceux-ci avaient été revendiqués par Al-Qaida, même si l’État islamique n’avait pas manqué de s’en attribuer une part de la paternité. Quoi qu’il en soit, les attentats de novembre et l’émotion qui en découle dans le monde ranime l’ardeur de la coalition internationale contre l’État islamique, la France affirmant son intention de renforcer sa lutte contre l’organisation, et déclarant en faire son principal objectif militaire dans la région. De fait, les objectifs stratégiques des Français et des Américains – combattre l’État islamique sans favoriser le régime de Bachar al-Assad – semblaient jusque-là incompatibles avec ceux de la Russie de Poutine, fidèle soutien de l’État syrien. Mais, dans les semaines qui suivent les attentats, des rapprochements entre les puissances intervenant dans la région tentent de mettre en place une lutte plus efficace contre l’organisation État islamique. Ainsi, en février 2016, Russie et États-Unis se mettent d’accord pour tenter d’imposer un cessez-le-feu entre Damas et les groupes d’opposants (en dehors du Front al-Nosra et de l’État islamique).

Chute de Baghouz, Syrie, 2019 - crédits : Giuseppe Cacace/ AFP

Chute de Baghouz, Syrie, 2019

Le jeu des alliances et des oppositions entre les différents belligérants qui combattent l’organisation État islamique reste cependant complexe, en raison notamment du soutien russe aux forces gouvernementales qui frappent aussi bien les différentes factions rebelles que l’État islamique. Même si elle n’est pas coordonnée, la conjonction des attaques des différents ennemis de l’État islamique (Occidentaux, troupes gouvernementales, Russie, Kurdes de Syrie, armée irakienne, Turquie, groupes rebelles syriens…) finit par produire son effet. À partir de juin 2014 en effet, le territoire contrôlé par l’organisation ne cesse de se réduire, malgré plusieurs avancées significatives telles que, en mai 2015, la conquête[...]

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Pour citer cet article

Universalis. ÉTAT ISLAMIQUE (EI) ou DAECH ou DAESH [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Chute de Baghouz, Syrie, 2019 - crédits : Giuseppe Cacace/ AFP

Chute de Baghouz, Syrie, 2019

Soldat syrien gardant un puits de pétrole, près de Palmyre, 2015 - crédits : STR/ AFP

Soldat syrien gardant un puits de pétrole, près de Palmyre, 2015

Autres références

  • AL-QAIDA

    • Écrit par Jean-Pierre FILIU
    • 1 087 mots
    ...n'apparaître, avec le recul, que comme une parenthèse sinistre, une aberration sans impact durable sur l'évolution des sociétés musulmanes. En revanche, Daech, l'acronyme arabe de l'État islamique en Irak et au Levant, qui a absorbé la branche irakienne d'Al-Qaida, remporte des succès importants à partir...
  • BOKO HARAM

    • Écrit par Universalis
    • 1 379 mots
    ...de son territoire. L’année 2015 est ainsi marquée par l’affaiblissement militaire du mouvement d’Aboubakar Shekau. Mais, en annonçant son allégeance à l’État islamique (qui contrôle une partie de la Syrie et de l’Irak) en mars 2015, il parvient à donner l’impression à l’opinion internationale, frappée...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Hollande (2012-2017)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 7 029 mots
    • 3 médias
    ...finalement plus intervenir, la France renonce à le faire de manière isolée. Elle s’engage ensuite activement dans la coalition internationale qui s’oppose à l’État islamique (Daech), d’abord en Irak (2014), puis en Syrie (2015). De nombreuses interventions aériennes françaises frappent les bases djihadistes...
  • ÉGYPTE - L'Égypte républicaine

    • Écrit par Universalis, Sandrine GAMBLIN, Robert SANTUCCI
    • 38 768 mots
    • 16 médias
    ...balnéaires du sud de la péninsule, a laissé un lourd ressentiment. Après la révolution de 2011 et l’arrivée au pouvoir d’Al-Sissi, il s’y constitue une franchise de Daech. Ici, la porosité des frontières avec Gaza brouille les pistes et fait du Hamas, partenaire politique des Frères musulmans, la bête...
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Voir aussi