Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CROISADES

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

La survie des croisades contre l'Islam

Les croisades survécurent à la chute d'Acre et des dernières places tenues par les Latins en Terre sainte (1291). Les papes ne renoncèrent pas à employer l'indulgence de croisade pour des opérations militaires dirigées contre des envahisseurs menaçant la Chrétienté sur ses frontières (tels les païens des pays baltes au xive siècle, ou Tamerlan, dont l'invasion en 1396 menaçait les chrétiens du Caucase) ; contre des hérétiques tels que les hussites : les expéditions lancées par ceux-ci contre les pays voisins et leur domination sur la Bohême amenèrent les papes et les conciles à diriger cinq croisades contre eux (1421-1435) ; contre les ennemis de l'Église, notamment durant le Grand Schisme d'Occident (dans le royaume de Naples ou, en 1383, dans le comté de Flandres).

Mais c'était surtout en Orient que la croisade restait indispensable. Les chrétiens d'Occident ne renonçaient pas, en dépit de la perte de leurs bases de la côte syro-palestinienne, à récupérer la Terre sainte. De très nombreux projets de croisade furent élaborés à la fin du xiiie et au xive siècle : les plus célèbres sont ceux du roi Charles II de Sicile, du prince arménien Haython, du franciscain Raymond Lull, des dominicains Raymond Étienne et Guillaume Adam, du Vénitien Marco Sanudo Torselli ; plus tard, celui du « viel pèlerin » Philippe de Mézières et, au xve siècle, celui du Vénitien Emmanuel Piloti. Ces projets réunissaient des plans de campagne où intervenaient les Mongols de Perse ou d'autres alliés éventuels, avec des suggestions telles que le blocus de l'Égypte ou la fondation d'un ordre religieux militaire investi de la garde des territoires conquis par les croisés. La croisade exigeait un Occident parfaitement uni : aussi, dans son De recuperatione Terrae sanctae, le Français Pierre Dubois imaginait-il une réforme complète de la société, de l'Église et de la carte politique de l'Europe...

Quant aux papes, ils préparaient un « passage général » en essayant de réconcilier les souverains ennemis pour les associer à l'entreprise commune ; ils prévoyaient et décidaient la levée de décimes. Mais, si l'expédition parut à plusieurs reprises très proche de sa réalisation, seule la croisade menée par le roi de Chypre Pierre Ier, en 1365, aboutit à l'occupation, d'ailleurs éphémère, du port d'Alexandrie. Et encore cette guerre contre le sultan avait-elle commencé pour d'autres raisons que pour la « récupération de la Terre sainte ».

C'est que, dès le début du xive siècle, un danger nouveau menace la Chrétienté, et d'abord les îles qui représentent ce qui reste de l'Orient latin : la piraterie, forme nouvelle de la « guerre sainte » musulmane, menée surtout par les émirats turcs qui s'établissent sur les côtes d'Asie Mineure. Contre eux, l'ordre des Hospitaliers, qui s'installe à Rhodes, se voue à la police des mers ; dès 1333, le pape institue une Sainte Ligue pour lutter contre les Turcs qui font régner l'insécurité en mer Égée.

En 1344, Clément VI renouvelle la Sainte Ligue, dont les participants bénéficient des privilèges des croisés : la prise de la citadelle de Smyrne représente un beau succès, que prolonge la croisade du dauphin Humbert de Savoie (1345). Quelques années plus tard, le légat saint Pierre Thomas emmène de nouveaux croisés contre les nids de pirates turcs, et c'est en luttant contre ceux-ci, non sans succès (prise d'Attalia), que le roi Pierre Ier de Chypre est entraîné à faire la guerre au sultan d'Égypte.

Du côté de l'Afrique du Nord, même politique : en 1390, le duc Louis II de Bourbon conduit une croisade contre Africa (al-Mahdiya), repaire des pirates tunisiens, qu'il ne parvient d'ailleurs pas à enlever.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Jean RICHARD. CROISADES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Croisades, XI<sup>e</sup>-XII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croisades, XIe-XIIe siècle

Saladin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Saladin

Croisades, XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croisades, XIIIe siècle

Autres références

  • ACRE ou AKKA, anc. SAINT-JEAN-D'ACRE

    • Écrit par
    • 336 mots

    Ville et port de Palestine, qui apparaît dans l'Ancien Testament sous le nom de ‘Acco et au temps des Ptolémées d'Égypte sous celui de Ptolemaïs, époque où elle connut une certaine prospérité. Conquise par les Arabes en 636, elle fut reconstruite peu après et son port réaménagé à la fin du ...

  • ADHÉMAR DE MONTEIL (mort en 1098)

    • Écrit par
    • 130 mots

    Clerc d'origine noble, évêque du Puy (1087), pèlerin de Terre sainte, Adhémar de Monteil joua un rôle essentiel dans la préparation de la première croisade, grâce à la connaissance qu'il avait de la situation en Orient. Le pape Urbain II le nomma légat et lui confia la direction de l'entreprise, lui...

  • ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)

    • Écrit par
    • 4 152 mots
    • 2 médias

    Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xiie siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' ...

  • ALIÉNOR D'AQUITAINE (1122 env.-1204)

    • Écrit par
    • 506 mots

    Fille de Guillaume X, duc d'Aquitaine. Duchesse à la mort de son père (1137), elle fut mariée dès son avènement au prince Louis, qui montait, deux semaines plus tard, sur le trône de France sous le nom de Louis VII. Le duché demeura cependant distinct du domaine royal. L'union était mal...

  • Afficher les 72 références