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OÏSTRAKH DAVID (1908-1974)

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Le roi David

Au-delà d'une carrière fabuleuse, le nom de David Oïstrakh s'associe à l'image du musicien complet qui s'ouvre à tous les modes d'action de son art. Attiré dès son plus jeune âge par la musique de chambre, c'est à cette discipline de groupe qu'il doit la rigueur et la simplicité que l'on admire chez lui. Au-delà d'une technique exceptionnelle, l'artiste se caractérise par une démarche humble qu'il adapte à l'œuvre et à ses partenaires. On comprend alors pourquoi Oïstrakh recherche systématiquement un répertoire nouveau et des partenaires différents. Les plus grands chefs l'ont accompagné et, pour la musique de chambre, on se souviendra des séances avec Sviatoslav Richter, Mstislav Rostropovitch, Paul Badura-Skoda ou, plus loin, avec Lev Oborin, Sviatoslav Knuschevitzki, Yehudi Menuhin, Pierre Fournier, Julius Katchen ou Pablo Casals.

Les dix dernières années de sa carrière se partagent entre l'activité du violoniste et celle du chef d'orchestre. Cette nouvelle vocation complète naturellement sa démarche artistique, comme elle a couronné celle d'Eugène Ysäye un demi-siècle plus tôt. Il tient notamment à accompagner ses élèves et grave plusieurs disques avec son fils Igor – notamment une légendaire Symphonie concertante pour violon et alto de Mozart, où le père joue la partie d’alto (1972) –, avec Viktor Pikaisen et avec Oleg Kagan.

Le rôle de David Oïstrakh est également essentiel dans l'élargissement du répertoire du violon : il révèle et impose des partitions peu connues, sans concession au succès. Les concertos de Paul Hindemith, de Béla Bartók (Premier Concerto), la Suite de concert de Sergueï Taneïev, la Fantaisie écossaise de Max Bruch, les œuvres d'Ysäye, de Karol Szymanowski (Sonate pour violon et piano, opus 9), d’Arthur Honegger (Sonatina pour deux violons) trouvent en lui un ardent défenseur. Il stimule également les compositeurs contemporains, qui écrivent de nombreuses partitions à son intention : Dmitri Chostakovitch (Premier Concerto pour violon – 1955 – et Deuxième Concerto pour violon – 1967 –, Sonate pour violon et piano, créée en 1969 en privé avec Moisseï Vainberg au piano, en public avec Sviatoslav Richter), Aram Khatchatourian (Concerto pour violon, 1940), Serge Prokofiev (Première Sonate pour violon et piano – avec Lev Oborine, 1946 –, Deuxième Sonate pour violon et piano – également avec Lev Oborine, 1944). Et, en dehors de ces pages, c'est lui qui est le premier interprète des concertos de Nikolaï Miaskovski et de Nikolaï Rakov.

Tous ces visages différents font de David Oïstrakh un des rares interprètes dont le nom figure dans les histoires de la musique au côté des œuvres qu'il a imposées.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. OÏSTRAKH DAVID (1908-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Média

David Oïstrakh - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

David Oïstrakh

Autres références

  • CHOSTAKOVITCH DMITRI (1906-1975)

    • Écrit par
    • 2 766 mots
    • 1 média
    ...patriotique Le Chant des forêts op. 81, dans un langage tonal et mélodique convenu. Son Concerto pour violon no 1 op. 77, composé en 1947 et dédié à David Oïstrakh, attendra jusqu’en 1955 avant d’être créé. Quant au cycle vocal Extraits de la poésie populaire juive op. 79 (1948), il confirme...
  • KAGAN OLEG (1946-1990)

    • Écrit par
    • 732 mots
    ...la classe de violon de Joachim Braun. En 1959, il vient à Moscou, où il entre à l'École centrale de musique comme élève de Boris Kousnetsov et de David Oïstrakh. Rapidement, il devient l'un des disciples préférés de ce dernier, qui retrouve en lui ce sens de la rigueur comme moyen et non comme but de la...