Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

POMPIDOU GEORGES (1911-1974)

Georges Pompidou - crédits : Jacques Pavlovsky/ Sygma/ Getty Images

Georges Pompidou

La figure et le rôle dans l'histoire politique française de Georges Pompidou, président de la République française de 1969 à 1974, restent parfois négligés en raison d’une présidence écourtée, rejetée dans l'ombre par celle de son prestigieux prédécesseur Charles de Gaulle, et d’une personnalité consensuelle, dont l'absence apparente d'aspérités semblait peu prêter à commentaire. Pompidou mena pourtant au sommet de l'État une action intense et prolongée, imprimant une marque profonde dans les institutions de la Ve République et orientant durablement les choix politiques du nouveau régime.

Un professeur tombé en politique

Né à Montboudif (Cantal) le 5 juillet 1911, Georges Pompidou grandit à la campagne, élevé par des parents enseignants issus de lignées de paysans et de petits commerçants. Après une scolarité à Albi et à Toulouse, il gagne Paris pour suivre la khâgne de Louis-le-Grand, puis intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1931. Son éclatante réussite scolaire conditionna sa foi dans une république progressiste et méritocratique, selon laquelle le travail constitue la voie majeure de promotion sociale. C'est aussi durant cette période estudiantine qu'il noue son premier contact, nettement situé à gauche, avec la politique, en adhérant à la Ligue d'action universitaire républicaine et socialiste, en pointe dans le combat antifasciste. Major à l'agrégation de lettres (1934), il obtient également le diplôme de l'École libre des sciences politiques. Il enseigne à Marseille, puis à Paris au prestigieux lycée Henri-IV, avant d'être mobilisé en 1939-1940. Revenu enseigner dans la capitale, il rejette le régime de Vichy, mais reste « passif », selon ses propres dires, et ne rejoint pas la Résistance.

Ce n'est qu'à la Libération que Pompidou commence, à trente-quatre ans, sa carrière politique, grâce à l'appui de son ancien camarade de khâgne, René Brouillet, directeur adjoint du cabinet du chef du Gouvernement provisoire, qui cherchait un talent de plume pour traiter des questions de presse et d'éducation. Pompidou n'est pas resté longtemps ce « normalien sachant écrire » : nommé maître des requêtes au Conseil d'État en 1946, il participe aux activités du parti gaulliste (sans y adhérer), le Rassemblement du peuple français (RPF), et se trouve propulsé dans le premier cercle du général dès 1947. Ce dernier apprécie en lui une loyauté mise à l'épreuve en ce début de traversée du désert, de précieuses qualités d'organisateur et de rares dons intellectuels : il en fait son directeur de cabinet en 1948. Désormais, l'accès à de Gaulle passe bien souvent par le jeune conseiller, ce qui ne manque pas de susciter des haines envieuses dans l'entourage du général, méfiant envers cette figure qui n'est pas issue de la Résistance. Mais n'est-ce pas cette position d'extériorité qui en faisait un arbitre tout désigné entre les factions entourant le chef de la France libre ?

Ayant définitivement abandonné la carrière professorale, Pompidou ne renonça pas totalement aux études littéraires. Il publie des recueils de textes de Taine (1947), de Malraux (1955) et, bien sûr, sa fameuse Anthologie de la poésie française (1961) : la littérature était alors encore un moyen d'assurer un supplément d'âme culturel au prestige politique.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en science politique, université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

Classification

Pour citer cet article

Arnault SKORNICKI. POMPIDOU GEORGES (1911-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Georges Pompidou - crédits : Jacques Pavlovsky/ Sygma/ Getty Images

Georges Pompidou

Sommet européen de Paris, 1972 - crédits : Reg Lancaster/ Hulton Archive/ Getty Images

Sommet européen de Paris, 1972

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...politique d'autodétermination en Algérie donne à de Gaulle une large majorité, y compris en Algérie, où seules les grandes villes ont voté contre. Au nom du gouvernement français, Georges Pompidou peut alors entamer discrètement, en Suisse, des pourparlers avec le FLN. Au lendemain de la rencontre...
  • BALLADUR ÉDOUARD (1929- )

    • Écrit par Bruno DIVE, Universalis
    • 1 396 mots
    • 2 médias

    Homme politique français, Premier ministre de 1993 à 1995.

    Édouard Balladur est né à Smyrne, aujourd’hui Izmir, le 2 mai 1929. Voici trois siècles que sa famille de riches négociants s'est installée auprès de la Sublime Porte. Mais il ne gardera que de lointains souvenirs d'enfance de la Turquie. Il...

  • CENTRE NATIONAL D'ART & DE CULTURE GEORGES-POMPIDOU

    • Écrit par Bernadette DUFRÊNE
    • 2 385 mots
    • 1 média

    Inauguré en 1977 à Paris, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou (C.N.A.C.-G.-P.), dit Centre Georges-Pompidou – à l'origine établissement public du Centre Beaubourg, selon le décret du 31 décembre 1971 –, a été créé par la loi du 3 janvier 1975 pour favoriser « la...

  • CHIRAC JACQUES (1932-2019)

    • Écrit par Universalis, Christian SAUVAGE
    • 2 004 mots
    • 5 médias
    Entré en 1959 à la Cour des comptes, il s'intéresse très vite à la politique et rejointle cabinet de Georges Pompidou, alors Premier ministre, dès 1962. Son efficacité le fait remarquer par le Premier ministre qui l'appelle « mon bull-dozer ». Conseiller référendaire à la Cour des comptes en 1965,...
  • Afficher les 15 références

Voir aussi