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KAGAN OLEG (1946-1990)

David Oïstrakh considérait Oleg Kagan comme l'un de ses plus fidèles disciples. Avec Viktor Pikaisen et Gidon Kremer, il était l'un des représentants les plus authentiques de la branche d'Odessa de l'école russe de violon. Cette pépinière d'instrumentistes à cordes se range essentiellement sous deux bannières issues respectivement de Saint-Pétersbourg (dont une partie émigrera aux États-Unis avec Jascha Heifetz, Nathan Milstein et Isaac Stern) et d'Odessa. En s'attachant à former plutôt de réelles personnalités musicales que des bêtes à concours, la seconde a certainement engendré un moins grand nombre de noms illustres. Mais leur présence dans le monde international du violon n'aura pas été moins durable.

Une carrière écourtée

Né à Ioujno-Sakhalinsk, centre administratif de l’île de Sakhaline, sur la côte du Pacifique, le 22 novembre 1946, Oleg Moïseievitch Kagan commence en 1953 ses études musicales au Conservatoire letton de Riga (aujourd’hui J̄azepa V̄itola Lavijas M̄uzikas Akad̄emija), où il fréquente notamment la classe de violon de Joachim Braun. En 1959, il vient à Moscou, où il entre à l'École centrale de musique comme élève de Boris Kousnetsov et de David Oïstrakh. Rapidement, il devient l'un des disciples préférés de ce dernier, qui retrouve en lui ce sens de la rigueur comme moyen et non comme but de la démarche interprétative.

En 1964, Oleg Kagan remporte le quatrième prix au concours international Georges-Enesco de Bucarest. L'année suivante, il entre au conservatoire Tchaïkovski de Moscou et remporte le premier prix au concours international Jean-Sibelius de Helsinki. En 1966, il obtient la médaille d'argent au concours Tchaïkovski à Moscou (derrière Viktor Tretiakov) et, en 1968, le premier prix au concours Bach de Leipzig. Sa carrière se développe assez rapidement dans le monde entier mais les médias ne feront jamais de Kagan une vedette, à l'inverse de Gidon Kremer. Il est vrai qu'il avait choisi de rester en U.R.S.S., où il a affronté de fréquentes difficultés pour aller jouer à l'étranger.

Sa rencontre avec Sviatoslav Richter a joué un rôle décisif dans sa carrière : à partir de 1969, ils se produisent régulièrement en sonate, notamment à la Grange de Meslay, en Touraine. Kagan épouse la violoncelliste Natalia Gutman, et leur duo donne naissance à une importante série d'œuvres pour violon et violoncelle dont ils assurent la création : Concerto pour violon et violoncelle d'Anatol Vieru (1980), Sonate pour violon et violoncelle « Freue dich ! » de Sofia Goubaïdoulina (1988), Double Concerto pour violon et violoncelle d'Alfred Schnittke (1982).

Seul, Oleg Kagan crée le Concerto pour violon no 3 (1979) et la Sonate pour violon et orchestre (1984) de Schnittke. En 1989, il fonde une agence de concert indépendante à Moscou, M.M.M. (Musique, miséricorde, paix), destinée à favoriser les débuts de jeunes interprètes soviétiques et à les envoyer à l'étranger. Il avait également fondé un festival à Wildbach Kreuth, au sud de Munich, où il réunissait des amis instrumentistes pour une série de concerts de musique de chambre. Atteint d'un cancer, il a continué à animer ce festival et à y jouer jusqu'à ses derniers jours. Il meurt à Munich le 15 juillet 1990.

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. KAGAN OLEG (1946-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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