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CROISADES

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L'organisation des croisades

La prédication

La décision prise par le pape d'organiser une expédition se traduisait par la promulgation d'une bulle de croisade, faisant connaître à la Chrétienté dans son ensemble (ou parfois à certaines contrées seulement) les raisons qui rendaient l'expédition nécessaire, l'octroi des privilèges temporels et spirituels concédés aux croisés, et fixant souvent la date du départ. Les constitutions promulguées par le quatrième concile du Latran et le second concile de Lyon prennent même l'allure d'un véritable code de la croisade, entrant dans le plus infime détail.

Le pape désignait également ceux qui étaient chargés de la prédication : on connaît mal les conditions dans lesquelles cette désignation intervint lors des deux premières croisades, mais on sait que saint Bernard reçut une mission du pape Eugène III et chargea plusieurs cisterciens de prêcher la croisade en 1147 ; un prédicateur qui s'était attribué lui-même cette fonction et qui excitait les foules contre les juifs fut désavoué par lui. Par la suite, ce sont les légats chargés d'organiser la croisade dans une région donnée qui investissent les prédicateurs de leurs fonctions. Des recueils de sermons existent, qui permettent de connaître les thèmes auxquels recourait la prédication, tel le Tractatus de praedicatione sanctae Crucis d'Humbert de Romans. D'autre part les trouvères et les Minnesänger reprenaient les thèmes de la prédication en les adaptant aux auditoires qu'ils touchaient.

Le pape désignait aussi les légats qui accompagnaient l'armée ; ceux-ci ont parfois joué un rôle dans la direction des opérations (tel Adhémar de Monteil, en 1096-1098, et Pélage en 1218-1221). Mais leurs fonctions étaient essentiellement de caractère spirituel. La direction de la croisade était laissée à ceux des grands barons ou des chefs d'État qui avaient pris la croix. Peu à peu, toutefois, on s'orienta vers la désignation d'un chef de guerre : les historiens s'interrogent sur le rôle qui avait été réservé par Urbain II à Raymond de Saint-Gilles ; Boniface de Montferrat fut choisi comme chef de la quatrième croisade ; la désignation d'un capitaneus devient la règle à la fin du xiiie siècle. Mais le commandement, lorsque plusieurs personnages de rang équivalent participent à l'expédition, est assuré par un conseil où siègent les grands barons. Et chacun d'eux commande le contingent constitué par ses vassaux et par ceux qui se sont placés sous sa direction – et souvent mis à sa solde – pour la durée de l'entreprise.

En dehors de ces contingents de combattants figurent les pèlerins qui se joignent à l'armée, souvent sans porter les armes : ces personnages vivent de la charité des autres et représentent un élément turbulent, peu accessible à la discipline que les princes cherchent à faire régner ; mais ils exercent une certaine pression sur les chefs de l'armée du fait qu'ils sont les « pauvres » et les « pénitents » par excellence. Ainsi obligèrent-ils les barons de la première croisade à reprendre la route de Jérusalem quand ils s'attardaient en Syrie du Nord.

L'évolution de la stratégie

De plus en plus les croisés cessèrent de suivre la route de terre – longue, pénible et périlleuse du fait de la traversée de l'Asie Mineure et des difficultés du ravitaillement – pour adopter la voie maritime. L'équipement d'une flotte de transport devint alors l'un de leurs principaux soucis : Philippe Auguste demanda des navires à Gênes ; le marquis de Montferrat, pour la quatrième croisade, à Venise ; Saint Louis fit construire des navires pour la huitième croisade ; Innocent III fit appel, en 1215, aux armateurs de villes italiennes. Des navires spéciaux (huissiers) transportaient[...]

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Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Jean RICHARD. CROISADES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Croisades, XI<sup>e</sup>-XII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croisades, XIe-XIIe siècle

Saladin - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Saladin

Croisades, XIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croisades, XIIIe siècle

Autres références

  • ACRE ou AKKA, anc. SAINT-JEAN-D'ACRE

    • Écrit par
    • 336 mots

    Ville et port de Palestine, qui apparaît dans l'Ancien Testament sous le nom de ‘Acco et au temps des Ptolémées d'Égypte sous celui de Ptolemaïs, époque où elle connut une certaine prospérité. Conquise par les Arabes en 636, elle fut reconstruite peu après et son port réaménagé à la fin du ...

  • ADHÉMAR DE MONTEIL (mort en 1098)

    • Écrit par
    • 130 mots

    Clerc d'origine noble, évêque du Puy (1087), pèlerin de Terre sainte, Adhémar de Monteil joua un rôle essentiel dans la préparation de la première croisade, grâce à la connaissance qu'il avait de la situation en Orient. Le pape Urbain II le nomma légat et lui confia la direction de l'entreprise, lui...

  • ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)

    • Écrit par
    • 4 152 mots
    • 2 médias

    Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xiie siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' ...

  • ALIÉNOR D'AQUITAINE (1122 env.-1204)

    • Écrit par
    • 506 mots

    Fille de Guillaume X, duc d'Aquitaine. Duchesse à la mort de son père (1137), elle fut mariée dès son avènement au prince Louis, qui montait, deux semaines plus tard, sur le trône de France sous le nom de Louis VII. Le duché demeura cependant distinct du domaine royal. L'union était mal...

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