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ÉCONOMIE MONDIALE 1994 : l'assainissement à mi-parcours

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La nécessité du changement pour l'Afrique

«  L'Afrique bouge, il n'y a pas de doute là-dessus. » Ces propos tenus à Abidjan le 31 octobre 1994 par Edward Jaycox, vice-président de la Banque mondiale, exprimaient à la fois une réalité et une contrainte pour les dirigeants du continent noir. Les mauvais résultats constatés il y a cinq ans — taux d'intérêt négatifs, inflation supérieure à 60 p. 100, taux de change défavorables — ont été en effet inversés dans environ quarante des quarante-huit pays que compte l'Afrique sub-saharienne.

Le changement le plus spectaculaire a été celui qu'a entraîné la dévaluation, le 12 janvier 1994, de 50 p. 100 du franc CFA et de 33,3 p. 100 du franc comorien. Cette mesure, recommandée depuis longtemps par les institutions de Bretton Woods, paraissait justifiée par la dégradation du solde commercial des quatorze (Comores comprises) pays intéressés. Les avantages inhérents à la stabilité monétaire et le souci de ne pas déstabiliser les fragiles équilibres économiques et sociaux des pays de la zone franc avaient longtemps retardé l'échéance. L'aboutissement des négociations du Cycle de l'Uruguay a précipité le mouvement. Les hausses de prix, souvent brutales, qui ont suivi l'ajustement monétaire ont provoqué de vives réactions parmi les syndicats, mais l'ajustement a fini par se faire, avec le soutien des institutions multilatérales, de la France et de l'Union européenne. La totalité des pays de la zone ont obtenu une aide du F.M.I. Le taux d'inflation en 1994 pour les sept pays de l'Union monétaire ouest-africaine (U.M.O.A.) a été estimé entre 30 et 35 p. 100. Pour les six pays membres de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (U.D.E.A.C.), il devait se situer entre 35 et 40 p. 100. Le solde commercial pour les quatorze pays a progressé de 11,1 p. 100, pour représenter 12,6 milliards de francs français. L'évolution du P.I.B. a été dans l'ensemble favorable, sauf pour le Cameroun et le Gabon. Toutefois, à la fin de novembre, quatre pays de l'U.D.E.A.C., le Cameroun, le Congo, la République centrafricaine et le Tchad s'étaient révélés incapables de tenir leurs engagements vis-à-vis du F.M.I.

Les chefs d'État des pays membres de l'U.D.E.A.C. ont signé, le 16 mars 1994, à Ndjamena un traité instituant une Communauté économique et monétaire en Afrique centrale (C.E.M.A.C.). Une union économique et monétaire ouest-africaine (U.E.M.O.A.) a, par ailleurs, été instituée par un traité signé en janvier et ratifié le 15 juin par l'ensemble des participants. Élargissant les compétences de l'ancienne U.M.O.A., elle prévoit notamment la création d'une Commission économique, d'une Cour de justice et d'un Parlement sous-régional.

La Banque africaine de développement (B.A.D.) a annoncé, le 25 novembre, un renforcement de la rigueur pour l'octroi de ses prêts. Les conditions seront plus strictes en fonction des ressources dont disposent les emprunteurs. Cette décision a fait suite à la publication en mai d'un rapport d'experts dressant un tableau accablant des pratiques de cette institution. Les arriérés dus par les pays emprunteurs atteignaient 700 millions de dollars, pour un encours d'engagements de 8,4 milliards. La mauvaise gestion résultait de l'extrême politisation à la tête de cette banque régionale, dont les pays africains détiennent 66 p. 100 du capital, et de la fragmentation des responsabilités administratives au sein de la direction. L'augmentation souhaitée du capital, de 22,3 à 25,8 milliards de dollars, n'a pu, à la suite de ces révélations, être décidée lors de l'assemblée annuelle du 13 mai, à Nairobi.

Les présidents du Kenya, de la Tanzanie et de l'Ouganda ont signé, le[...]

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Tristan DOELNITZ. ÉCONOMIE MONDIALE - 1994 : l'assainissement à mi-parcours [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 08/04/2016