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VARÈSE EDGAR (1883-1965)

En quête de sa vérité

Varèse alla chercher la vérité où il la soupçonnait de se cacher. Cosmopolite par tempérament, il se sentait chez lui partout. Ainsi, ayant lu le livre de F.  Busoni, Esquisse d'une nouvelle esthétique de la musique, et y trouvant l'expression de ses idées sur la musique et son futur, il décida de s'installer à Berlin où vivait Busoni. Il quitta Paris tant aimé, ses amis et ses protecteurs, sans regrets. « Je déteste regarder par-dessus mon épaule », disait-il en annulant le passé. Pour le présent, il se fiait à la Providence. En fait, sa volonté créatrice se braquait vers l'avenir. Il devint l'élève et l'ami de Busoni, qui le marqua de façon indélébile. Busoni, prophète, avait prévu le sens de l'évolution de la musique, défini le rôle des machines à faire la musique et la participation inéluctable de l'industrie. Varèse eut aussi la certitude de son rôle actif, dans cette démarche. Une seule de ses œuvres écrites à Berlin figura à un concert (R. Strauss étant intervenu), Bourgogne. Les manifestations hostiles de l'auditoire tournèrent au scandale. Varèse a raconté l'incident survenu peu de temps après ce concert scandale : il se promenait avec Hofmannsthal, à Unter den Linden, rendez-vous quotidien du « Tout-Berlin », quand l'empereur Guillaume II passa à cheval ; ralentissant sa monture à la hauteur de Varèse, il lui dit : « C'est vous l'enfant terrible de la musique ? »

Il quitta Berlin comme il avait quitté Paris. Varèse rêvait de conduire un orchestre et c'est à Prague qu'on lui proposa de diriger un concert de musique française. Il accepta avec joie, inscrivant exclusivement au programme des premières auditions de contemporains. Le concert de Prague ayant été un vrai triomphe, il reçut des offres de tournées dans toute l'Europe. Il rentra à Paris pour en régler les détails avec son imprésario, mais la guerre de 1914 éclata, anéantissant tous ses projets. Mobilisé, puis réformé, il ne trouva aucun travail et décida d'aller tenter sa chance aux États-Unis.

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Pour citer cet article

Hilda JOLIVET. VARÈSE EDGAR (1883-1965) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUES (E. Varèse)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 269 mots

    Avec sa pièce pour grand orchestreAmériques, composée entre 1918 et 1921 et créée à Philadelphie le 9 avril 1926 par l'Orchestre de Philadelphie dirigé par Leopold Stokowski, Edgar Varèse s'affirme véritablement comme l'architecte des sons inouïs. À l'instar du Pierrot...

  • ACOUSMATIQUE MUSIQUE

    • Écrit par François BAYLE
    • 7 820 mots
    • 4 médias
    1958. Exposition universelle à Bruxelles. Le pavillon Philips, dessiné par Iannis Xenakis, présentait le Poème électronique de Varèse précédé de Concret PH de Xenakis sur trois voies distribuées sur quinze canaux de quatre cent cinquante haut-parleurs répartis sur les surfaces gauches en voile...
  • DUSAPIN PASCAL (1955- )

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 1 600 mots
    • 1 média
    Fuite : car, comme Xenakis et Edgar Varèse – dont Arcana l'a très tôt fasciné –, Dusapin refuse les notions de thème et de développement et tient à assumer le paradoxe consistant à trouver l'unité dans la discontinuité de son discours.
  • JOLIVET ANDRÉ (1905-1974)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 607 mots
    ...établissements traditionnels et notamment du Conservatoire de Paris. Entre 1928 et 1933, il travaille la composition avec Paul Le Flem, qui le présente à Edgar Varèse en 1930 ; cette rencontre décisive va révéler au jeune compositeur sa voie véritable. Varèse lui fait découvrir le pouvoir du son et les ressources...
  • LE FLEM PAUL (1881-1984)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 937 mots

    Le compositeur français Paul Le Flem se situe en marge des courants et du temps. Sa patrie bretonne trouve un large écho dans sa musique, et il a su concilier cette source d'inspiration avec une écriture faisant revivre les principes de base de la musique polyphonique ou du chant grégorien....

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Voir aussi