Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VARÈSE EDGAR (1883-1965)

Varèse est, sans conteste, l'un des compositeurs les plus imposants du xxe siècle. Son impulsion créatrice, qu'il puisa aux sources mêmes de la musique – la Terre et le Cosmos –, il la communiqua à tous les musiciens du monde dont l'art est en plein devenir. Ses œuvres, jalons successifs de ses découvertes, heurtèrent brutalement le public. Il fallut des décennies pour que sa musique franchisse le seuil d'incompétence des auditeurs. Varèse attendit l'âge de soixante-dix ans pour être célébré et honoré selon ses mérites. Exemple unique en musique d'un créateur porteur d'un message qu'il transmit malgré les entraves apparemment les plus irréductibles.

Un compositeur libre

Edgar Varèse (Edgard pour l'état civil) est né à Paris, de Blanche Cortot, fille de Bourgogne, et d'Henri Varèse, enfant du Piémont (Italie). Il devint le bon vivant bourguignon, qui aime bien boire et bien manger, et resta, malgré une solide éducation, le méridional exubérant. Alejo Carpentier le dépeint justement lorsqu'il affirme : « Varèse parlant était un spectacle verbal. » L'enfant Varèse fut traumatisé dès sa jeunesse par la mésentente de ses parents. Il passa son adolescence à Turin, et là, deux faits capitaux allaient orienter son destin : d'une part, il eut la révélation de l'innéité de sa vocation de compositeur et fit le serment de tout sacrifier à cette carrière ; d'autre part, il dut rompre douloureusement et définitivement avec son père, à la suite d'une scène irrémissible, où il prit la défense de sa mère. Il quitta sa famille et arriva à Paris, sans ressources, mais décidé à poursuivre ses études musicales. Son cousin, Alfred Cortot, pianiste de renom international, facilita son admission à la Schola Cantorum. Varèse entra ensuite au Conservatoire national dans la classe de C.-M. Widor, d'où son non-conformisme le fit exclure. Il se sentait alors assez sûr de son métier pour commencer une carrière de compositeur libre, libre d'écrire sa musique, celle qu'entendait son oreille intérieure, dissemblable de celle qu'il connaissait, qui lui paraissait prisonnière d'un système tempéré bien usé. Grâce à son don de communication surprenant, il avait réussi, dans ce Paris compartimenté, à se lier avec les artistes les plus éminents de son époque : non seulement les musiciens Roussel, Ravel, Massenet et Debussy, mais aussi les peintres, parmi lesquels Picasso et Miró.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Hilda JOLIVET. VARÈSE EDGAR (1883-1965) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AMÉRIQUES (E. Varèse)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 269 mots

    Avec sa pièce pour grand orchestreAmériques, composée entre 1918 et 1921 et créée à Philadelphie le 9 avril 1926 par l'Orchestre de Philadelphie dirigé par Leopold Stokowski, Edgar Varèse s'affirme véritablement comme l'architecte des sons inouïs. À l'instar du Pierrot...

  • ACOUSMATIQUE MUSIQUE

    • Écrit par François BAYLE
    • 7 820 mots
    • 4 médias
    1958. Exposition universelle à Bruxelles. Le pavillon Philips, dessiné par Iannis Xenakis, présentait le Poème électronique de Varèse précédé de Concret PH de Xenakis sur trois voies distribuées sur quinze canaux de quatre cent cinquante haut-parleurs répartis sur les surfaces gauches en voile...
  • DUSAPIN PASCAL (1955- )

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 1 600 mots
    • 1 média
    Fuite : car, comme Xenakis et Edgar Varèse – dont Arcana l'a très tôt fasciné –, Dusapin refuse les notions de thème et de développement et tient à assumer le paradoxe consistant à trouver l'unité dans la discontinuité de son discours.
  • JOLIVET ANDRÉ (1905-1974)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 607 mots
    ...établissements traditionnels et notamment du Conservatoire de Paris. Entre 1928 et 1933, il travaille la composition avec Paul Le Flem, qui le présente à Edgar Varèse en 1930 ; cette rencontre décisive va révéler au jeune compositeur sa voie véritable. Varèse lui fait découvrir le pouvoir du son et les ressources...
  • LE FLEM PAUL (1881-1984)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 937 mots

    Le compositeur français Paul Le Flem se situe en marge des courants et du temps. Sa patrie bretonne trouve un large écho dans sa musique, et il a su concilier cette source d'inspiration avec une écriture faisant revivre les principes de base de la musique polyphonique ou du chant grégorien....

  • Afficher les 11 références

Voir aussi