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DÉISME

Selon Louis de Bonald, un déiste est un homme qui n'a pas eu le temps de devenir athée. Paul Hazard réplique que c'est un homme qui n'a pas voulu le devenir. Effectivement, le déisme (mot forgé au xvie s., répandu aux xviie et xviiie s.) désigne une position moyenne, à mi-chemin du théisme chrétien et de l'athéisme. Le déiste ne croit plus au Dieu de la révélation historique ; il croit encore en un Être suprême dont l'existence et la nature peuvent être déterminées par les facultés naturelles de l'homme. Dans ce sens, le déisme renvoie à ce qu'on appelle le Dieu des philosophes par opposition au Dieu des Écritures ; ou encore, il renvoie à ce que le xviiie siècle appelait « religion naturelle » par opposition à la « religion positive » ou religion littérale et statutaire. Kant lui-même donne une définition du déiste, qu'il distingue du théiste. Pour lui, le déiste admet l'existence d'un « être primitif » qui est « toute réalité », mais il renonce à le définir davantage ; au contraire, le théiste tient qu'on peut déterminer davantage « cet objet de pensée » et affirmer qu'il est « le principe premier de toutes choses ». À quelque degré, l'usage philosophique a retenu cette distinction : le déisme équivaut à une croyance en Dieu qui reste volontairement imprécise, par refus soit de l'enseignement des Églises, soit des prétentions de la métaphysique ; le théisme accorde à la raison le pouvoir de démontrer l'existence de Dieu et de déterminer sa nature créatrice par analogie avec la nature créée. Avec le recul du temps, on aperçoit que le déisme fut en réalité une étape vers l'athéisme, ce qui n'en supprime ni la modération ni la sincérité.

— Henry DUMÉRY

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Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Henry DUMÉRY. DÉISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ENLIGHTENMENT

    • Écrit par Olivier JUILLIARD
    • 834 mots

    Si l'Enlightenment peut être distingué assez aisément de la « philosophie des Lumières » française, cela se voit, dès l'abord, en ce que l'Enlightenment ne se préoccupe pas de lutter contre l'Église ; de même, l'Aufklärung, à l'origine, n'a pas d'accent...

  • LIBERTINS

    • Écrit par Robert ABIRACHED, Antoine ADAM
    • 5 715 mots
    D'autres libertins, et probablement beaucoup plus nombreux que les premiers, ne mettaient pas en question l'existence d'un Dieu qui était la Sagesse infinie. Mais ils voyaient une contradiction radicale entre ce Dieu des philosophes et le Dieu de la Bible. Ils se réclamaient des écrivains...
  • REIMARUS HERMANN SAMUEL (1694-1768)

    • Écrit par Louise LAMBRICHS
    • 504 mots

    Homme de lettres et philosophe allemand, célébré à l'époque des Lumières pour son déisme affirmé, Hermann Samuel Reimarus, né à Hambourg, fit ses études à l'université d'Iéna et donna des cours à Wittenberg et à Weimar. À partir de 1727, il enseigna l'hébreu et les langues orientales au...

  • SHAFTESBURY ANTHONY ASHLEY COOPER 3e comte de (1671-1713)

    • Écrit par Universalis, John S. MORRILL
    • 351 mots

    Politicien et philosophe anglais, né le 26 février 1671 à Londres, mort le 15 février 1713 à Naples.

    Petit-fils du premier comte de Shaftesbury, Anthony Ashley Cooper est d'abord éduqué sous la férule du penseur John Locke, puis fréquente le prestigieux collège de Winchester. Il entre...

Voir aussi